A La Rochelle, l'éclat terni d'Arnaud Montebourg
L'ex-ministre de l'Economie est omniprésent à La Rochelle, mais fait profil bas. Et s'interroge sur son avenir politique.
Une réunion à huis clos avec ses partisans, une intervention publique déclamée avec sobriété, une conférence "sur les débats de politique économique" organisée par Terra Nova. Ce week-end à La Rochelle, Arnaud Montebourg est omniprésent, mais fait profil bas. Sonné par son limogeage du gouvernement, l'ex-ministre justifie son action et réfléchit à son avenir.
Il défend son bilan à Bercy
Son arrivée dans une nuée de caméras et de micros suscite, dans la salle, ovations et sifflets mêlés. A la tribune, dans le cadre d'une table ronde sur la réindustrialisation, samedi 30 août, il annonce, d'une voix posée, vouloir "faire l'éloge de l'intervention de l'Etat dans l'économie." Une demi-heure durant, le ministre fraîchement débarqué met un point d'honneur à justifier la politique volontariste qu'il a tentée de mener. Bien aidé par Louis Gallois qui, quelques minutes plus tôt, a dit se sentir "bien reconnu dans la politique industrielle d'Arnaud Montebourg".
Le discours est carré, technique, sans fioritures. Mais Montebourg tient à prouver qu'il a fait du bon travail à Bercy. Que le labeur acharné de ses équipes a contribué à sauver des milliers d'emplois. "Un jour je publierai les lettres de remerciement que des petits patrons, des salariés, des élus — et il y en a beaucoup à l'UMP ! — ont adressé au ministère !", dit-il, un rien nostalgique.
Il détaille les raisons de son désaccord
Arnaud Montebourg en vient au point qui fâche, et à cette fameuse "réduction des déficits qui empêche la reprise économique". "La France ne mène pas une politique d'austérité", reconnaît-il, puisque les salaires et les pensions de retraite n'ont pas été baissés. Il n'empêche : l'objectif forcené et inatteignable d'un déficit à 3% nuit à la croissance, explique-t-il. L'ex-ministre plaide "pour une politique de relance", qui permettrait de faire repartir l'économie et de faire baisser mécaniquement le déficit.
Depuis la veille, son entourage souligne que ce désaccord avec la ligne défendue par l'exécutif était connu bien avant le discours de Frangy-en-Bresse qui lui a valu sa place au gouvernement. "Il avait déjà dit cela lors de son grand discours sur la politique économique le 10 juillet sans que cela fasse un esclandre", souligne l'un de ses conseillers. "En présentant la démission de son gouvernement, Valls a voulu faire un coup", pestent ses proches. "Depuis une semaine, on nous explique que ce remaniement a eu lieu parce qu'Arnaud était contre les entreprises. C'est faux : il était favorable à restaurer la compétitivité des entreprises", soulignent-ils.
Il hésite sur son avenir
Que faire après cette sortie du gouvernement aussi inattendue que subie ? Pour le moment Arnaud Montebourg n'a pas de réponse à cette question. Prendre la tête des frondeurs ? "Il n'en a pas du tout l'intention", balaie le député Arnaud Leroy, l'un de ses rares fidèles à l'Assemblée nationale. L'ex-ministre n'en a pas dit bien davantage à la centaine de soutiens venus l'écouter parler à huis clos vendredi soir dans une salle municipale rochelaise.
"On l'a trouvé fatigué, soucieux et préoccupé sur la situation de la France, relate l'une des participantes. Et il craint particulièrement la montée du FN." "Il était temps qu'il parte du gouvernement. Sa liberté retrouvée lui donne la possibilité de préparer son avenir", veut croire un autre militant interrogé à la sortie.
Reste la présidentielle de 2017. "Il est trop tôt pour en parler", éludent ses soutiens. De toute façon, l'organisation d'une primaire avant le prochain scrutin n'est pas d'actualité. Sans mandat important, Arnaud Montebourg se rêve en homme d'Etat, en témoigne cette phrase lâchée en conclusion de son intervention de samedi : "Les responsables publics et les hommes d'Etat n'ont pas toujours vocation à se taire, et c'est parfois même leur destin de se faire congédier quand ils ont parfois — pas toujours — raison."
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