Présidentielle : Valérie Pécresse va devoir composer "avec deux pôles qui tirent chacun de leur côté" chez Les LR, expose un communicant
Il va falloir aussi que Valérie Pécresse "fende l'armure" et "se soumette à ce rite que sont les grands meetings", estime Arnaud Benedetti.
La principale difficulté pour Valérie Pécresse, candidate LR désignée pour l’élection présidentielle, sera de composer avec "deux pôles qui, au sein des Républicains, tirent chacun de leur côté, explique le communicant Arnaud Benedetti, rédacteur en chef de La Revue politique et parlementaire et professeur associé à la Sorbonne, sur franceinfo. Samedi 11 décembre, la candidate organise une réunion de travail avec les cadres du parti, même si elle devra selon lui bientôt "se soumettre à ce rite que sont les grands meetings", pour démarrer véritablement sa campagne.
franceinfo : Depuis sa victoire lors du congrès et sa désignation, Valérie Pécresse réussit-elle vraiment le rassemblement au sein de son parti ?
Arnaud Benedetti : Disons que les conditions du rassemblement aujourd'hui pour les Républicains sont plus simples qu'en 2017, parce que, tout d'abord, l'histoire qui finalement a opposé les cinq candidats à la primaire des Républicains ces dernières semaines n'est pas la même que celle de leurs prédécesseurs. Je crois que c'est un point qui est extrêmement important aujourd'hui. Pour Valérie Pécresse, le fond de la question, c'est l'équation qui reste la même pour les Républicains depuis la défaite de 2017 : à la fois réussir à ramener sur sa droite les électrices et les électeurs qui seraient tentés par des offres politiques plus droitières comme celles d'Éric Zemmour ou de Marine Le Pen, tout en ne perdant pas ceux qui, aujourd'hui, sont attachés au centre droit. L'idée étant aussi de récupérer une partie de cet électorat qui pourrait être aujourd'hui susceptible de rejoindre ou qui aurait déjà rejoint Emmanuel Macron.
Le maire LR de Saint-Étienne, Gaël Perdriau, a affirmé sur franceinfo que si Valérie Pécresse ne clarifiait pas sa position sur les idées d'Éric Ciotti, il ne voterait pas pour elle. Ce rassemblement peut-il aussi créer de la division ?
C'est toute la difficulté de cette équation, avec, finalement aujourd'hui, deux pôles qui, au sein des républicains, tirent chacun de leur côté. La réalité, c'est qu'une campagne présidentielle, François Mitterrand le rappelait en son temps, ça se gagne en rassemblant son propre camp. Reste à savoir aujourd'hui où se situe le curseur. Se situe-t-il plutôt à droite ou plutôt au centre ? Manifestement, si l'on voit un certain nombre d'études d'opinion, si on suit de près ce qui s'est passé lors de la compétition interne à l'occasion de ce congrès, le curseur est plutôt à droite. Donc on peut imaginer que Valérie Pécresse va quand même dans un premier temps essayer d'envoyer des signaux auprès de cet électorat, auprès de ces segments d'opinion. C'est ce qu'elle a fait dès le début de la semaine, en se rendant d'abord chez son challenger malheureux Éric Ciotti. En même temps, on la voit aller chez Xavier Bertrand ou chez Michel Barnier, pour que l'électorat qui ne serait pas le plus à droite se retrouve dans son offre politique.
Cette réunion devait être un meeting, avant d’être transformée en rencontre avec les cadres du parti. Est-ce qu'il ne faudrait pas maintenant à s'ouvrir au-delà des seuls adhérents LR ?
Oui, mais en matière de communication, il s'agit d'envoyer un signal comme quoi, finalement, Valérie Pécresse et son équipe de campagne seraient plus responsables que ceux qui, aujourd'hui, dans une période de circulation active du virus, font et tiennent des meetings en présentiel avec des foules importantes. En même temps, c'est vrai que dans une campagne présidentielle, il faut à un moment donné à aller au-delà de son cercle de sympathisants ou de sa zone de chalandise naturelle. Il faut fendre l'armure et en effet, essayer d'incarner une France qui va au-delà des seuls sympathisants et des seuls partisans. Donc, il va falloir que Valérie Pécresse se rende sur le terrain. Elle a prévu de nombreuses rencontres sur le terrain avec les Françaises et les Français d'ici les Fêtes. Mais il va falloir aussi qu'elle se soumette à ce rite que sont les grands meetings parce qu'ils marquent l'histoire d'une campagne électorale et donnent une dynamique qui est très importante. En 1995, le premier meeting de Jacques Chirac porte de Versailles, au moment où les courbes se croisaient avec Édouard Balladur, avait joué un rôle très important dans la dynamique en faveur de Jacques Chirac.
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