Cet article date de plus de neuf ans.

Pourquoi le FN envisage d'écarter Jean-Marie Le Pen d'une candidature en Paca aux régionales

Après la récidive du président d'honneur du parti sur les chambres à gaz, le Front national s'interroge sur le maintien de sa candidature comme tête de liste en Provence-Alpes-Côte d'Azur.

Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Jean-Marie Le Pen, le 22 mars 2015, au siège du Front national, à Nanterre (Hauts-de-Seine). (CITIZENSIDE/FRANCOIS PAULETTO / AFP)

Enième provocation signée Jean-Marie Le Pen. Celle de trop pour le parti ? La question taraude les dirigeants du Front national, après les propos récidivistes du président d'honneur du parti sur les chambres à gaz. Invité, jeudi 2 avril, de BFMTV, le père de Marine Le Pen a expliqué n'avoir "à aucun moment regretté" de les avoir qualifiées de "détail" de la seconde guerre mondiale. Une déclaration effectuée pour la première fois en 1987. 

Conséquence immédiate : le secrétaire général du parti, Nicolas Bay, a estimé vendredi, sur Europe 1, que ces propos pourraient "nuire" à la candidature aux régionales de Jean-Marie Le Pen dans la région Provence-Alpes-Côte-d'Azur (Paca). Le 11 janvier, à Tarascon (Bouches-du-Rhône), le dirigeant historique frontiste avait annoncé qu'il conduirait la liste du FN en Paca.  Ce ne sera peut-être pas le cas. Voici pourquoi Jean-Marie Le Pen pourrait être écarté. 

Parce que ses propos ne correspondent plus à la ligne

Nicolas Bay l'a martelé sur Europe 1, les propos de Jean-Marie Le Pen "ne correspondent absolument pas à la ligne du FN, ils n'engagent que lui à titre personnel et aucunement le FN". Pire encore, ils "nuisent à la qualité du message politique du FN".

La condamnation du secrétaire général suit, celle, la veille, de la présidente du parti. Marine le Pen a déclaré être "en profond désaccord sur le fond et sur la forme" avec cette vision de l'histoire qui vaut au fondateur du parti une enquête préliminaire du parquet de Paris pour contestation de crimes contre l'humanité.

Marine Le Pen, qui veut faire du FN le "meilleur bouclier" des Français juifs, s'est démarquée à plusieurs reprises des propos de son père sur le sujet, affirmant en 2011 que les camps nazis étaient "le summum de la barbarie". 

Parce qu'on lui tendrait inévitablement le micro

Les actuels dirigeants du parti cachent de moins en moins leur exaspération en voyant les micros continuer à se tendre vers le fondateur, dans l'attente d'une nouvelle saillie. "Il y a quelque chose aussi de choquant de la part [du journaliste de RMC et de BFMTV] Jean-Jacques Bourdin à venir relancer Jean-Marie Le Pen une énième fois sur le sujet", a déclaré Nicolas Bay sur Europe 1. 

Dans un entretien au magazine Causeur, Marine Le Pen a estimé que ces scandales à répétition servent surtout à  "arracher" Jean-Marie Le Pen "au néant médiatique". "Ces déclarations n'entachent pas le crédit du FN, mais le sien", avait-elle ajouté. Elles nuisent tout de même à la volonté de la présidente de dédiaboliser le Front national. D'où la volonté de faire taire l'eurodéputé octogénaire, et la multiplication des attaques contre le vieux dirigeant, au sein de son propre camp ?

Ainsi, interrogé sur Europe 1, le bras droit de Marine Le Pen, Florian Philippot, a parlé d'une "provocation parfaitement inutile". Plus libre, puisque pas encarté au FN, le député Rassemblement bleu Marine du Gard, Gilbert Collard, a qualifié de "désespérants" sur Twitter les propos sur les chambres à gaz, voyant en Jean-Marie Le Pen un "tract ambulatoire" pour Manuel Valls. "Ferme ta gueule, espèce de collard !", a immédiatement répliqué Jean-Marie Le Pen sur le même réseau social.

Pour laisser la place à Marion Maréchal-Le Pen ?

Marion Maréchal-Le Pen, troisième génération de la famille, pourrait-elle prendre la place de son grand-père en tête de liste en Paca ? La députée s'est fortement investie dans la campagne des départementales dans le Vaucluse, département dans lequel le parti a décroché 6 sièges. Elle incarnerait un renouveau générationnel. Mais il y a un obstacle de taille : elle ne souhaite pas rentrer en conflit avec son grand-père, à en croire ces propos rapportés par Le Parisien : "S'il souhaite être candidat, je n'irai pas contre sa candidature".

Florian Philippot a toutefois donné crédit à cette hypothèse. Le vice-président du Front national a déclaré vendredi, sur LCI, qu'il pouvait y avoir d'"autres candidatures" pour la tête de liste que celle de Jean-Marie Le Pen, qu'il juge "affaibli" par ses dernières déclarations. Au journaliste avançant le nom de Marion Maréchal-Le Pen, il a répondu : "par exemple". Et d'ajouter : "Je crois que Jean-Marie Le Pen avait dit qu'il s'effacerait devant elle si elle souhaitait être candidate, tête de liste" 

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.