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Quatre questions sur les accusations d'agressions sexuelles qui visent un ancien président du Mouvement des jeunes socialistes

Thierry Marchal-Beck est accusé d'avoir agi de 2010 à 2014, parfois même en public. Huit femmes témoignent dans "Libération". Franceinfo résume ce que l'on sait de cette affaire.

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Thierry Marchal-Beck, lors d'un discours à Paris, le 5 octobre 2013.  (MAXPPP)

Accusé d'agressions sexuelles, Thierry Marchal-Beck, ancien président du Mouvement des jeunes socialistes (MJS) de 2011 à 2013, est mis en cause par plusieurs femmes qui témoignent, mardi 14 novembre, dans Libération. A la suite de ces révélations, le Parti socialiste a réclamé mardi soir des "suites judiciaires". Que disent ces femmes ? Pourquoi la parole ne se libère qu'aujourd'hui ? Et comment réagit le PS ? Voici les explications de franceinfo. 

Que lui reproche-t-on ? 

Libération publie le témoignage anonyme de huit femmes qui accusent Thierry Marchal-Beck de "faits pouvant être qualifiés de harcèlement et d’agressions sexuelles, entre 2010 et 2014". "Dans leur grande majorité, ces faits sont prescrits et n'ont pour l'instant pas fait l'objet d'une plainte, même si deux victimes y réfléchissent", précise le journal. Les faits se sont produits avant et après l'accession de Thierry Marchal-Beck à la tête des jeunes socialistes, à la fin 2011

Le modus operandi que ces femmes décrivent est souvent le même : l'agresseur présumé les aurait plaquées contre le mur, aurait tenté de les embrasser et glissé sa main sous leur T-shirt ou leur jupe. L'une d'elles, responsable fédérale du MJS et membre du bureau national, raconte que "TMB" a tenté de lui imposer une fellation. Dans son bureau, il aurait ouvert sa braguette : "Il prend ma tête, l’approche de son sexe pour m’obliger à lui faire une fellation. Je le repousse très fort, je l’insulte et je pars en courant." Une autre femme raconte que Thierry Marchal-Beck "plaque ses mains sur ses seins et les malaxe devant ses amis qui assistent, bouche bée, à la scène, de face".

Une troisième femme témoigne : "Il n’était pas entreprenant, simplement violent." Une autre raconte comment Thierry Marchal-Beck, après une relation consentie, se serait fait menaçant, la couvrant de SMS. "Je ne pouvais plus m’en sortir, dit-elle. J’ai dû le masturber pour m’en débarrasser. Il disait : 'Comme tu as dit oui une fois, tu ne peux plus dire non maintenant.'"

Pourquoi cette omerta au MJS ?

Dans un autre article, Libération raconte les "années d’omerta et de duplicité" au MJS : "Beaucoup de cadres connaissaient son comportement." A plusieurs reprises, certaines femmes ont tenté d'alerter sur la situation, en vain. Première explication : Thierry Marchal-Beck a fait de son engagement féministe - une valeur portée par le MJS - un pivot de son discours. "Vous êtes supposés vous battre pour ces valeurs d’égalité, de féminisme, et vous voyez que non seulement elles ne sont pas appliquées mais qu’elles sont foulées au pied. C’était un peu schizophrène", estime une ancienne animatrice fédérale. Par ailleurs, Libé décrit un mouvement où la parole des femmes a été minimisée ou ignorée. 

Les victimes qui sonnent l'alarme doivent faire face au "poids de l'organisation" : "Parler de harcèlement en interne sans toucher l’image du mouvement, c’est ça la question." Au MJS, dans une "ambiance mêlant en permanence sexe et politique", certaines alertes sont considérées comme une "instrumentalisation politique". Une ancienne secrétaire nationale du MJS raconte avoir évoqué le "problème TMB" dès 2011 mais, pour elle, "l’orga a couvert". 

