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Le Brésil de Marcello Quintanilha et les Vosges de Gaétan Nocq

Le dessinateur brésilien Marcello Quintanilha poursuit l'exploration de son pays natal avec une BD particulièrement bruyante. De son côté, à l'affût dans les Vosges, le français Gaétan Nocq nous invite au silence.

Article rédigé par franceinfo, Jean-Christophe Ogier
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des BD à écouter.  (MARCELLO QUINTANILHA, CA ET LA / GAETAN NOCQ, DANIEL MAGHEN)

Direction le Brésil pour découvrir l'un des personnages féminins les plus attachants que la bande dessinée nous ait donné : Marcia, mère courage des favelas et héroïne du nouveau roman graphique de Marcello Quintanilha .

Une BD qui donne envie de se boucher les oreilles

Pas à cause de cette rengaine romantique que l’un des protagonistes de l’histoire fredonne dans les premières pages du livre, mais parce que pour couvrir la tristesse, la rancœur, la colère, et malgré l’amour qui déborde de chaque case, ici tout le monde crie. Elles sont rares, les bandes dessinées qui hurlent à ce point.

Il faut dire que dans sa favela de Rio de Janeiro, entre son compagnon, gentil mais dépassé par les événements, et son travail harassant d’infirmière à l’hôpital, les fins de mois difficiles et les menaces des gangs du quartier, Marcia a bien du mal à faire entendre raison à sa fille unique. Laquelle fréquente voyous et trafiquants. Forcément, ça tourne mal. Mère courage, soignante dévouée, amie fidèle, la pauvre Marcia s’accroche.

Album après album, variant les styles et les récits, Marcello Quintanilha n’en finit pas de raconter le Brésil, son pays. Le dessinateur a pourtant choisi de s’installer à Barcelone, il y a vingt ans. L’exil, même consenti, aiguise la nostalgie. Écoute, Jolie Marcia est une BD en jaune fluo et vert prairie, en rouge, en rose, en bleu, en violet. Cette palette improbable maquille une réalité bien difficile à vivre.

Écoute, Jolie Marcia, aux éditions çà et là.

Dans le silence ouaté des Vosges

Changement de décor pour l’une des BD les plus silencieuses du moment. Elle ne manque pas de dialogues, mais tout ici nous invite à écouter la nature. Tendez bien l’oreille ! L’air est pur, vous entendez le cri d’un oiseau, le frôlement d’une martre, le battement d’aile d’un papillon, et surtout, au fond des bois, à la saison des amours, le brame du cerf. Quel dommage, le chasseur rôde !

C’est en entendant l’écrivaine Claudie Hunzinger parler à la radio de son livre Les Grands Cerfs (éd. Grasset) que Gaétan Nocq a éprouvé le besoin de se rendre à son tour dans les forêts vosgiennes. Pour y rencontrer l’autrice et s’enfoncer dans son territoire. Capable de capter l’éphémère et les ambiances délicates, le dessinateur brosse, dans des tons bleutés, les froids paysages et les animaux furtifs. Il transforme sa quête d’absolu en un thriller attristé.

Les Grands Cerfs, aux éditions Daniel Maghen.

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