: Vidéo Des macaques sacrifiés pour la recherche biomédicale : où en sont les alternatives à l'expérimentation animale ?
Chaque année, 4 000 primates sont utilisés dans les laboratoires français à des fins scientifiques. Parmi eux, un grand nombre de macaques à longues queue. Ils partagent 90% à 94% de notre ADN, ce qui les rend particulièrement intéressants pour la recherche biomédicale. La plupart sont importés de l'île Maurice, le fournisseur numéro un de la France. "Envoyé spécial" y a tourné en partie un reportage à voir le 8 juin 2023.
Ces singes passent, pour la plupart, la majeure partie de leur vie dans une cage de 2 mètres carrés. Une vie faite de souffrances, causées par les manipulations qu'ils subissent, notamment dans le domaine de la recherche en neurologie. On peut par exemple leur injecter la maladie de Parkinson avant de prélever leur cerveau afin de l'étudier, ou bien leur poser un implant crânien pour tester leurs réflexes, comme le montrent des images tournées en caméra cachée dans un laboratoire allemand il y a quelques années.
Ces pratiques, courantes en Europe, sont dénoncées par des ONG telles que One Voice comme de "la barbarie du siècle passé" : "Ce n'est pas parce qu'en 1960 ou 1970, on a fait des découvertes en martyrisant des macaques que ça doit justifier qu'en 2023, on continue", s'indigne Muriel Arnal, présidente et fondatrice de l'association. Régulièrement, comme le 24 avril dernier à l'occasion de la Journée mondiale des animaux dans les laboratoires, des actions sont organisées pour sensibiliser le public. Parmi les revendications des militants, l'augmentation du budget consacré à la recherche d'alternatives à l'expérimentation animale. La France est en effet l'un des pays d'Europe qui investit le moins dans le développement de ces nouvelles approches.
Une recherche biomédicale sans animaux est-elle possible ?
Il existe pourtant des laboratoires qui n'ont plus recours à l'expérimentation animale, comme le centre de cancérologie de l'hôpital Gustave-Roussy, en banlieue parisienne. Au lieu d'implanter aux animaux des tumeurs prélevées sur des patients pour tester des traitements, l'équipe de Fanny Jaulin clone désormais ces tumeurs, qui fabriquent des "mini-cancers" appelés organoïdes. Ces avatars de tumeur représentent une piste scientifique pleine de promesses mais, en l'état actuel des connaissances, ils ne permettent pas de remplacer les animaux dans tous les domaines de recherche, regrette la chercheuse.
Selon un sondage Ipsos paru en avril 2023, 74% des Français seraient opposés à l'expérimentation animale. En 2021, l'Union européenne s'est engagée à renforcer la législation et à améliorer les conditions de vie des animaux utilisés dans les laboratoires. L'objectif est, à terme, de se passer de l'expérimentation animale sans compromettre les avancées scientifiques.
Extrait de "Recherche : le sacrifice des singes", un reportage à voir dans "La spéciale d'Envoyé" le 8 juin 2023.
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