: Vidéo Insécurité : sur le terrain, la situation est "très alarmante", affirme le politologue Jérôme Fourquet
Il décrit une France touchée par les violences urbaines, le terrorisme, "un kaléidoscope de la France moyenne", la "France de Houellebecq".
Invité de France Inter jeudi 29 avril, le politologue Jérôme Fourquet voit dans le retour du débat sur l'insécurité à un an de l'élection présidentielle "une figure imposée des campagnes" ou encore "une récupération politique chez certains". "On peut aussi faire l'hypothèse que l'on a une situation qui, sur le terrain, est très alarmante et qui s'est très fortement dégradée au cours des dernières années, au cours des derniers mois", avance le politologue.
Des saisons marquées par les violences
"On se souvient de ce chauffeur de bus qui a été massacré parce qu'il avait demandé à des jeunes de porter le masque. On se souvient aussi de ces émeutes intercommunautaires à Dijon. On se souvient ensuite, à l'automne, des rixes entre bandes de jeunes, des attaques de commissariats", énumère ainsi Jérôme Fourquet.
"Il y a un bruit de fond permanent en matière de délinquance. La sensibilité de l'opinion est très fortement exacerbée, poursuit le politologue, avec l'idée qui se répand dans la population que des verrous ou des tabous ont sauté, c'est-à-dire que les victimes des rixes entre jeunes sont de plus en plus jeunes. Les délinquants n'hésitent plus à aller au contact avec les membres des forces de l'ordre. On se dit que ceux qui sont censés nous protéger sont eux-mêmes sous la menace de ces agresseurs. Vous ajoutez à cela la dramatique attaque de Rambouillet, poursuit Jérôme Fourquet. Il y a aussi le climat terroriste qui continue de se rappeler à nos souvenirs."
"Tout cela crée cette très forte inquiétude dans la population qui, bien évidemment ensuite, est un matériau politique qui va être utilisé."
Jérôme Fourquet, politologueà France Inter
"La perception qu'ils ont du terrorisme est en train de changer de nature, on est sur des attaques individuelles, avec des bilans qui sont dramatiques, mais des bilans humains qui sont relativement limités. Pour les Français, on a maintenant le radicalisé qui, un matin, va prendre un couteau et aller attaquer un policier, une policière ou un passant", explique Jérôme Fourquet qui constate que le fait terroriste est d'une certaine manière intégrée par la population.
La "faits-diversisation" de la menace terroriste
"C'est pour cela que je parle de 'faits-diversisation', cela ne veut pas dire que c'est une banalisation. Cela veut dire qu'on intègre que cette menace est palpable, que cette menace peut frapper à tous les coins de rue", continue le politologue.
Jérôme Fourquet évoque la France de l'écrivain Michel Houellebecq en parlant des lieux où sont commis certains attentats. "Le lotissement de Magnanville, où ce couple de policiers a été égorgé il y a quelque temps, la petite église de Saint-Étienne-du-Rouvray, le collège de Samuel Paty, le Super U de Trèbes, le commissariat de Rambouillet, c'est un kaléidoscope de la France moyenne, de la France dans laquelle 60% de nos concitoyens vivent. C'est la France de Houellebecq", conclut-il.
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