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Au Japon, l'influenceur devenu sénateur sèche toutes les séances et agace ses confrères

Les sénateurs japonais aimeraient expulser l'un des leurs. Ils sont très remontés contre ce confrère absentéiste, qui n'a jamais siégé depuis son élection, l'an dernier.
Article rédigé par franceinfo, Yann Rousseau
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le youtubeur Gaasy (sur l'écran d'ordinateur) en train de célébrer son élection (MAXPPP)

Peut-on expulser un parlementaire qui ne vient jamais travailler à l’Assemblée nationale ou au Sénat ? C’est la question que se posent en ce moment les sénateurs japonais. Les élus sont très remontés contre l’un des leurs : un conseiller qui n’est jamais venu à Tokyo, ni même au Japon depuis son élection l’an dernier. Ils ne savent plus comment le convaincre de venir faire son travail et ils sont décidés à frapper fort.

L'absentéisme des représentants du peuple, qui pose problème dans nombre de démocraties, est un phénomène très rare au Japon. Les parlementaires y sont plutôt assidus, alors depuis quelques mois, un sénateur pour le moins original agace tous ses collègues. Il s’agit d’un Youtubeur qui est connu dans le pays sous le nom de Gaasyy. Mais son vrai nom est Yoshikazu Higashitani. Il a 50 ans, ce n’est pas un politicien professionnel. Il anime une chaîne de ragots un peu trash où il promet de révéler les secrets des puissants du pays. Que ce soient des hommes politiques ou des grands patrons.

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Élu sans faire campagne 

Il a été élu sans faire campagne puisqu’il a gagné son siège de sénateur dans un scrutin à la proportionnelle sur une liste qui était conduite l’an dernier par un parti un peu étrange, qui s’appelle le Parti contre NHK, c’est un parti engagé contre la redevance télé et contre la télévision publique.Gaasyy a emporté un siège de sénateur, car son nom était bien placé sur la liste de cette formation populiste. Mais il était à Dubaï au moment de l’élection. Et contrairement à ce qu’il avait promis, il n’est jamais rentré au Japon. Et il n’a donc jamais assisté à la moindre session du Sénat.

Depuis l'an dernier, les sénateurs tentent donc de le sanctionner : courriers recommandés, sanctions disciplinaires, et même potentielles retenues sur salaire. Car s’il ne travaille pas, le sénateur fantôme est toujours payé. Il a même gagné 125 000 euros d'indemnité parlementaire depuis son élection. Mais malgré ces menaces, Gaasyy ne bouge pas. 

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Affaire d'escroquerie 

Son parti dit qu’il a en fait peur d’être arrêté au Japon pour ses vidéos. La police veut effectivement l’entendre dans une affaire d’escroquerie où il avait fait croire à des fans qu’il allait pouvoir leur faire rencontrer des membres du groupe de K-Pop BTS. Mais en théorie, il ne peut pas être emprisonné puisqu’il bénéficie d’une forme d’immunité le temps de son mandat.

En attendant, les autres parlementaires perdent patience. Et ils ont donc décidé de voter, dans les prochains jours, son expulsion. C’est la première fois que ça arrive au Japon depuis 1951. C’est une sanction assez dure : très peu de démocraties peuvent reprendre un siège parlementaire pour absentéisme. Par exemple en France, dans ces cas-là, les parlementaires trop souvent absents sont sanctionnés financièrement. 

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