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C'est dans ma tête. La crise sanitaire a aggravé les addictions des Français

Une étude menée par Addictions-France et BVA santé montre une augmentation importante des addictions aux écrans, à l’alcool, au tabac, ou au cannabis depuis le début de la pandémie.

Article rédigé par franceinfo, Claude Halmos
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Une augmentation importante des addictions notamment à l’alcool, au tabac, ou au cannabis a été constatée depuis le début de la crise sanitaire.  (ADI WEDA / EPA)

La crise sanitaire a aggravé les problèmes psychologiques des Français. Dans plusieurs départements, les demandes de suivi psychologique sont en nette augmentation. Mais cette crise semble avoir eu aussi une influence particulièrement négative sur les problèmes d’addiction qui ont beaucoup augmenté ces derniers mois. Les précisions de la psychanalyste Claude Halmos.

Quelle définition peut-on donner d’une addiction ?

Une étude menée par Addictions-France et BVA santé montre effectivement une augmentation importante des dépendances (aux écrans, à l’alcool, au tabac, ou au cannabis), pendant la crise sanitaire. Et il faut en revenir, pour le comprendre, à ce qu’est une addiction.

Une personne devient dépendante d’une pratique, ou d’un produit quand ils lui donnent l’impression de pouvoir traverser, avec moins de souffrances, des états qui seraient, sans eux, trop angoissants.

Pourquoi certaines personnes sont plus dépendantes que d’autres ?

C’est particulier à chaque personne, et consciemment elles n’en ont aucune idée. Elles savent seulement qu’elles ne peuvent pas s’en passer. Et souvent d’ailleurs elles s’en sentent dévalorisées, parce qu’elles vivent cette dépendance comme une faiblesse, qu’elles attribuent à leur caractère ; voire à un vice, comme le leur renvoie souvent l’extérieur.


Or il ne s’agit pas de cela. Il peut y avoir une utilisation de l’addiction pour échapper à la réalité et à ses obligations. Mais il s’agit toujours, au départ, chez toutes ces personnes, d’une histoire personnelle qui les a fragilisées (et il faut comprendre comment). Et surtout qui ne leur a pas appris à s’appuyer sur elles-mêmes pour traverser les moments difficiles.

Et cela montre d’ailleurs à quel point il est important d’apprendre aux enfants, dès le plus jeune âge, à parler de leurs angoisses et de leurs chagrins ; au lieu de se contenter de les consoler avec un objet : un bonbon par exemple, ou une tétine.

Les confinements successifs ont été particulièrement durs à vivre. Quels effets psychologiques ont-ils produit ?

Oui, la crise sanitaire a été une épreuve psychologique très lourde, et on n’en a pas suffisamment averti les Français. Ils ont tous été confrontés à une surcharge d’angoisses par rapport aussi bien à leur santé et à celle de leurs proches, que par rapport à leur situation économique. Les confinements, en bouleversant leur quotidien, les ont privés de beaucoup de leurs points d’appui habituels et les ont fait vivre dans un isolement très anxiogène.

Tout le monde a donc eu du mal à tenir debout. Et plus encore bien sûr les personnes qui étaient déjà fragilisés. Celles dont les addictions se sont le plus aggravées sont celles qui avaient déjà consulté pour ce problème (leurs consommations se sont accrues avec leurs angoisses).Et celles dont la crise sanitaire a détérioré la situation matérielle.

Ce qui prouve, une fois de plus, la gravité (toujours sous estimée, elle aussi) des conséquences psychologiques qu’engendrent les problèmes économiques et sociaux. Et on peut souhaiter que cette crise sanitaire aide à en prendre enfin conscience.

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