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: Vidéo Benjamin Stora, historien : "Fermer les frontières ne peut qu'aggraver la situation"

Publié Mis à jour
Durée de la vidéo : 16 min
Avenue de l'Europe, le mag. L'invité : Benjamin Stora
Avenue de l'Europe, le mag. L'invité : Benjamin Stora Avenue de l'Europe, le mag. L'invité : Benjamin Stora (Avenue de l'Europe, le mag)
Article rédigé par franceinfo
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Après trente ans d'ouverture des frontières, les pays européens semblent tentés de dresser à nouveau des barrières entre eux... Mais un retour en arrière est-il vraiment possible ? L'historien Benjamin Stora était l'invité du magazine "Avenue de l'Europe" le 14 septembre 2016.

Lutte contre le terrorisme, afflux des réfugiés, montée des nationalismes, Brexit. Après trente ans d'ouverture ininterrompue de leurs frontières, les Etats européens aspirent à se protéger et semblent tentés par un retour en arrière. Mais est-ce vraiment possible ?

Le 14 septembre 2016, le magazine "Avenue de l'Europe" recevait sur son plateau l'historien Benjamin Stora, président du conseil d'orientation de la Cité nationale de l'histoire de l'immigration. Il était interrogé par Véronique Auger et Laurent Marchand, éditorialiste à Ouest France, partenaire de l'émission.

Pourquoi des frontières ?

Les deux guerres mondiales, la décolonisation, la fin de l'empire soviétique... autant d'événements qui ont bouleversé au siècle dernier les frontières européennes, les plus instables au monde. Mais au fait, pourquoi des frontières ? "Nous avons un besoin de refuge, d’abri, mais aussi d’identité, [..] de délimiter nos territoires. C'est une notion ancienne, mais très contradictoire : nous cultivons une sorte de fascination pour les frontières, mais nous avons aussi la volonté de les dépasser, les transgresser, les contourner."

La mort de Schengen ?

Tournant dans l'histoire européenne, la création de l'espace Schengen, en 1985. Objectifs : ouvrir les frontières entre les Etats membres, tout en renforçant les contrôles aux frontières extérieures. D'ailleurs, l'agence Frontex, la police des frontières, vient de voir ses moyens augmentés. "La chute du mur de Berlin, en 1989, a été le grand espoir d'ouverture des frontières mondiales. [...] Depuis deux ans, avec l’échec des révolutions démocratiques dans le monde arabe et l’effondrement de ces Etats, la tendance générale s’est inversée, et on peut même s’interroger sur la viabilité des accords de Schengen. Le fait qu’un certain nombre d’Etats aient décidé de renforcer leurs frontières n’est-il pas une remise en question de l’esprit européen ?" 

Un phénomène mondial ?

Cette tentation de fermer les frontières n'est-elle pas un phénomène global, qui dépasse largement l'Europe ? "Jamais la volonté de se déplacer et la facilité des déplacements n’ont été aussi fortes qu’en ce début de XXIe siècle. D’où la contradiction entre cette extrême mobilité et le fait que l’on construise de plus en plus de frontières. [...] La crise migratoire est la plus grande tragédie humanitaire depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. [...] Les Etats résistent, les frontières résistent, les situations d’exclusion sont de plus en plus nettes, mais le désir de franchissement est de plus en plus fort. L’Europe se barricade. Les solutions politiques simplistes qui consistent à fermer les frontières ne régleront rien. Elles vont, au contraire, aggraver la situation. Les politiques réfléchissent à court terme mais ne voient pas que le monde change."

Effondrement des frontières et émergence de Daech ?

Pour s'affirmer en tant que puissance, Daech s'est positionné sur la frontière entre l'Irak et la Syrie. L'Europe ne paie-t-elle pas l'effondrement des frontières au Moyen-Orient ? "Le retard pris sur l'établissement de régimes démocratiques, au Moyen-Orient mais aussi dans toute l'Afrique, fait que l'Europe se barricade au lieu de mettre en place une coopération dans la durée avec les pays du Sud."

Interview diffusée dans "Avenue de l'Europe, le mag" du 14 septembre 2016, à retrouver en intégralité en vidéo.

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