Et le quotidien décrit un "système de protection autour de TMB" entre 2011 et 2013. "Quand il venait en province, il y avait une bulle de sécurité autour de lui, pour être sûr qu’il rentre dormir sans déraper." Un système "connu de tous". Dans les colonnes du quotidien, un permanent du MJS se souvient d'ailleurs être intervenu auprès du président du parti et de lui avoir lancé : "Maintenant, t’arrêtes tes conneries." A celles et ceux qui s'insurgent du comportement de Thierry Marchal-Beck, ce dernier leur offre "au mieux de la colère, au pire des menaces."

Ancien président du MJS et figure tutélaire du mouvement, Benoît Hamon assure avoir eu connaissance "vaguement des rumeurs" en 2012. "Je ne disposais d’aucune information tangible, solide, précise (...). Je pense que, jusqu’à il y a peu, nous n’étions pas culturellement préparés à tout ça. La société française est en train de faire un pas considérable sur les sujets de harcèlement : la maturité est là", explique à Libération l'ancien candidat socialiste à la présidence.

Qui est Thierry Marchal-Beck ?

Président du MJS entre 2011 et 2013, Thierry Marchal-Beck est un militant socialiste historique. Ancien de l'Union nationale lycéenne (UNL), il entre au MJS en 2002, à l'âge de 17 ans pour faire la campagne de Lionel Jospin. En accédant à la présidence du mouvement des Jeunes socialistes, il met en avant deux axes programmatiques : le féminisme et l'écologie, souligne Libé. A la tête du MJS lors de la campagne de François Hollande en 2012, il lui arrive de chauffer les salles pour le candidat socialiste.

Thierry Marchal-Beck se posait en militant de la cause féministe, rappelle Le Lab qui publie un extrait de l'un de ses discours en 2013 dans lequel il imagine la France de 2025. "En 2025, l’égalité salariale est la norme (…) Les violences faites aux femmes reculent même si elles demeurent un fléau", disait-il. Après son mandat à la tête du MJS, il effectue un stage à Bercy dans le cabinet de Benoît Hamon, en 2014. Il sera son chef de cabinet adjoint au ministère de l'Education. Thierry Marchal-Beck passe dans le privé en 2015 et 2016, avant d'intégrer l'équipe de campagne de Benoît Hamon pour la présidentielle. A bientôt 32 ans, il n'est plus membre du PS depuis deux ans, indique aujourd'hui le parti de la rue de Solférino. 

Comment réagissent les socialistes ?

Les "témoignages qui accusent un ancien président du MJS de harcèlements sexuels et d'agressions sexuelles à l'encontre de jeunes femmes, militantes du mouvement de jeunesse, sont d'une extrême gravité. Ils ne sauraient rester sans suites judiciaires adéquates", indique le Parti socialiste dans un communiqué publié lundi soir. Le PS "salue le courage dont ont fait preuve ces femmes pour dénoncer des faits qui devront désormais être qualifiés par la justice".

De son côté, la secrétaire nationale du PS, Rita Maalouf, en charge des droits des femmes, a indiqué à l'AFP qu'elle souhaitait la mise en place d'une cellule d'écoute au sein du parti, et "une formation obligatoire sur ces questions pour les militants, les cadres et les élus", demandant en outre qu'à l'avenir "le harcèlement soit un motif d'exclusion". 

L'actuel président du MJS, Benjamin Lucas, s'est dit "révulsé", et s'est engagé sur Facebook à "continuer le travail entrepris [depuis] plusieurs semaines" pour "interroger et transformer nos cadres collectifs, nos pratiques, nos silences". Il ajoute : "Conscient-e-s des retards qui subsistent et de nos propres défaillances, notre responsabilité est immense." Sur Twitter Laurianne Deniaud, ancienne présidente du mouvement, de 2009 à 2011, s'est elle aussi indignée des révélations qui touchent le MSJ.

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