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Loi "sécurité globale" : en retrait, le Rassemblement national laisse la majorité s'écharper sur un sujet régalien

Le parti d'extrême droite est resté étrangement silencieux pendant les débats sur la proposition de loi. Pour les élus RN, la dernière reculade du gouvernement achève de décrédibiliser l'exécutif sur le sujet de la sécurité.

Article rédigé par franceinfo - Julie Pacaud
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Marine Le Pen, présidente du Rassemblement national, lors du débat sur le projet de loi sur la "sécurité globale" à l'Assemblée nationale, le 20 novembre 2020 (photo d'illustration). (BERTRAND GUAY / AFP)

Depuis plusieurs semaines, la proposition de loi sur la "sécurité globale" enflamme les débats dans la classe politique. À l’Assemblée, les oppositions, La France insoumise en tête, ont tiré à boulet rouge sur le gouvernement tandis qu’une partie des Républicains ont tenté la surenchère. Le Rassemblement national lui est resté étrangement silencieux. Le RN, dont les députés ont voté le texte, a en effet tout intérêt à laisser la majorité s'écharper sur ce sujet emblématique sur la sécurité que l'exécutif cherche désespérément à incarner.

Ils boivent du petit lait, les élus du Rassemblement national. Selon eux, le dernier épisode en date de la reculade gouvernementale face à l’article 24 de la proposition de loi achève de décrédibiliser un exécutif qui rate une nouvelle fois son virage régalien. "C’est un peu piteux", réagit Sébastien Chenu, député du Nord et porte-parole du RN, après l’audition de Gérald Darmanin face à la commission des lois lundi 30 novembre. "Avoir un ministre de l’Intérieur qui est en train d’avaler son chapeau à nous dire que la sécurité des Français repose sur quelques caméras-piétons comme on colle des rustines, ça ne va pas solutionner le problème", estime Sébastien Chenu.

"La rancœur des yeux crevés"

Le RN qui a tout de même voté pour le texte tant décrié en première lecture. "On est pas tombés dans le piège de voter contre, on nous aurait accusé d’irresponsabilité", dit un élu. Et si "l'article 24 n'a pas traumatisé le Français moyen" selon lui, il garde un œil attentif aux remontées de l'électorat. "Un électorat qui a soutenu aussi les gilets jaunes et qui a toujours la rancœur des yeux crevés", explique-t-il.

Il est donc plus sage d’attendre le "projet de loi confortant les principes républicains" pour se faire à nouveau entendre. Il sera présenté en Conseil des ministres le 9 décembre prochain. Marine Le Pen à prévu de s’exprimer pour l’occasion. Une loi "beaucoup plus fondatrice" pour le RN, dit un de ses proches afin de poser les jalons dans la perspective de la présidentielle. Mais sur la sécurité ou l’immigration, ce n’est pas là que le RN à le plus de points à glaner. C'est sur l’économie que "Marine Le Pen doit se crédibiliser", indique un conseiller. Ses troupes sont déjà à la tâche.

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