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C'est dans ma tête. Élèves violents : faut-il punir leurs parents ?

La psychanalyste Claude Halmos revient aujourd'hui sur la question de la responsabilité des parents en matière de violence à l'école chez les jeunes. 

Article rédigé par franceinfo, Claude Halmos
Radio France
Publié Mis à jour
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Illustration sur la rentrée scolaire de collégiens, en 2010. (FRÉDÉRIC DUGIT / MAXPPP)

La violence en milieu scolaire est, on le sait, un problème aussi récurrent que préoccupant. La question de la responsabilité des parents est régulièrement posée. Et la possibilité vient d’être à nouveau évoquée de supprimer les allocations familiales aux familles des enfants violents. La psychanalyste Claude Halmos revient samedi 19 janvier sur cette question de la responsabilité des parents en matière de violence à l'école chez les jeunes. 

franceinfo : Pensez-vous qu’une mesure de ce type puisse être efficace ?  

Claude Halmos : Je pense qu’elle ne peut pas l’être, et qu’elle peut même avoir des effets négatifs, parce qu’elle est une fausse réponse à une vraie question. Je m'explique.Le rôle que jouent les parents dans les difficultés de leurs enfants, est une vraie question, parce que l’origine de la violence d’un enfant n’est pas génétique. Elle dépend toujours de la façon dont il s’est construit, qui elle-même dépend des adultes qui l’ont entouré.

Un enfant ne vient pas au monde, civilisé, et son fonctionnement - normal - quand il est petit, est même à mille lieues de la vie civilisée, puisqu’il est dominé par ses pulsions, son désir de toute puissance, et la recherche de son seul plaisir.

Il a donc besoin que des adultes l’éduquent. C’es-à-dire lui apprennent, en lui expliquant pourquoi, et en lui donnant l’exemple de le faire eux-mêmes, à respecter les autres, leurs biens, et les lois. Et à régler ses différends de façon humaine, c’est à dire par la parole, et non par les coups.

Il y a donc bien une responsabilité des parents ?

Bien sûr. Parce que les parents qui n’éduquent pas leurs enfants, les condamnent à rester dans leur violence, et leur toute-puissance infantiles. Qui de plus, au fil du temps, s’aggravent, parce qu’ils découvrent en grandissant la jouissance qu’il peut y avoir, à agir comme ils le font.

Or, on le sait, beaucoup de parents n’éduquent pas leurs enfants. Soit parce que, ayant dû, enfants, se débrouiller seuls, ils pensent que ce n’est pas nécessaire. Soit parce qu’ils ne savent pas comment faire. Et puis il existe aussi des parents qui, à cause là encore de ce qu’ils ont eux-mêmes vécu, encouragent leurs enfants à la délinquance et à la violence.

Pourquoi, alors, ne pas les sanctionner ?        

Une sanction peut être utile. Mais à condition qu’elle s’inscrive dans un processus de prise en charge. Si on a essayé de comprendre les difficultés qu’ont les parents à éduquer, si on les a vraiment accompagnés, pour les aider à y arriver, et que rien ne change, on peut les sanctionner.

Pour leur signifier, et surtout signifier à leurs enfants que, dans une société civilisée, les parents, comme tous les citoyens, n’ont pas seulement des droits, mais aussi des devoirs. Mais, à l’heure actuelle, les prises en charge de ce genre sont notoirement insuffisantes, du fait du manque de personnels, dû à l’absence de crédits ; et du fait de l’idéologie ambiante, qui continue à considérer les parents comme les propriétaires de leurs enfants.

Dans un tel contexte, la suppression des allocations ne pourrait donc être, pour les parents comme pour les enfants, qu’incompréhensible, et ressentie comme une violence. Qui ne pourrait qu’accroître encore leur violence.                              

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