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Pièces à conviction. Cévennes : révélations sur une pollution cachée

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Article rédigé par Valerie Kowal
France Télévisions

Le sujet reste tabou. Tout près du parc national des Cévennes, la terre et les rivières sont contaminées par des métaux lourds comme l’arsenic ou le plomb. Une pollution aux conséquences graves pour l’homme, due à plus de cent ans d’exploitation minière à échelle industrielle. La multinationale belge Umicore a fermé la dernière fosse en 1971, mais la pollution demeure. Combien de personnes contaminées parmi les 6 000 habitants de la région ? Il n’existe aucune étude officielle, même si, pour les scientifiques, le lien entre le nombre élevé de cancers dans cette région et la pollution ne fait aucun doute. "Pièces à conviction", mercredi 20 janvier à 23h15, sur une pollution "secrète".

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Des sols et des cours d’eau toujours contaminés aux métaux lourds quarante-cinq ans après la fermeture de la dernière mine, un nombre de cancers et de pathologies anormalement élevé : ce n’est pas en Afrique que les journalistes Alain Renon et Bernard Nicolas ont enquêté pour "Pièces à conviction", mais au cœur de la France, dans un coin des Cévennes, joyau du tourisme vert. Après un an d’investigation, ils ont découvert un véritable scandale environnemental.

La terre et les rivières de cette région de moyenne montagne sont anormalement contaminées par des métaux lourds. Une pollution qui touche potentiellement 6 000 habitants dans trois villages et une ville, Anduze. Ici, la multinationale belge Umicore (ex-Union minière) a exploité le zinc et le plomb pendant plus d’un siècle et abandonné des déchets très toxiques. Cette pollution a été cachée à la population jusqu’en 2011. Aujourd’hui, les habitants demandent des comptes à l’Etat.

 Omerta en pleine nature

La région d’Anduze, à deux pas du parc naturel des Cévennes, a connu plus d’un siècle d’exploitation minière à échelle industrielle : 80 000 tonnes de zinc et 34 000 tonnes de plomb ont été extraites pour le compte du groupe belge Umicore. Après la fermeture de la dernière mine, en 1971, la région s’est tournée vers le tourisme vert. Il a fallu attendre quarante ans pour que la population reçoive des recommandations sanitaires qu’on imaginerait plus à Tchernobyl ou Fukushima : la baignade y est déconseillée ainsi que le pompage d’eau potable.

Pour André Picot, l’un des plus grands toxico-chimiste français, il s’agit d’une affaire d’Etat. Il s’étonne : "Pourquoi le ministère de la Santé n’a-t-il pas fait faire d’enquête ? Ce problème des mines est plus important que celui des incinérateurs qui rejettent de la dioxine."

Les effets dévastateurs des métaux lourds sur la santé

Combien de personnes contaminées parmi les 6 000 habitants de la région ? Le sujet reste tabou. Il n’existe aucune statistique officielle. Pourtant, on sait que le plomb s’attaque au cerveau et endommage les neurones ou que l’arsenic contamine le système digestif et provoque des cancers du poumon.

Sur 61 personnes malades ou décédées dans la zone depuis 1990, "Pièces à conviction" compte 36 cancers. Il faudrait procéder à une étude épidémiologique pour établir un lien officiel entre ces décès et la pollution. Une étude que l’Etat refuse. Alors qu’une surmortalité est constatée à Anduze, pourquoi les autorités n’ont-elles pas pris de mesures pour protéger la population ? Ni Marisol Touraine ni Ségolène Royal n’ont souhaité répondre à "Pièces à conviction". Cela fait presque un demi-siècle que les mines sont fermées et que la pollution demeure. Dans les Cévennes, certains se demandent s’il faut vendre et partir.

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