Pierre Lellouche : des sanctions commerciales turques contre la France seraient "illégales"
D'éventuelles sanctions commerciales turques contre la France, envisagées par Ankara après le vote d'une loi sur le génocide arménien, seraient illégales, a déclaré mercredi 28 décembre, Pierre Lellouche, secrétaire d'Etat UMP au Commerce extérieur.
Pierre Lellouche souhaite une sortie de crise avec la Turquie. Tout en appelant à la "désescalade", le secrétaire d'Etat UMP au Commerce extérieur a mis en garde Ankara, mercredi matin sur France 2, contre d'éventuelles sanctions commerciales contre la France.
"Je ne souhaite pas que les Turcs s'embarquent dans une affaire de ce genre, parce que ce serait proprement illégal", a-t-il affirmé.
"Le gouvernement turc n'a rien avoir avec ce qui s'est passé en 1915"
L'adoption, le 22 décembre par l'Assemblée nationale, d'une loi faisant de la négation du génocide arménien de 1915 un délit pénal passible d'un an de prison et 45.000 euros d'amende a suscité la colère de la Turquie. En réaction, Ankara a annoncé le gel de sa coopération militaire avec la France et le rappel de son ambassadeur à Paris.
Cette loi, dont l'adoption avait été annoncée par le chef de l'Etat, lors d'une récente visite en Arménie, est critiquée en France par certains élus de droite comme de gauche. Pour eux, cette loi présente l'inconvénient majeur d'indisposer un pays en très forte croissance économique, stratégique diplomatiquement et militairement dans la région.
Pierre Lellouche a justifié à nouveau la loi. "Ce que la France fait depuis dix ans, c'est simplement un hommage aux victimes et affirmer notre voie en matière de droits de l'homme", a-t-il dit. "Le gouvernement turc actuel n'a rien à voir avec ce qui s'est passé en 1915. Il faut donc trouver une sortie de crise", a-t-il cependant ajouté.
Pierre Lellouche, aux "4 vérités" France 2,le 28 décembre 2011
Prié de dire s'il souhaitait que le Sénat inscrive ce texte à son ordre du jour avant la fin de la session parlementaire en février, M. Lellouche ne s'est pas prononcé. Le Sénat doit voter le texte pour qu'il devienne effectif.
Pour Charles Aznavour, c'est " justice rendue"
Ce vote a suscité des "sentiments de fierté, de reconnaissance et de justice rendue" chez le chanteur d'origine arménienne Charles Aznavour, qui s'en est ouvert dans une lettre à Nicolas Sarkozy.
En France, cette proposition de loi a semé le trouble jusqu'au sommet de l'exécutif, notamment entre le président de la République et le ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé. Des menaces et des insultes ont même visé Valérie Boyer, députée des Bouches-du-Rhône, auteure de la proposition de loi. Elle a porté plainte, lundi 26 décembre, à Marseille, après s'être fait également pirater son site internet par des militants pro-Turquie.
La Turquie nie tout "génocide" sur les Arméniens en 1915 mais reconnaît des "massacres" qu'elle lie à la Première guerre mondiale. L'historien français Pierre Nora estimait dans Le Monde, daté de mercredi, qu'il s'agissait essentiellement d'un problème de sémantique.
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