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Sophie Lenaerts (éleveuse laitière) : "Nous demandons une juste répartition des marges pour pouvoir vivre"

Publié Mis à jour
Durée de la vidéo : 6 min
: L'éco
Article rédigé par franceinfo - Aurore Briffod
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Sophie Lenaerts, éleveuse laitière et présidente de la Coordination rurale dans l'Oise, était l'invitée de Stéphane Dépinoy dans la matinale de France Info. 

Alors que la période de négociations se termine, "le compte n'y est pas" pour Sophie Lenaerts. Eleveuse laitière dans l'Oise, le prix payé pour 1 000 litres de lait est d'environ 326 euros. Une somme loin d'être suffisante pour être rémunéré au juste prix. Selon elle, la loi Egalim, promulguée il y a deux ans, dit qu'il faut mentionner le coût de production et non pas l'appliquer. "Il suffirait de changer un seul mot." Elle explique : "L'agriculteur qui est au départ et le consommateur à la fin sont les deux perdants. A l'un, le prix à la vente va augmenter, et à l'autre, on va baisser son prix d'achat. Sauf que l'on oublie qu'il y a deux autres intermédiaires : la grande distribution et les collecteurs. C'est à eux aussi de faire des efforts pour que tout le monde s'y retrouve. Il y a un gâteau et l'on demande une juste répartition des marges pour chacun. Nous, les producteurs, il nous faut au minimum 403 euros pour 1 000 litres afin de pouvoir vivre."

Une situation dramatique qui joue sur le mal-être des agriculteurs. Depuis le début de l'année, 126 exploitants agricoles se sont suicidés. "Les gens en arrivent à cette situation pour une seule raison : il n'y a pas la rémunération. Quand c'est l'autre conjoint qui travaille à l'extérieur et qui fait vivre l'entreprise, l'agriculteur le vit très mal. Il y a aussi l'aspect transgénérationnel, ce sont des structures de plusieurs générations et l'agriculteur se dit que c'est de sa faute s'il n'y arrive pas. Mais ce n'est pas le cas, c'est conjoncturel : le prix n'y est pas !"

Être une femme agricultrice est également compliqué. Sophie Lenaerts le confirme : "On doit faire plus que les hommes car nous cumulons le travail sur l'exploitation, le travail de maman, la gestion et l'administratif qui nous prend un temps phénoménal. Les femmes sont aussi lésées au niveau des retraites."

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