BD bande dessinée. Jonas Fink, suite et fin
24 ans après avoir bouclé les trois premiers volumes de la saga Jonas Fink, Vittorio Giardino termine l'histoire qui, dans les années 1990, fit les belles heures du magazine (A SUIVRE).
Jonas Fink, suite enfin!
C’est à la chute du mur de Berlin que l’italien Vittorio Giardino entreprit de dessiner Jonas Fink. En 1989, une page d’histoire se tournait. Devenu auteur de BD à succès, Giardino dit avoir ressenti à ce moment-là comme une urgence à raconter ce qu’il avait connu bien des années auparavant quand il était encore un jeune ingénieur amené à travailler de l’autre côté du rideau de fer.
Au début de l’histoire, nous sommes dans les années 1950. Jonas Fink, enfant, vit à Prague. C’est-à-dire en Tchécoslovaquie, comme on disait alors. Un pays de l’Est, dans l’orbite de l’Union soviétique. Un père intellectuel, une famille juive : dans le régime communiste de l’époque, il n’en fallait pas plus pour être catalogué "ennemi du peuple". Jonas Fink va grandir dans l’absence du père, envoyé en camp, et en marge des autres enfants.
Trois albums paraîtront. Mais l’histoire s’arrête alors que le garçon, adolescent, est plus désemparé que jamais. Surprise! Vingt-quatre ans plus tard, Vittorio Giardino a repris ses pinceaux pour boucler son récit.
Je suis revenu payer une dette que j’avais envers mes personnages. Ils m’ont attendu, j’en suis heureux.
Vittorio Giardino
Une mémoire désenchantée
Quand nous le retrouvons, Jonas Fink a donc 29 ans. En 1968, Prague vit son printemps, une parenthèse enchantée, réprimée dès l’été par l’intervention des troupes du Pacte de Varsovie qui mettent fin au rêve d’un socialisme à visage humain.
Pour nous aussi, le temps s'est envolé. Ce n’est pas la moindre des qualités de ce chef d’œuvre de la ligne claire que de nous replonger dans un passé qui semble bien lointain. En renouant avec son jeune héros, Vittorio Giardino nous invite à un devoir de mémoire et nous offre une tranche de vie inoubliable.
Jonas Fink, l’Intégrale, en deux volumes : Ennemi du peuple et Le libraire de Prague, un récit fleuve de 340 pages aux éditions Casterman.
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