Pierre-Olivier Gourinchas (FMI) : "Nous ne sommes pas en récession, pas encore"
Pierre-Olivier Gourinchas, Chef économiste du FMI, était l’invité de Jean-Paul Chapel ce lundi 06 juin.
Invité de Jean-Paul Chapel ce lundi 06 juin, Pierre-Olivier Gourinchas, Chef économiste du FMI, anticipe un nouveau ralentissement de la croissance mondiale, supplémentaire à celui identifié en avril par le FMI. D’après lui, l’économie mondiale n’est toutefois pas en récession donc pas en "stagflation". La croissance sera en effet plus faible, sans être négative : "Nous ne sommes pas en récession, pas encore". Et si la dernière étude de l’INSEE qui prévoit une croissance en baisse de 0,2 % pour le premier trimestre en France fait dire à Pierre-Olivier Gourinchas qu’il est possible d’avoir une récession au sens « technique » du terme (une croissance négative sur deux trimestres consécutifs), il juge que l’important, sera de regarder si la croissance est négative sur l’année.
Dans le contexte de la guerre en Ukraine, le Chef économiste du FMI estime qu’il ne sera pas sans risques de relocaliser les chaînes de valeur sur le territoire national. Il y aurait selon lui un risque de concentration : "Relocaliser de manière domestique, ça peut conduire à une augmentation de la volatilité, des vulnérabilités". Il affirme qu’il pourrait être dangereux de ne pas pouvoir faire appel à des partenaires commerciaux en cas de récession en France et donc appelle à plutôt diversifier les chaînes de production. Pierre-Olivier Gourinchas ajoute qu’il existe également un risque géopolitique à la démondialisation avec la constitution de deux blocs de pays "amis" : "Ça fait remonter les coûts de production, ça fait remonter l’inflation, et ça conduit aussi à ne pas être capable de traiter les problèmes communs qu’on a comme les pandémies futures ou le changement climatique".
Pierre-Olivier Gourinchas est enfin revenu sur les mesures de pouvoir d’achat en France qui ont permis à l’hexagone d’avoir un taux d’inflation plus faible que ses voisins européens. "Ça protège les ménages qui sont les plus vulnérables et qui vont être soumis à une augmentation des coûts de l’énergie, ça a un coût budgétaire qui n’est pas négligeable". Il estime qu’il serait préférable que la politique budgétaire ne s’occupe pas de politique monétaire et de contrôle de l’inflation, mission qui appartient traditionnellement aux banques centrales. Le Chef économiste du FMI conclut : "Il ne faut pas non plus rentrer dans la confusion des genres (…) le contrôle de l’inflation, laissons cela aux banques centrales".
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