Cet article date de plus d'un an.

Inflation : au Japon, le gouvernement met en place la "stratégie de la honte" pour faire grimper les salaires

Au Japon, l'inflation atteint les 4%. C'est un véritable traumatisme pour les Japonais qui n'ont pas connu ça depuis plus de 40 ans. Le gouvernement tente d'inciter les entreprises à augmenter les salaires.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
L'inflation japonais atteint les 4%. (photo d'illustration) (RICHARD A. BROOKS / AFP)

À chaque intervention à la télé, le Premier ministre japonais Fumio Kishida implore les entreprises d’augmenter les salaires de leurs employés. Et pour cause : si le Japon a vécu pendant des années soit en déflation, c’est-à-dire que les prix baissaient, soit avec une inflation proche de zéro, aujourd'hui, l'inflation atteint les 4 %. 

>> REPORTAGE. Au Japon, le masque anti-Covid devient une "culotte de visage"

Depuis un an, la conjoncture a changé et les prix augmentent beaucoup, notamment sur tous les produits que le Japon doit importer, puisque la monnaie japonaise, le yen, a perdu beaucoup de sa valeur. Les prix grimpent, mais les salaires, eux, ne bougent toujours pas et le pouvoir d’achat des familles ne cesse de reculer. Le gouvernement cherche maintenant à forcer les entreprises à faire un geste. Mais cela reste compliqué.

De ce fait, l’exécutif montre les muscles et menace maintenant les grands groupes d'appliquer la "stratégie de la honte", une tactique de la délation pour, en quelque sorte, leur faire honte et nuire à leur réputation.

Des enquêtes secteur par secteur du ministère de l'Industrie

D'après le ministère de l’Économie les sociétés les moins généreuses en hausses de salaires sont souvent les PME. Et particulièrement les sous-traitants qui fournissent les grandes multinationales du pays. Ces grands groupes ont les moyens de pression sur leurs fournisseurs et ils refusent souvent les hausses de prix demandées par les PME. 

Les PME sont donc piégées. Elles encaissent la hausse du prix des matières premières ou des produits importés, mais elles ne peuvent pas les répercuter sur le prix de leurs composants. C’est impossible pour elles d’augmenter les salaires de leurs équipes. Le ministère de l’Industrie vient donc de lancer des enquêtes, secteur par secteur, avec des questionnaires anonymes que remplissent les PME. 

Les sous-traitants disent, chaque mois, qui sont les multinationales qui se sont montrées compréhensives et ont accepté des hausses de prix. Mais ils donnent aussi les noms des groupes les plus radins qui refusent de tenir compte de la conjoncture. Le ministère publie ensuite en ligne le résultat de ces enquêtes anonymes pour montrer du doigt tous les mauvais joueurs.

Cette "stratégie de la honte" inefficace en 2014

Reste que sur ce dossier des salaires, le gouvernement semble un peu à court d’idées. L'exécutif nippon a en effet déjà essayé, sans grand succès, la pression politique ou les rabais fiscaux pour les groupes généreux. Sans résultat. Alors, il tente maintenant cette "stratégie de la honte"... qu'elle avait déjà été tentée en 2014, sans véritable impact. 

On connaîtra les résultats de ces différentes initiatives début avril après les grandes négociations salariales annuelles. Pour l’instant, les économistes estiment que les hausses de salaire seront, en moyenne, dans le pays, très inférieures à l’inflation.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.