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Dans la Turquie d'Erdogan

L'auteur de BD Ersin Karabulut se met en scène pour raconter sa vie et son pays, la Turquie. Son "Journal inquiet d'Istanbul" dit parfaitement les contradictions d'une société éclatée. 

Article rédigé par Jean-Christophe Ogier
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
PAS UN HEROS, MAIS UN VRAI PERSONNAGE DE BD (ERSIN KARABULUT, DARGAUD)

Nous avions découvert Ersin Karabulut il y a quelques années, avec ses Contes ordinaires d'une société résignée. Influencé par l’école franco-belge dans sa manière de dessiner, il y racontait la Turquie contemporaine et ses contradictions. C’est toujours le cas avec le premier volume de son Journal inquiet d’Istanbul.

Dans la tête d'un personnage de BD

Ersin Karabulut s’y met effectivement en scène. On le découvre enfant passionné de BD dans une famille laïque, puis ado angoissé à l’idée de poursuivre des études d’ingénieur. Il ne pense qu’au dessin, veut en faire son métier, frappe à la porte de toutes les revues satiriques… et ça finit par marcher.

Au point qu’il dirige lui-même depuis 15 ans une de ces revues en vogue dans la jeunesse universitaire, mais mal vue d’un pouvoir qui ne prise pas l’humour et la moquerie. Elle a pour nom Uykusuz, "celui qui ne dort pas", "l’insomniaque".

Un regard sur la Turquie d'aujourd'hui

Mieux peut-être que ne le ferait un essai géopolitique, en mêlant l’intime aux fractures d’une société extrêmement clivée, éclatée, notamment entre fondamentalistes musulmans et défenseurs d’une population qui regarde vers l’Occident, ce journal en bande dessinée nous fait appréhender concrètement cette réalité. Nous ressentons ce que l’auteur éprouve, interpellé jusque devant chez lui par des barbus qui ne plaisantent pas, harcelé au téléphone, mis en garde par ses parents. A 41 ans, Ersin Karabulut n’a rien d’un héros, mais tout de même… 

"Les héros de BD de mon enfance luttaient dans la société qui était la leur. Astérix lutte contre César. Je fais de même dans ces pages."

L'auteur, Ersin Karabulut

à franceinfo

Ersin Karabulut dit encore que "La Turquie est un corps social dont la tête bouillonne".

Journal inquiet d’Istanbul est publié aux éditions Dargaud.

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