La SF ne rigole plus du tout

Avec le roman "La Route" adapté par Manu Larcenet, "Arca" des Américains Van Jensen et Jesse Lonergan, "Vertigéo" d'Amaury Bündgen, Lloyd Chéry et Emmanuel Delporte, dans le genre science-fiction, la veine dystopique a le vent en poupe.
Article rédigé par Jean-Christophe Ogier
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Plus dure sera la chute ! (JESSE LONERGAN, 404 GRAPHIC / MANU LARCENET, DARGAUD / AMAURY BÜNDGEN, CASTERMAN)

Cette façon déprimée d’envisager l’avenir ne date pas d’hier. Nous n’avons plus besoin d’avoir peur des Martiens pour jouer à la guerre des mondes ; ni de craindre une déflagration atomique – toujours possible, mais moins angoissante qu’à l’époque de la guerre froide. Nous avons compris que pour nous détruire, il suffit de continuer ainsi sans rien changer à nos modes de vie. C’est peut-être pourquoi les BD qui annoncent les lendemains qui déchantent ne manquent pas.

Demain, la nouvelle société totalitaire

Arca ou La nouvelle Eden fonctionne sur le principe du lieu clos. On pense à un vaisseau spatial, une arche de Noé dans laquelle une nouvelle société s’est organisée avec quelques survivants. Évidemment, il y a des castes, des hiérarchies : une vraie fourmilière, avec ses ouvriers et ses cadres. Et, bien sûr, une héroïne, trop curieuse, qui s'instruit en cachette car, on le sait bien, l’éducation est un poison pour les dictatures. Le twist final assez classique n’enlève rien à la réflexion que suscite ce comics américain, malgré tout assez européen dans sa mise en scène.

Arca, signé Van Jensen et Jesse Lonergan, chez 404 Graphic.

Toujours plus haut, mais pourquoi ? 

Vertigéo est aussi une histoire postapocalyptique. Sur Terre, le soleil ne brille plus et il faut construire toujours plus haut pour tenter de percer les nuages de cendres. Là encore, la société a dû se réorganiser avec ses charpentiers, ses météorologues, ses sismologues, ses ménestrels, ses forgerons, une police (impitoyable) et un grand chambellan.

Vertigéo, de la SF française, signée Amaury Bündgen au dessin et Lloyd Chéry au scénario, d’après une nouvelle d’Emmanuel Delporte, aux éditions Casterman.

Au sommet des ventes

On ne peut pas parler de dystopie sans citer l’adaptation du roman La route de Cormac McCarthy par Manu Larcenet. Une réussite que ce travail en dégradés de gris et à l’atmosphère encore plus noire que l’original. Le public suit. Deux mois après sa sortie, la BD est en tête des ventes.

La Route, Manu Larcenet, aux éditions Dargaud. 

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