: Vidéo "Il était capable de s'affronter au monde entier" : "Affaires sensibles" retrace l'épopée du premier maquisard de France, Georges Guingouin
Nous sommes en 1941, en Haute-Vienne. Au sud de la ligne de démarcation, le département se trouve alors en zone libre. Démobilisé après avoir été blessé au front, l'instituteur de Saint-Gilles-les-Forêts est de retour au village. C'est un trentenaire à la voix de stentor et aux épaules larges, très populaire dans la région, où on l'appelle "le Grand", "lo Grand" en patois limousin ("lo" se prononce "lou").
L'instituteur se nomme Georges Guingouin, et en 1944, il sera le libérateur de la ville de Limoges. Pour l'heure, c'est encore un militant clandestin du Parti communiste, interdit depuis 1939. Et pour soutenir l'organisation, il va prendre tous les risques... En tant que secrétaire de mairie, il a accès à l'état civil, et met en place un réseau de faux papiers destiné à ses camarades du PC. Recherché, Guingouin prend la fuite à l'arrivée des gendarmes... et aussi le maquis, avant tout le monde.
"C'était à la fois un intellectuel et un homme d'action, fils de militaire. Guingouin avait à la fois du courage physique et du courage moral, au-delà de ce qu'on peut imaginer, c'est-à-dire quelqu'un qui était capable de s'affronter au monde entier."
Michel Taubmann, auteur de "L'Affaire Guingouin. La véritable histoire du premier maquisard de France"dans "Affaires sensibles"
Soutenu par les paysans de la région, Georges Guingouin trouve refuge dans les fermes, d'où il rédige ses tracts militants. Rejoint d'abord par une poignée de résistants, celui qui prendra le surnom de "préfet du maquis" lutte aussi contre le marché noir avec des arrêtés encadrant le prix des denrées alimentaires. Avec le groupe dont il a pris le commandement, il va faire de ce coin du Limousin le cauchemar de l'armée allemande lorsqu'elle envahit la zone libre, à partir du 11 novembre 1942. Ce maquis gagne même chez l'occupant nazi le surnom de "Petite Russie"...
Des opérations de sabotage spectaculaires
Début 1943, le groupe de maquisards communistes, constitués en FTP (Francs-tireurs et partisans), lance une série d'actions de guérilla. Avec la dynamite volée dans une mine voisine, ils font sauter le viaduc de Bussy-Varache, ligne principale dans la région des convois de travailleurs réquisitionnés pour le Service du travail obligatoire en Allemagne. Quelques kilos d'explosif au pied d'une pile, et les trains du STO ne passeront plus jamais par ici… Spectaculaire, le sabotage fait sensation, et les volontaires affluent. Guingouin est désormais "lo grand"... caillou dans la chaussure de l'occupant.
Le maquis du Limousin, l'un des plus actifs de la Seconde Guerre, aura tenu tête pendant quatre ans aux Allemands. Le guérillero communiste deviendra le colonel Guingouin, intronisé chef des Forces françaises de l'intérieur (FFI) en Haute-Vienne en août 1944. Avant d'être fait Compagnon de la Libération par de Gaulle, puis élu maire de Limoges, la ville qu'il a libérée. Une ascension fulgurante qui précède une descente aux enfers...
Extrait de "L'affaire Guingouin : l'honneur bafoué d'un résistant", diffusé le 19 mai 2024 dans "Affaires sensibles", une coproduction France Télévisions, France Inter et l’INA, adaptée d’une émission de France Inter.
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