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"Jour encore, nuit à nouveau" de Tristan Saule

Ce nouveau roman de Tristan Saule est le troisième d'une série intitulée "Chroniques de la place carrée". "Jour encore, nuit à nouveau" est un polar social qui parle de la lassitude et de la paranoïa qui ont envahi beaucoup de quartiers populaires pendant la crise du Covid.
Article rédigé par Gilbert Chevalier
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
La sélection de livres de poche sortis cet automne par Gilbert Chevalier. (DANIEL GRIZELJ / DIGITAL VISION / GETTY IMAGES)

Jour encore, nuit à nouveau de Tristan Saule, publié aux éditions du Quartanier est donc le troisième roman d'une série intitulée Chroniques de la place carrée. Héroïne vient tout juste de ressortir en poche chez Folio. Il y avait eu avant, Mathilde ne dit rien, également en poche chez Folio.

Ces chroniques sont des romans noirs, des romans sociaux aux intrigues indépendantes, mais avec quelques personnages récurrents qui se côtoient ou se croisent. Mais il y a surtout cette place. On imagine une petite ville de Bourgogne, ou du centre de la France, un quartier nouveau fait de barres d'immeubles sans charme, quartier populaire avec ses habitants et leurs problèmes ou leurs conflits.

Tristan Saule revendique des romans enracinés dans le réel, voire des romans engagés. Matilde ne dit rien suivait une assistante sociale très investie, trop investie dans son métier, au point de devenir redresseur de torts. Héroïne, la deuxième chronique de la place, nous parlait de trafic de drogue.

Un huis clos, solitaire, halluciné


Jour encore, nuit à nouveau nous parle en gros de la lassitude, de la paranoïa qui ont envahi pendant la crise du Covid beaucoup de ces quartiers populaires. Et on plonge dans la psyché de Loïc, jeune amateur de théâtre et écrivain. Cloîtré dans son appartement, il scrute la place, à travers la lunette de son arme, une carabine 22 long rifle offerte par son père chasseur.

Alors, c'est inquiétant, évidemment. Au déconfinement, Loïc a peur du virus, du vaccin, des autres. Un an plus tard, il n'est toujours pas sorti de son appartement, et semble s'enfoncer chaque jour un peu plus dans sa paranoïa. Il abandonne son travail, son voisinage lui paraît hostile. Les visites de sa sœur sont les seuls liens avec l'extérieur, reclus dans le silence et sa lente descente vers le pire.

Ce roman voisine avec le genre thriller psychologique. Voilà pour cette dernière cuvée des Chroniques de la place carré. Ces chroniques épousent tous les codes du polar social : vision critique de la société, gros plans sur des populations généralement ignorées, le tout avec une finesse propre à l'auteur. Beaucoup de tendresse pour certains personnages et beaucoup de travail de documentation. Alors il y en aura d'autres, des chroniques. Le projet éditorial de l'éditeur canadien prévoit un tome par an. Tristan Saule est déjà à l'écriture du prochain, qui sortira donc en janvier 2024.

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