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Vidéo "Sécurité globale" et violences policières : ce qu'il faut retenir de l'audition de Gérald Darmanin devant les députés

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Temps de lecture : 7min - vidéo : 25min
Gérald Darmanin devant la commission des lois de l'Assemblée
Gérald Darmanin devant la commission des lois de l'Assemblée Gérald Darmanin devant la commission des lois de l'Assemblée
Article rédigé par franceinfo avec AFP
France Télévisions

Le ministre de l'Intérieur était auditionné par la commission des lois de l'Assemblée nationale, lundi, après dix jours entachés par des violences policières et des manifestations contre la proposition de loi "sécurité globale".

Son audition a duré plus de deux heures et demi. Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a été longuement entendu par les députés de la commission des lois de l'Assemblée nationale, lundi 30 novembre, après dix jours entachés par des violences policières et des manifestations contre la proposition de loi "sécurité globale". Son audition visait à faire le point "sur les conditions dans lesquelles les forces de l'ordre ont eu recours à la force lors de différents événements survenus à Paris depuis la manifestation du 17 novembre 2020". S'il a dénoncé les "actes inqualifiables" de certains policiers, il a réaffirmé son soutien aux forces de l'ordre et au préfet de police de Paris, Didier Lallement. 

Il faut "donner à la police de la République, à la gendarmerie nationale, les moyens de l'exemplarité qu'on exige d'eux", a déclaré le ministre lors de cette audition, avant d'énumérer selon lui les "sept péchés capitaux" qui pèsent sur les forces de l'ordre. Passage en revue de ses principales déclarations. 

"Une vidéo ignoble" et des "actes inqualifiables"

"Ceux qui doivent être sanctionnés n'ont rien à faire dans la police nationale, a-t-il réagi au sujet de l'affaire Michel Zecler. Des actes inqualifiables ont été commis par ceux qui portent l'uniforme de la République." Commentant les images de l'agression de ce producteur de musique noir dans le 17e arrondissement, qui ont été mises en ligne par Loopsider, Gérald Darmanin a dénoncé "une vidéo ignoble". Au départ, "j'ai cru que ce n'était pas des vrais policiers", a-t-il admis.

"Je souhaite que nous puissions continuer à protéger les policiers et les gendarmes dans les opérations de police et leur vie personnelle mais la contrepartie de ce soutien très fort, c'est ma demande très forte d'exemplarité avec les fonctionnaires de police", a-t-il ajouté.

Pas de "divorce entre la police et la population"

"Je ne partage pas le fait qu'il y ait un divorce entre la police et sa population, a néanmoins estimé le ministre de l'Intérieur. Les gardiens de la paix sont rarement des enfants de PDG, ils sont les enfants des classes ouvrières, populaires, ils sont issus du peuple. Il n'y a pas d'un côté la police et de l'autre côté la population française." Selon Gérald Darmanin, "il n'y a pas à renouer, ce fil n'a jamais été perdu, mais il y a à faire comprendre les difficultés que vivent les policiers et à comprendre aussi comment la population souhaite aujourd'hui l'exercice de la force légitime".

S'il a pointé des "problèmes structurels qui ne datent pas d'hier", il a souligné que "les individualités ne sont pas un tout", en prévenant qu'il "ne supporterait pas qu'on porte atteinte à l'institution de la police et de la gendarmerie". Pour renforcer ce lien entre la police et la population, le ministre a préconisé de porter à 30 000 le nombre de policiers membres de la "réserve", soit le même niveau que la réserve de la gendarmerie.

Un problème de formation, d'encadrement et de matériel

Gérald Darmanin a malgré tout listé plusieurs problèmes. Premier péché capital à ses yeux, "le peu de formation que nous offrons à nos policiers". "Un policier national, c'est 12 heures de formation annuelle", a-t-il dit, pointant le fait que "20% seulement des policiers font ces 12 heures annuelles en 2019". Pour y remédier, "j'ai proposé au président de la République cet après-midi" une "formation initiale plus importante", a précisé le ministre.

Deuxième péché, selon lui : "Le fait qu'il n'y a pas assez de chefs et de sous-chefs", c’est-à-dire des sous-officiers. Il faut "recréer un corps intermédiaire d'encadrement plus nombreux auprès des policiers, et des policiers et des gendarmes sur le terrain", a-t-il argumenté.

Viennent ensuite les problèmes de "matériel" et des "images", a poursuivi Gérald Darmanin, en réaffirmant l'intérêt des caméras piétons, qui seront généralisées le 1er juillet, comme il l'avait annoncé.

L'IGPN pas "aussi mauvaise" que certains le disent 

Au rang des sept péchés capitaux, figure aussi "la question des inspections". Il y a  "beaucoup de débats autour de l'IGPN", a souligné Gérald Darmanin. Reconnaissant les difficultés liées à la double casquette de la "police des polices", qui est "à la fois un service d'inspection sous la responsabilité du ministère de l'Intérieur et un service d'enquête judiciaire", le ministre a soulevé le fait que "si l'IGPN était aussi mauvaise" que certains le disent, "le procureur de la République ne l'aurait pas saisie" de l'enquête sur les violences dont a été victime Michel Zecler.

Le ministre a indiqué qu'il n'était pas "favorable" à une transformation de l'IGPN en autorité administrative indépendante : "On la connaît : elle s'appelle le Défenseur des droits." "Si réforme" de l'IGPN il y a à faire, a-t-il poursuivi, il faudrait que ses "préconisations" en matière de sanctions administratives soient suivies d'effet. 

"Le préfet Lallement a toute ma confiance" 

Interpellé par plusieurs députés sur la responsabilité du préfet de police de Paris dans les dérapages policiers, et répondant aux appels à sa démission, Gérald Darmanin lui a réitéré son soutien. "Le préfet Lallement a toute ma confiance, a déclaré le ministre. Le préfet Lallement a un patron, c'est le ministre de l'Intérieur. Je n'ai ni amour ni haine du préfet Lallement (...) c'est un fonctionnaire travailleur, qui ne m'a jamais menti, qui dirige l'un des postes les plus difficiles de France."

"Et j'ai constaté depuis que je suis en poste qu'il ne faillit pas à ses fonctions", a ajouté le locataire de la place Beauvau, estimant que Didier Lallement "n'a pas pris de mauvaise décision structurelle" lors du démantèlement du camp de migrants place de la République lundi 23 novembre et lors de la marche des Libertés samedi 28 novembre.

La protection des policiers et celle de la liberté de la presse "ne sont pas en concurrence"

S'agissant du très controversé article 24 de la proposition de loi "sécurité globale", qui restreint la liberté de filmer les forces de l'ordre et qui doit être réécrit par la majorité, le ministre de l'Intérieur a martelé : "Les forces de l'ordre ne sont pas assez protégées, je n'ai pas changé de conviction". Selon lui, "la protection des policiers et la protection de la liberté de la presse ne sont pas en concurrence, elles sont complémentaires"

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