C'est dans ma tête. Des vacances plus indispensables que jamais
Ce mois de juillet qui commence marque le début des vacances pour beaucoup d'entre nous. Des vacances particulières car de nombreuses familles, avec la pandémie et le confinement, ne pourront pas, cet été, partir là où elles l'avaient prévu.
Des vacances particulières commencent donc en ce premier weekend de juillet. La pandémie et le confinement ont bouleversé les projets de nombreuses familles qui ne pourront pas, cette année, partir où elles le souhaitaient. Et qui souvent même, ne pourront pas partir du tout. Avec la psychanalyste Claude Halmos, nous revenons aujourd'hui sur cette question.
franceinfo : Est-ce que, dans une période comme celle que nous venons de vivre, les vacances ont une importance particulière, et en quoi ?
Claude Halmos : Le mot "vacances" vient, on le sait, d’un verbe latin qui signifie être vide. Or pouvoir faire, un temps, le vide dans sa tête serait aujourd’hui, étant donné ce que nous venons tous de vivre, essentiel.
Vous pouvez nous en dire plus ?
Nous sommes, tous, psychologiquement, en situation de "trop plein". Nous avons accumulé, pendant le confinement, un trop plein d’angoisses, que nous avons fait en sorte, pour pouvoir tenir, de mettre à distance, mais qui se manifestent aujourd’hui.
Ensuite, il y a eu le déconfinement, qui n’a pas été la sortie du tunnel dont nous rêvions, parce que le virus est toujours là, et avec lui, l’inquiétude, l’incertitude, la difficulté à reprendre une vie un peu plus normale. Auxquelles s’ajoutent, pour de plus en plus de gens, des craintes pour leur avenir économique. Tout cela est très lourd, et beaucoup se sentent, et se disent, à juste titre, accablés.
Vous pensez que des vacances pourraient suffire à ce qu’ils aillent mieux ?
Les vacances ne sont pas un remède miracle, mais l’angoisse pèse sur le psychisme comme un sac trop lourd. Et poser un moment un sac trop lourd permet, surtout quand on sait qu’on va devoir le porter longtemps, de reprendre des forces.
Les vacances, peuvent servir à cela. Elles n’effacent ni les problèmes, ni la conscience que l’on en a, mais se retrouver dans un autre lieu, avec d’autres gens, dans un autre contexte, donne la possibilité de les ressentir autrement. En fait, les vacances ont une fonction semblable à celle de la case vide qui permet, dans certains jeux, de faire que le reste, qui était immobilisé, puisse à nouveau bouger.
Et si on ne peut pas partir ?
C’est le cas de beaucoup de gens, et ce n’est pas nouveau, parce que, dans notre société, pouvoir partir en vacances a toujours été un privilège. Si l’on ne peut pas partir, il faudrait arriver à faire, dans sa tête, la rupture que l’on ne peut pas faire dans la réalité. Permettre à son corps de bouger différemment ; faire en sorte de découvrir des choses différentes, des plaisirs différents, des lieux différents.
Il y a toujours, près de chez soi, des endroits dont on ignore l’existence ; et ils font le bonheur des enfants, qui adorent les découvertes. Et, comme se fabriquer ce genre de programme demande de l’énergie, et qu’il est difficile d’en trouver, quand on est épuisé, il peut être utile de l’organiser à plusieurs, pour se donner mutuellement les impulsions dont on a besoin. Mettre ses faiblesses en commun a toujours été un bon moyen de les transformer en forces.
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