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Duflot torpillée par son propre camp

Dans son livre à paraître le 25 août, elle explique son départ du gouvernement et attaque sévèrement le président. Ce qui ne fait pas l'unanimité au sein d'Europe Ecologie-Les Verts.

Article rédigé par Gaël Cogné
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
L'ancienne ministre du Logement, Cécile Duflot, en mai 2014 à Paris. (MICHEL STOUPAK / CITIZENSIDE / AFP)

Cécile Duflot a la dent dure. Partie du gouvernement après deux ans au ministère du Logement, elle publie le 25 août un ouvrage où elle se livre à une violente charge contre François Hollande. Mais ses critiques ne plaisent pas à tout le monde. A commencer par son propre camp, Europe Ecologie-Les Verts (EELV). 

Ce que dit Duflot

Tout est dans le titre. Son ouvrage De l'intérieur. Voyage au bout de la désillusion (Ed. Fayard) parle de ses reniements, des atermoiements de François Hollande (qu'elle surnomme "potiron", un personnage de Oui-Oui), de sa détestation envers Manuel Valls, du manque de dialogue, etc. L'ex-ministre a beau dire que son livre "n'est pas une attaque", cela y ressemble fort.

Bref, l'ancienne patronne des Verts, devenue ministre du Logement, a été déçue de son passage au gouvernement. Seulement, son départ à mi-mandat n'est peut-être pas étranger aux prochaines présidentielles. La cote des écologistes, en pleine crise idéologique, n'en finissait plus de plonger, plombée par sa proximité avec les socialistes au pouvoir.

Ce qu'on lui reproche

Avoir quitté le gouvernement. Quelques responsables EELV rêvaient que le départ de leurs deux ministres du gouvernement règle ce problème de popularité en berne. "Certains prétendaient que la sortie du gouvernement réglerait des problèmes chez nous, que nous cesserions de subir l'impopularité du président par ricochet, observe le député EELV François de Rugy, cité par Le FigaroCinq mois après, nous voyons bien que cela n'a rien réglé, que ce soit sur le positionnement du mouvement ou sa capacité à faire avancer les idées écologiques. Nous avons même reculé d'une case."

Dans le concert de critiques, l'ancienne maire de Montreuil, Dominique Voynet, a lâché dans un entretien au Figaro que le parti en était encore à "sa crise d'adolescence" : "Les années 1990 ont donné le sentiment que le parti devenait adulte avec des responsabilités dans les grandes villes, les conseils régionaux et en entrant dans le gouvernement de Lionel Jospin. Mais après le 21 avril 2002 et le congrès de Nantes, les Verts ont donné le sentiment d'un retour en arrière. Et je crains un mouvement du même type avec la décision prise par Cécile Duflot de quitter le gouvernement."

Le député européen Pascal Durand, plus modéré, reconnaît que Cécile Duflot "se devait de justifier son départ du gouvernement". Mais Barbara Pompili se demande si écrire ce livre était "une bonne méthode".

Affaiblir encore François Hollande et le gouvernement. Mais au-delà de son départ du gouvernement, certains pensent que Cécile Duflot aurait pu s'abstenir d'en rajouter une couche. "Nous sommes dans la majorité présidentielle, nous avons concouru à faire élire François Hollande en 2012, rappelle Jean-Vincent Placé, premier détracteur de Cécile Duflot, sur BFMTV. Il y a quelques mois, nous participions encore au gouvernement, nous sommes aussi, de fait, comptables de ce bilan-là." Et de conclure qu'"il est trop tôt pour faire un bilan du quinquennat".

Même la secrétaire nationale du parti, Emmanuelle Cosse, proche de Cécile Duflot, a déclaré sur France info ne pas vouloir "entrer dans des jugements de personnes entre le président de la République, le Premier ministre et n'importe qui". D'une main secourable, elle propose "d'élever un peu le débat".

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