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Hollande : trois questions qui méritent une réponse après les révélations de "Closer"

Le chef de l'Etat a appelé au respect de sa vie privée après l'article sur sa liaison supposée avec l'actrice Julie Gayet. Mais certains éléments de l'affaire relèvent de la sphère publique et méritent des éclaircissements.

Article rédigé par Catherine Fournier
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 8min
Le président François Hollande et sa compagne, Valérie Trierweiler, le 6 avril 2013 à Tulle (Corrèze). (JEAN-PIERRE MULLER / AFP)

Il a beau invoquer "le respect de sa vie privée", François Hollande doit quelques explications aux Français, à commencer par ceux qui les informent, les journalistes. Le chef de l'Etat doit justement rencontrer la presse à l'occasion de sa conférence de rentrée, mardi 14 janvier.

Les révélations de Closer sur sa relation présumée avec l'actrice Julie Gayet ne pouvaient pas plus mal tomber. "Théoriquement, la vie privée n'a pas sa place dans une conférence de presse à l'Elysée, remarque le journaliste politique Patrice Duhamel auprès de francetv info. Mais comme cette liaison supposée est à présent sur la place publique, y compris via son propre communiqué, il est contraint de clarifier les choses".

Voici les trois questions soulevées par cette affaire et qui appellent une mise au point.

Quel avenir pour la Première dame ?

Qu'en est-il de la relation entre François Hollande et sa compagne officielle, Valérie Trierweiler ? Non seulement le chef de l'Etat n'a pas démenti les allégations de Closer, mais l'annonce de l'hospitalisation de la Première dame après la parution du magazine people tend à accréditer l'existence d'un sérieux différend au sein du couple présidentiel.

"La confirmation par l'Elysée de l'hospitalisation de Valérie Trierweiler a achevé de transformer une simple histoire de couple en affaire publique sur laquelle le chef de l'Etat ne fera pas l'économie d'une explication", analyse Le FigaroQuid de l'état de santé de la compagne de François Hollande ? Va-t-elle honorer ses rendez-vous à venir ? Une visite officielle aux Etats-Unis est notamment prévue le 11 février, à l'invitation du président Barack Obama et de son épouse, Michelle.

De même, des suspicions de rupture ne peuvent continuer à planer sur le couple élyséen. Valérie Trierweiler "a conscience qu'elle ne peut pas continuer à avoir un cabinet, à utiliser les moyens de l'Etat, qu'il y a un effort de transparence à faire", souligne dans Le Figaro un journaliste du Parisien, avec lequel elle se serait entretenue depuis l'hôpital.

Cette affaire relance le débat sur le statut de la Première dame en France, déjà sujet à controverses au moment de l'élection de François Hollande, le président n'étant pas marié à Valérie Trierweiler. En juin dernier, le député UMP Jean-Charles Taugourdeau avait déposé un amendement visant à obtenir la publication du patrimoine de Valérie Trierweiler, qui, outre une page sur le site internet de l'Elysée, "bénéficie d'un certain nombre d'avantages payés par le contribuable français" (hébergement à l'Elysée, mise à disposition d'un secrétariat et d'un officier de sécurité…). Valérie Trierweiler a elle-même mis du temps à s'approprier ce rôle et à mettre de côté sa carrière de journaliste, comme elle le confiait en octobre 2012

La sécurité de Hollande était-elle assurée ? 

Dans son communiqué, François Hollande "déplore profondément les atteintes au respect de la vie privée", respect auquel "il a droit comme tout citoyen". Mais "le président de la République n'est pas un citoyen comme les autres", fait valoir l'éditorialiste Philippe Tesson dans Le Point. Notamment sur les questions de sécurité. Ses déplacements nécessitent une surveillance de tous les instants, assurée par des policiers du Groupe de sécurité de la présidence de la République (GSPR), un service pris en charge par l'Etat. Il "fonctionne de manière totalement autonome", insiste auprès du Parisien le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, soupçonné par certains médias, comme Mediapart ou Le Point, d'avoir couvert les escapades du président.  

Selon Le Monde, le chef de l'Etat est escorté dans tous ses déplacements privés par deux hommes, "des policiers de confiance qu'il a personnellement choisis". Ces hommes, poursuit le journal, étaient présents lors des visites de François Hollande dans l'appartement situé rue du Cirque, dans le 8e arrondissement, à deux pas de l'Elysée. C'est là, selon Closer, que François Hollande rencontrait Julie Gayet.

Le Monde indique avoir eu confirmation par l'Elysée de dix visites du président à cet endroit depuis l'automne 2013. Toujours selon le quotidien du soir, François Hollande a bien utilisé un deux-roues "appartenant à la flotte de l'Elysée, conduit par un membre de sa sécurité. Un second équipage assurait en outre [sa] protection"

Mais l'appartement a-t-il été "dépoussiéré" au préalable ? Ce terme du jargon policier implique, selon Le Parisien, de "faire venir des équipes de démineurs avec leurs chiens, mais aussi des techniciens pour vérifier si les lieux n'ont pas été truffés de micros ou de caméras indiscrètes". Une chose est sûre : les policiers n'ont pas repéré les paparazzis qui avaient loué l'appartement d'en face.

Savait-il à qui appartenait l'appartement ?

C'est l'autre imprudence, semble-t-il, de François Hollande dans cette affaire. Les "policiers n'ont pas enquêté sur le passé de la locataire de l'appartement, et ses liens avec des individus au profil sulfureux", relève Le Monde. Plusieurs médias ont affirmé, dimanche, que l'appartement en question était lié au grand banditisme corse. La réalité est un peu plus nuancée.

Si le nom de Michel Ferracci apparaît bien sur la boîte aux lettres et dans les pages blanches à cette adresse, c'est parce qu'il est le père des deux enfants de la locataire de l'appartement, Emmanuelle Hauck, comédienne et amie de Julie Gayet. Mais ils sont séparés depuis six ans. Michel Ferracci, qui a joué dans la série télévisée Mafiosa, a été condamné en novembre 2013 à 18 mois de prison avec sursis dans l'affaire des détournements du cercle de jeux parisien Wagram au profit de membres du gang corse de la Brise de mer.

Emmanuelle Hauck a par ailleurs été la compagne de François Masini, réputé proche du milieu corse et assassiné en mai 2013. Quant au propriétaire des lieux, il ne s'agit pas, comme l'affirmait Valeurs actuelles, d'un grand patron du CAC 40, mais d'un commerçant à la retraite âgé de 71 ans, Jean-Pierre Discazeaux, qui vit désormais à Biarritz. Il a vécu dans cet appartement de 1962 à 2003, avant de le mettre en location. "Je suis extrêmement choqué de tout ce qu'on peut dire sur moi : que je serais un ancien mafioso, un patron du CAC 40, ou que l'appartement que j'ai habité pendant quarante ans était un bordel", s'offusque-t-il

Mais le président de la République était-il informé des personnalités ayant gravité autour de la locataire des lieux ? C'est un des points sur lequel le brouillard demeure.

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