Vidéo "Affaires sensibles". "Cent mesures pour les femmes", adoptées en 1976... et pour certaines toujours pas appliquées

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"Affaires sensibles". "Cent mesures pour les femmes", adoptées en 1976... et pour certaines toujours pas appliquées
"Affaires sensibles". "Cent mesures pour les femmes", adoptées en 1976... et pour certaines toujours pas appliquées "Affaires sensibles". "Cent mesures pour les femmes", adoptées en 1976... et pour certaines toujours pas appliquées (AFFAIRES SENSIBLES / FRANCE 2)
Article rédigé par France 2
France Télévisions
Le 22 octobre, "Affaires sensibles" revient sur une AnnĂ©e de la femme aujourd'hui un peu oubliĂ©e. En juin 1975, pour la relancer aprĂšs une mise en Ɠuvre plutĂŽt laborieuse, Françoise Giroud prĂ©sente "Cent mesures pour les femmes". Le gouvernement est rĂ©ticent, les fĂ©ministes pas convaincues...

En juin 1975, lorsque se termine la conférence mondiale de Mexico consacrée au statut des femmes, l'Année internationale de la femme est déjà à moitié écoulée. Françoise Giroud, qui est chargée de son organisation en France, comptait s'appuyer sur des accords internationaux pour engager à son retour une série de réformes. Mais la division entre les pays du Sud et ceux du Nord a fait échouer ce projet... Pour relancer, en France, une Année de la femme pas toujours bien accueillie, la secrétaire d'Etat à la Condition féminine va concocter "Cent mesures pour les femmes" qui seront présentées en Conseil des ministres.

Ces mesures, qu'elle décrit comme "une tentative d'éliminer toutes les discriminations qui existent entre les femmes et les hommes", elle les veut pratiques, pragmatiques, éloignées des querelles idéologiques qui ont, selon elle, miné le sommet de Mexico. "Elle prend le parcours d'une femme depuis la naissance jusqu'à la vieillesse, et à chaque ùge de la vie, elle propose un certain nombre de mesures", explique Sandrine Dauphin, politologue au CNRS.

"Ça paraĂźt des petites choses maintenant, mais Ă  l'Ă©poque, c'Ă©tait une rĂ©volution mentale pour tout le monde que de se dire qu'il faut se prĂ©occuper du statut en particulier des femmes."

Sylvie Pierre-Brossolette, conseillÚre de Françoise Giroud au secrétariat d'Etat

dans "Affaires sensibles"

Nombre d'entre elles concernent ce que l'on appellerait aujourd'hui la "conciliation vie professionnelle et vie familiale", comme l'instauration de cantines dans les Ă©coles maternelles. Beaucoup se rapportent au statut fiscal ou matĂ©riel : "Pouvoir demander des prĂȘts, avoir accĂšs aux allocations familiales sans l'accord de son mari, cosigner la feuille d'impĂŽt... Personne n'y avait pensĂ©, souligne Sylvie Pierre-Brossolette. L'homme Ă©tait seul Ă  signer la feuille d'impĂŽt du foyer
"

L'adoption de ces mesures ne sera pas une mince affaire dans un Conseil des ministres trĂšs majoritairement masculin... oĂč rĂšgne ce qu'elle appelle "l'esprit Pasqua. Charles Pasqua, il disait 'Les femmes, c'est fait pour ĂȘtre debout aux repas et servir les hommes
 derriĂšre les hommes.' C'Ă©tait inimaginable, ce qu'on pouvait entendre Ă  l'Ă©poque." Mais le programme dĂ©fendu par Françoise Giroud se heurte aussi aux critiques des fĂ©ministes, qui le jugent bien trop timide.

"Les réformettes, ça n'allait pas changer grand-chose, parce que c'était une façon d'améliorer l'oppression des femmes. On construit un peu un petit nid douillet à quelque chose qu'il faut complÚtement changer..."

Marie-Jo Bonnet, historienne et militante du MLF

dans "Affaires sensibles"

Les "Cent mesures pour les femmes" seront finalement adoptĂ©es l'annĂ©e suivante, en 1976. PrĂšs de cinquante ans plus tard, certaines ne sont toujours pas appliquĂ©es... "L'Ă©galitĂ© salariale, en particulier, reste un sujet qui est posĂ© mais n'est pas rĂ©glĂ©", rappelle la journaliste Arlette Chabot. Quant au service public pour la petite enfance prĂ©vu pour dĂ©charger partiellement les mĂšres de famille de la garde des jeunes enfants, il n'est toujours pas assuré  "Donc ce sont d'Ă©normes problĂšmes de sociĂ©tĂ©, soulevĂ©s par Françoise Giroud, qui n'ont pas encore Ă©tĂ© rĂ©glĂ©s. Mais elle avait mis le doigt dessus", conclut Sylvie Pierre-Brossolette.

Extrait de " 1975, l'annĂ©e de la femme", un document Ă  voir le 22 octobre 2023 dans "Affaires sensibles", une coproduction France TĂ©lĂ©visions, France TV presse, France Inter et l’INA, adaptĂ©e d’une Ă©mission de France Inter.

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