Olivier de Guerre (Phitrust) sur les rémunérations excessives des dirigeants : "Il y a un vrai problème de répartition de la valeur".
Olivier de Guerre, président de Phitrust était l’invité de Jean-Paul Chapel ce mercredi 27 avril sur Franceinfo.
Invité de Jean-Paul Chapel ce mercredi, Olivier de Guerre est revenu sur les fortes rémunérations des dirigeants. En particulier celle du PDG de Stellantis (ex PSA), Carlos Tavares qui a "une rémunération fixe et variable de 19 millions d’euros pour l’année 2021 plus l’attribution d’actions gratuites et d’actions de performance" soit selon les normes IFRS… 66 millions d’euros. D’après lui, cette rémunération est choquante pour deux raisons : d’abord, "l’entreprise est en fusion donc on ne connaît pas ce qu’il va se passer à terme" (avec des risques de licenciement du fait de la fusion PSA-Fiat), mais aussi, car "on a demandé aux salariés des efforts par rapport à l’électrique". Olivier de Guerre explique que l’assemblée générale qui s’est tenue de manière virtuelle (donc sans question) avait pourtant voté contre cette rémunération : "C’est un vote consultatif, parce que c’est la règle en Hollande, c’était le cas en 2016 en France quand il y avait eu l’affaire de Carlos Goshn".
Toutefois, Stellantis ne serait pas la seule entreprise concernée par ces rémunérations extravagantes. Vivendi avec Universal Music le serait aussi : "274 millions d’euros pour le dirigeant" soit 2 000 fois le salaire moyen d’un employé d’Universal. Olivier de Guerre remarque que le président du groupe n’a d’ailleurs pas vraiment créé de la valeur : "Il n’a pas investi lui-même d’argent, ce n’est pas un entrepreneur, c’est un mercenaire". Il est également critique envers certaines autres entreprises, notamment Teleperformance, leader des centres d’appel qu’il juge toutefois comme l’une des plus belles réussites économiques Française : "Les salaires sont très faibles (…) il y a un vrai problème de répartition de la valeur dans ces entreprises". Il juge par ailleurs dangereuses les volontés des dirigeants de prioriser les cours de bourse pour faire monter leurs rémunérations via le rachat d’actions au détriment de l’investissement : "C’est un problème à long terme parce qu’on peut se retrouver avec un dirigeant qui a une stratégie pour le cours de bourse (…) plutôt que d’investir dans de nouveaux emplois, dans de nouveaux produits, on rachète des actions".
Le Président de Phitrust a également évoqué la proposition d’Emmanuel Macron d’un plafonnement des rémunérations, ce qui existe déjà pour les entreprises d’Etat, mais aussi pour les sociétés financières sur la partie variable : "Toutes les banques aujourd’hui en Europe, doivent plafonner les rémunérations variables à 2 fois le salaire fixe". D’après Olivier de Guerre, il devrait y avoir un plafonnement sur les rémunérations variables et propose aussi de "mettre en place des mécanismes fiscaux, soit comme aux Etats-Unis où vous avez un impôt mondial (…) soit de mettre en place un système pour les actions gratuites, où ils sont obligés d’acheter des actions".
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