: Vidéo Désormais, "la voix des agriculteurs se fait entendre partout en France", constate Jérôme Bayle, celui par qui la révolte des agriculteurs a démarré
Cette semaine de fin janvier 2024 qui a vu les tracteurs ceinturer Paris aura été celle du réveil de la terre, le sursaut d'un monde abandonné. Tout est parti d'un homme que rien ne prédestinait au premier rôle : un ancien rugbyman aujourd'hui éleveur de bovins en Haute-Garonne. Depuis son coup de gueule du 16 janvier à Toulouse, Jérôme Bayle est une figure du mouvement. Avec une bande de copains, il a installé le tout premier blocage, sur l'A64. Alors qu'il le quittait pour quelques heures, le temps de nourrir ses 90 vaches limousines, "Envoyé spécial" l'a suivi dans son exploitation de Montesquieu-Volvestre.
"Je crèverai la tête haute"
C'était l'exploitation de son père, qui y avait consacré toute sa vie. Il y a huit ans, il a mis fin à ses jours. Alors Jérôme Bayle s'est promis de ne jamais abandonner. Ce jour-là, le colosse, épuisé, craque un peu. Il n'arrive pas à se salarier, trime tout seul faute d'avoir les moyens d'embaucher, les dettes s'accumulent... "Une ferme, ça s'achète pas avec de l'argent. Une ferme, ça se construit. Mais je crèverai pas les couilles par terre, jure-t-il, je crèverai la tête haute."
De retour sur le barrage à l'aube du neuvième jour, Jérôme Bayle apprend que le nouveau Premier ministre viendra rencontrer les agriculteurs ici même, en Haute-Garonne. En fin de matinée, il reçoit un appel sur son portable : Gabriel Attal en personne lui assure qu'il "comprend bien son combat". Un échange qui lui "fait plaisir" et qu'il transmet à ses compagnons de lutte. L'après-midi du 26 janvier, c'est donc sur ses terres que le gouvernement viendra parlementer. Un vrai tour de force... A cet instant, Jérôme Bayle incarne tout à la fois la colère, la fierté et l'espoir paysans.
"Beaucoup de gens m'en veulent d'avoir levé le barrage"
Le Premier ministre va accéder à toutes les revendications portées par le leader paysan : arrêt de la hausse des taxes sur le gazole, assouplissement de l'accès aux retenues d'eau, aides d'urgence pour faire face aux maladies qui touchent le bétail... Le 26 janvier, Gabriel Attal se rend même sur le barrage de l'A64... où il est applaudi.
Quand le barrage est levé, comme promis, certains déversent sur les réseaux sociaux leur haine contre "l'agriculteur en carton", le "traître". Rentré chez lui, le leader malgré lui est poursuivi par les menaces. Mais il ne regrette rien, fier d'avoir "lancé le mouvement", d'être à l'origine d'une lame de fond qui le dépasse. Désormais, "la voix des agriculteurs se fait entendre partout en France".
Extrait de "Agriculteurs, jusqu’où ira la révolte ?", un reportage diffusé dans "Envoyé spécial" le 1er février 2024.
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