Poussée du FN: raisons structurelles, conjoncturelles, nouveau FN ?
Entre 2010 et 2015, le FN est passé de 12% à 30% dans la commune de Vierzon (Cher). Quant à la droite républicaine, elle s'est effondrée de 22% à moins de 14% quand le PS est passé de 23,5% à moins de 14%. Pour Nicolas Sansu, maire PC de Vierzon, cette poussée du FN, qui s'exprime aussi au niveau national, s'explique en partie par les politiques menées par les partis traditionnels. "Depuis trop de temps, les politiques menées font place à l’individualisme et mettent fin à toutes les destinées collectives et voilà le résultat. Il y a un certain nombre d’électeurs qui par dégoût se sont détournés des partis de gouvernement ", estime-t-il.
"Les enjeux politiques nationaux ont dominé la campagne, malgré nous" (Nicolas Bay)
Mais pour Nicolas Bay, secrétaire général du FN et tête de liste en région Normandie, le vote Front national "n'est plus un vote exclusivement protestataire, c’est devenu un vote d’adhésion. C’est une progression constante du FN ", souligne-t-il. Les élections régionales ont aussi profité au parti d'extrême droite dans un contexte national et international particulier, reconnaît-il. "Les enjeux politiques nationaux ont dominé la campagne, malgré nous, en raison des événements tragiques que la France a connus, et ont donné raison à l’analyse et aux propositions du FN sur l’immigration massive, sur l'islamisme radical, sur le terrorisme ", explique le frontiste. "Ensuite, le Front national est aussi arrivé à maturité, s'est encré dans les territoires et aujourd'hui le FN apparaît clairement comme crédible ", poursuit-il.
"La dépression française fait qu'aucune élection ne se fait sur un programme" (Stéphane Rozès)
Pour le politologue Stéphane Rozès, ce n'est pas le programme du Front national pour les régionales qui l'a propulsé en tête des résultats du scrutin de dimanche dans six régions sur 13. "Le programme régional du FN n’a pas été le sujet durant cette campagne parce que la réforme territoriale n'a été fixée ni à partir de principe généraux, ni nationaux. De sorte que le sujet pour les électeurs c'était à qui confie-t-on les clés, sans que l'électorat sache très bien quel était le contenu de la maison elle-même ", analyse-t-il. "Les fondamentaux nationaux ont donc prévalu comme jamais lors d'une élection et ces fondamentaux sont marqués par de longues années de dépression française. Et la dépression française fait qu'aucune élection ne se fait sur un programme, à peine un projet. Le sujet du pays est existentiel".
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