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Manuel Valls nommé à Matignon, est-ce un bon choix pour Hollande ?

Après la défaite du PS aux élections municipales des 23 et 30 mars, le ministre de l'Intérieur va être nommé Premier ministre.

Article rédigé par Violaine Jaussent
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Manuel Valls quitte le palais de l'Elysée, à Paris, le 26 mars 2014. (ALAIN JOCARD / AFP)

Il quitte la place Beauvau pour Matignon. Manuel Valls, jusqu'ici ministre de l'Intérieur, est nommé Premier ministre, selon des informations de France 2, lundi 31 mars. Ce choix intervient après la déroute des socialistes aux élections municipales. Il montre la volonté de François Hollande de se ressaisir et de répondre aux Français. Mais il ne comporte pas seulement des avantages. Alors, est-ce un bon choix ?

Oui, il est populaire

Sa cote de popularité s'effrite, mais reste élevée. Surtout, le ministre de l'Intérieur a la faveur des Français pour succéder à Jean-Marc Ayrault. 31% des personnes interrogées dans un sondage de l'institut BVA, publié lundi dans Le Parisien-Aujourd'hui en France, souhaitaient voir Manuel Valls à Matignon, loin devant Martine Aubry (17%) et Laurent Fabius (16%).

Oui, il illustre un changement radical

Dans l'entre-deux-tours, avant même que les résultats confirment la lourde défaite du PS aux municipales, Jean-Jacques Urvoas, président de la commission des lois à l'Assemblée et ami de Manuel Valls, l'a souligné : "Valls incarne une image de fermeté et de constance." "On a encaissé une déroute sévère qui appelle une réponse. Il faut frapper fort, vite et mettre du lourd. Manuel est le mieux à même de faire ça", a ajouté un de ses fidèles au Monde.

Comme le note une éditorialiste des Echos, "il y a quelques mois, choisir Manuel Valls aurait été pour François Hollande un acte contraint par la popularité de son ministre. Aujourd'hui, ce serait un acte d'autorité". Quand François Hollande a longtemps été critiqué pour son indécision, Manuel Valls, lui, paraît assumer et palier les couacs du gouvernement.

Oui, il incarne la politique économique version Hollande

Pacte de responsabilité, recherche de 50 milliards d'euros d'économies... Manuel Valls devra incarner le virage social-démocrate de François Hollande. Et cela tombe bien : il n'a jamais eu peur d'affronter les critiques sur ses préférences en matière de politique économique. Lors de la primaire PS, il avait défendu des mesures estampillées "de droite" comme la TVA sociale. Et il ne s'est jamais privé de critiquer les 35 heures. Ce qui lui a régulièrement valu les foudres de l'aile gauche du PS. 

Non, il divise au sein du PS

A la gauche du parti, l'hostilité envers Manuel Valls est patente. Les proches de Martine Aubry, du courant "Gauche durable", et les responsables de "Gauche populaire", sont formels : on ne se contentera pas d'un "changement de casting", avertissent-ils. Les électeurs ont sanctionné le gouvernement parce qu'ils veulent une autre politique économique, analysent-ils, estimant que Manuel Valls et son étiquette droitière peuvent constituer un contresens au message municipal.

Non, il n'est pas apprécié des écologistes

Cécile Duflot, la ministre du Logement, ancienne secrétaire nationale d'Europe Ecologie-Les Verts, l'a dit au principal intéressé mercredi 25 mars : elle quittera le gouvernement si Manuel Valls devient Premier ministre. Elle est en désaccord avec lui sur bon nombre de dossiers, notamment à propos des Roms. 

Or, avec les bons résultats réalisés par les candidats EELV au premier tour des municipales, et la prise de Grenoble au PS, François Hollande ne peut se passer des écologistes. Il faut donc qu'il veille à leur faire une place au sein du gouvernement, comme l'a indiqué le politologue Jérôme Sainte Marie à francetv info. Toutefois, selon une éditorialiste de BFMTV, d'autres écologistes seraient prêts à intégrer une équipe dirigée par Manuel Valls.

Non, il a l'Elysée en ligne de mire

Manuel Valls ne cache pas ses ambitions présidentielles. Or, un Premier ministre qui pense déjà au coup d'après serait un handicap pour François Hollande. Le couple exécutif ne peut fonctionner si les deux hommes qui le composent sont concurrents. L'autorité et la popularité de Manuel Valls, qui constituent aujourd'hui des atouts pour François Hollande, pourraient vite se retourner contre lui.

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