Recherche : Cédric Villani accusé de fermer les yeux sur des coupes budgétaires
Accusé de cautionner des restrictions budgétaires dans l'enseignement supérieur et la recherche, le mathématicien et député LREM a répondu à ses détracteurs.
Le mathématicien Cédric Villani a-t-il renié ses combats passés ? Voici la question posée au député de La République en marche, après les informations de L'Etudiant, jeudi 13 juillet. L'hebdomadaire écrivait que les crédits de la Mission recherche et enseignement supérieur (Mires) pourraient être amputés de 331 millions d'euros. Une baisse non négligeable pour cette mission pilote dans le secteur, dont le budget global était de 25 milliards d'euros en 2016. Cette décision "passe mal parmi les acteurs de la communauté universitaire", résume L'Etudiant.
Elu de la majorité, Cédric Villani n'a pas commenté l'information dans un premier temps. Un silence dénoncé par certains, d'autant que le nouveau député est déjà monté au front par le passé. Ainsi, en mai 2016, le mathématicien avait tenu un tout autre discours, en cosignant une tribune dans Le Monde. Cédric Villani y dénonçait la décision gouvernementale d'annuler 256 millions d'euros de crédits accordés justement à la Mires. Avec sept autres chercheurs, il avait qualifié cette décision de "suicide scientifique et industriel", alertant l'opinion sur le risque de "décrochage" de la France "vis-à-vis de ses principaux concurrents".
Mis en cause, Villani sort sa calculatrice
Rapidement interpellé sur les réseaux sociaux, Cédric Villani a publié un billet de blog pour justifier son absence de réaction. Il estime notamment que l'annulation de crédits "s'élève en réalité à 180 millions d'euros" pour le ministère de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation. La plupart de ces crédits étaient "mis en réserve et n'étaient pas engagés", l'effort réclamé serait donc en réalité de 20 millions d'euros, selon ses calculs, et épargnerait les grands organismes de recherche. Un argumentaire qu'il a également détaillé à l'antenne de BFMTV.
"Aucun programme ni ressource humaine ne seront affectés par ces économies dans l'Enseignement supérieur" @VillaniCedric #BourdinDirect pic.twitter.com/lJFnhH2Gtf
— Raphaëlle Duchemin (@DucheminRapha) 17 juillet 2017
Un argumentaire identique à celui de la ministre de l'Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, que L'Etudiant avait pris soin de contacter pour son article. Conclusion de Cédric Villani ? "La situation budgétaire de l'enseignement supérieur et de la recherche reste meilleure qu'en 2016, puisque le budget 2017 représentait une augmentation de 750 millions d'euros par rapport à 2016." Au passage, le député se félicite de l'écho rencontré en 2016 par sa tribune et par sa contribution au Livre blanc sur la question, qui auraient, selon lui, toutes deux contribué à cette augmentation.
Lors de la campagne présidentielle, Cédric Villani a bataillé aux côtés d'Emmanuel Macron, estimant dans Les Echos qu'il "est terrible de devoir se battre chaque année pour éviter des coupes budgétaires". Alors que le candidat à la présidentielle défendait une "sanctuarisation" du budget de l'enseignement supérieur et de la recherche, Cédric Villani réclamait davantage, avec un investissement d'un milliard d'euros par an sur cinq ans. Sur ce point, nul besoin de sortir la calculatrice : le lauréat de la médaille Fields n'a pas encore obtenu gain de cause.
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