: Reportage Présidentielle 2022 : à Marseille, les doutes des électeurs de gauche sur un potentiel rassemblement pour les législatives
Alors que la deuxième ville de France avait placé Jean-Luc Mélenchon en tête au premier tour de la présidentielle, les électeurs de gauche ne sont "pas sûrs" que la gauche puisse se rassembler pour les législatives, car les candidats n'ont "rien en commun".
Juste à côté du Vieux-Port de Marseille (Bouches-du-Rhône), Ahmed lit le journal sur son banc, lundi 25 avril. À l'intérieur, il y a les résultats de l'élection présidentielle mais surtout beaucoup d'interrogations sur la suite des événements, notamment à gauche. "Est-ce que ça va passer l'histoire de la gauche ? Je ne suis pas sûr", estime-t-il, dubitatif. Arrivé en troisième position du scrutin, le leader de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, appelle à faire des élections législatives un "troisième tour".
Jean-Luc Mélenchon veut créer une majorité à l'Assemblée nationale pour pouvoir diriger le pays et empêcher l'application du programme d'Emmanuel Macron. Les insoumis posent néanmoins de lourdes conditions pour s'allier avec les communistes les écologistes et les socialistes. "On va avoir deux blocs : la gauche et Macron. Ça va barrer la route au Rassemblement national", ambitionne Ahmed. Dans la deuxième ville de France, le candidat de La France insoumise est largement arrivé en tête du premier tour.
Des électeurs dubitatifs sur un rassemblement
Si, sur le papier, l'idée a de quoi séduire les partisans de LFI, les électeurs marseillais ont beaucoup de mal à y croire. "Vu ce qui s'est passé au premier tour, je doute", glisse Éliane, estimant ainsi que si les candidats à la présidentielle n'ont pas réussi à organiser une candidature commune pour le premier tour, il apparaît improbable qu'ils en soient capables en vue des législatives. Elle souhaite pourtant un rassemblement des différents partis "pour qu'il y ait une vraie gauche représentée".
Daniel a, lui aussi, du mal à voir comment tous les partis de gauche vont pouvoir se mettre d'accord. "Je ne vois pas vraiment l'intérêt que Mélenchon soit Premier ministre. Ce sera une petite vengeance rose, mais est-ce que ça aura un impact quotidien dans la vie des Français ? J'en doute." Lui qui a toujours voté à gauche éclate de rire quand on lui demande si ce rassemblement doit se faire avec les socialistes. "Il n'existe plus le PS ! Il s'est auto-noyauté", s'esclaffe-t-il.
Trop de dissensions programmatiques
Éclat de rire révélateur de réelles dissensions. Avec qui faire alliance ? Et surtout, pour quoi faire ? "Il n'y a rien en commun entre entre Mélenchon et Hidalgo", résume Jean-Paul. Peuvent-ils se réunir sur leur détestation du programme d'Emmanuel Macron ?
"Quand on veut diriger le pays, c'est sur un programme, avec un projet et des idées, pas en disant qu'on va s'opposer à Macron. Il faut diriger le pays."
Jean-Paul, électeur de gaucheà franceinfo
Il n'y a que les plus jeunes, à Marseille, pour croire en l'union de la gauche. "Si on n'y croit pas, ça ne mène à rien ! Il faut y croire", plaide Anaïs, 19 ans. "Il faut en parler et faire prendre conscience aux gens qu'il faut aller voter à toutes les élections. Il n'y en a pas qui sont plus importantes que d'autres. Peut-être que ça ne se fera pas et que je suis encore dans l'illusion car je suis jeune mais ce n'est pas grave." L'essentiel, pour Anaïs, c'est bien d'espérer - comme l'indique Jean-Luc Mélenchon - "qu'un autre monde est encore possible".
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