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Perte du AAA : les candidats commentent abondamment mais silence de Nicolas Sarkozy

Au lendemain de la perte du AAA de la France, la classe politique a longuement commenté la nouvelle, samedi 15 janvier, s'opposant même à distance. Seule une voix a manqué dans ce concert de réactions, celle du Président sortant, Nicolas Sarkozy.
Article rédigé par Catherine Rougerie
France Télévisions
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Nicolas Sarkozy, à l'Elysée (Paris), le 13 janvier 2012. (AFP - Miguel Medina)

Au lendemain de la perte du AAA de la France, la classe politique a longuement commenté la nouvelle, samedi 15 janvier, s'opposant même à distance. Seule une voix a manqué dans ce concert de réactions, celle du Président sortant, Nicolas Sarkozy.

S'exprimera-t-il sur la décision de Standard & Poor's (S&P), dimanche 15 janvier, lors de son déplacement à Amboise (Indre-et-Loire) pour le 100ème anniversaire de la naissance de Michel Debré ?

Ou restera-t-il retranché derrière ses principaux lieutenants, montés en première ligne depuis 24 heures, à commencer par le Premier ministre, François Fillon, samedi et le ministre de l'économie, François Baroin, la veille ?

D'habitude plus loquace, le chef de l'Etat, Nicolas Sarkozy, n'avait toujours pas fait état, samedi soir, de son analyse de la sanction infligée par l'agence américains Standard & Poor's.

Hollande attaque

Premier à dégainer samedi matin, François Hollande. Quelques heures avant de s'envoler pour Point-à-Pitre (Guadeloupe) pour y tenir meeting, le candidat socialiste avait convié la presse. L'air sombre et la voix ferme, il a centré ses critiques sur la politique menée par Nicolas Sarkozy.

"C'est la crédibilité de la stratégie conduite depuis 2007 qui est ainsi mise en cause : elle a manqué de cohérence, de constance et de clairvoyance, et surtout de résultats !", a déclaré M. Hollande redoutant que les Français en payent les conséquences.

Bis repetita dans un entretien publié sur le site du Monde. Le député de Corrèze y réitère ses accusations et met en doute les propos du ministre du budget, François Baroin, excluant un nouveau plan de rigueur.

"Qui peut croire, alors que la croissance va être de 0,5 % au lieu des 1 % affichés, que nous pourrons atteindre l'objectif de réduction de nos déficits à la fin de l'année ?, s'interroge M. Hollande avant d'indiquer que s'il est élu, "les premiers mois seront consacrés au redressement, au rétablissement des comptes publics et à la politique industrielle".

Fillon répond

Aux grands maux, les grands remèdes. Côté UMP, c'est le chef de l'exécutif en personne qui, quelques heures plus tard, est monté au front pour parer aux attaques.

Visant les socialistes, il a lancé : "ceux qui dramatisent la situation doivent y réfléchir à deux fois : ce sont en effet les mêmes qui ont refusé de voter les réformes destinées à renforcer notre compétitivité ou à réduire les déficits", citant la réduction des effectifs dans la fonction publique, la réforme des retraites ou la règle d'or.

Puis il a livré sa vision de la dégradation de la note de la France. A l'opposé se celle de M. Hollande.

"Standard & Poor's motive sa décision par la situation de la zone euro et par son impact sur nous. Elle confirme que notre économie est solide, diversifiée et résistante. Elle souligne que le Gouvernement a mis en œuvre les réformes nécessaires et qu'il applique une stratégie de réduction du déficit et de la dette qui est crédible", a fait valoir le Premier ministre.

Mélenchon "consterné" par Fillon, "très déçu" par Hollande

Le chef de l'exécutif n'a pas convaincu le candidat du front de gauche, Jean-Luc Mélenchon. Loin s'en faut. Interrogé par la presse samedi avant un meeting au Zénith de Nantes, l'eurodéputé s'est dit "consterné.

"Croyez-vous que (François Fillon) viendrait s'excuser ? Non ! il annonce qu'il est prêt à faire des réformes et mettre le doigt dans l'engrenage sans fin de l'austérité", a-t-il déploré, dénonçant un "concours du sang et des larmes" avec des responsables qui "marchent le béret à la main et baissent les yeux".

M. Fillon "capitule", "c'est aussi la position de M. Bayrou", a-t-il dit, mettant également Marine Le Pen dans le camp des "austéritaires".

Se disant "très déçu par l'intervention de François Hollande, l'eurodéputé a déploré que le candidat PS "ne remette pas en cause ni le système financier, ni le système des agences de notation".

Bayrou renvoie dos à dos UMP et PS

Fidèle à sa ligne politique, le président du MoDem a renvoyé dos à dos la droite et la gauche.

Lors d'un forum à Paris, François Bayrou a jugé "qu'il a été révélé hier soir aux yeux des Français que la situation de notre pays était plus grave que les gouvernements successifs ne l'avaient dit depuis longtemps" puis a pointé "la responsabilité des deux forces qu'on présente comme principales, l'UMP et le PS".

Le Pen voit "la fin du Président protecteur"

Créditée de 19% à 21,5% d'intentions de vote dans les sondages, la candidate du FN, Marine Le Pen, pourrait bien être la principale bénéficiaire de la dégradation de la note française. Partisane de la sortie de l'euro, la frontiste n'a pas organisé de point presse, samedi, estimant, sans doute, que les événements plaidaient pour sa cause.

La veille cependant, elle avait dénoncé sur iTélé, un Président incapable de tenir "le rôle de protecteur" qu'il avait promis.

Puis sur BFM-TV elle a affirmé que la décision de S&P disqualifiait " tous ceux qui, de Nicolas Sarkozy à François Hollande, en passant par François Bayrou, ont imposé la monnaie unique et défendu un modèle économique qui n'est pas viable".

Attendue à Rouen pour un grand meeting, dimanche 15 janvier, l'eurodéputée devrait largement développer ses thèses.

Si Nicolas Sarkozy opte pour la discrétion, celle qui occupe la troisième place des sondages se chargera d'occuper le devant la scène, à moins de cent jours de la présidentielle.

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