Au nom du père et du peuple khmer
Le 17 avril 1975, les Khmers rouges entraient dans Phnom Penh, la capitale du Cambodge. Près d’un demi-siècle plus tard, le dessinateur Séra tente toujours de refermer ses plaies.
Un père et un peuple sacrifiés
Au nom d’une idéologie communiste d’inspiration maoïste, les troupes de Pol Pot allaient diriger le pays d’une main de fer, vider les villes, imposer la terreur, et éliminer tous ceux qui, selon eux, s’opposaient ou ne correspondaient pas à leur projet de société. Bilan : au moins 2 millions de morts, sur une population estimée à l’époque à 6 ou 7 millions d’habitants. Le père de Séra fut l’un de ces sacrifiés sur l’autel de cette utopie mortifère.
Séra avait 13 ans en 1975, quand il a quitté le pays avec sa mère française et ses frères et sœur. Devenu auteur de bandes dessinées, peintre, sculpteur, et veilleur de nuit dans un grand hôtel parisien, il a mené tout au long de ces décennies un travail intense et rigoureux, sur l’histoire et la mémoire khmères.
Nous l’avions découvert au milieu des années 1990, avec Impasse et rouge. Il y eut ensuite L’eau et la terre, puis Lendemains de cendres, Concombres amers, et enfin, au printemps 2023, L’âme au bord des cheveux. "Avoir l’âme au bord des cheveux" est une expression cambodgienne pour dire, excusez du peu, "péter de trouille".
"Je ne cesse de me demander s’il n’y a pas encore des aspects de l’histoire ou de mon histoire qu’il faudrait encore partager. Je suis toujours tourmenté par ce passé."
Séraà franceinfo
Dans les pages de Séra, les personnages passent comme des fantômes. Les détails des lieux, les objets, les armes, les paysages sont au contraire très précis, comme surgis, intacts, de sa mémoire. Les documents, les dépêches d’agence, les plans des villes, sont reproduits avec exactitude.
Dernier volume paru : L’âme au bord des cheveux, aux éditions Delcourt.
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