Direction du Parti communiste désavouée par les militants : "Ce n'est pas un rejet de Pierre Laurent"
La défaite du texte d'orientation de Pierre Laurent en vue du congrès n'est pas "un rejet" du secrétaire national du Parti communiste, affirme le député André Chassaigne.
Le vote surprise des militants du Parti communiste français, qui ont pour la première fois de l'histoire de la formation désavoué le texte présenté par le secrétaire national Pierre Laurent en vue du prochain congrès extraordinaire, s'explique par "le refus de l'effacement du parti", a affirmé dimanche 7 octobre André Chassaigne, député PCF du Puy-de-Dôme, sur franceinfo.
Les adhérents qui ont voté ont choisi de placer en tête, avec 42,15% des suffrages exprimés, "Pour un manifeste du Parti communiste du XXIe siècle". Le texte du conseil national dirigé par Pierre Laurent n'a récolté que 37,99% des suffrages exprimés.
André Chassaigne, qui soutient le texte arrivé en tête, appelle le parti à "ne plus être à la remorque" des autres formations politiques, et à "retrouver une force que le PCF a perdu".
franceinfo : C'est un coup de tonnerre au parti communiste, qu'est-ce qui s'est passé?
André Chassaigne : Je ne parlerais pas de révolution, même si c'est vrai qu'on est dans une situation inédite. C'est la première fois dans l'histoire du parti communiste français que le texte présenté par la direction sortante et par le conseil national non seulement n'arrive pas en tête, mais n'a pas la majorité absolue comme c'est le cas d'habitude. Ce n'est pas un rejet de Pierre Laurent en tant que tel, mais c'est l'affirmation d'une volonté d'un Parti communiste qui retrouve toute sa place dans le paysage politique français parce qu'on a besoin de lui, c'est une question d'utilité sociale. Donc c'est une forme de refus de l'effacement du Parti communiste français qui est le résultat d'une ligne stratégique.
Vous regrettez l'effacement du PCF au profit des Insoumis de Jean-Luc Mélenchon, notamment lors de la dernière élection présidentielle?
Ce n'est pas la question des Insoumis de Jean-Luc Mélenchon. Petit à petit, on a perdu cette spécificité qui est la nôtre d'être d'une force qui compte, une force de rassemblement et on a eu trop tendance à se mettre à la remorque d'autres partis politiques. Cela a abouti à effacer notre parole publique et à faire de nous une organisation politique qui n'apparaît quasiment plus dans le paysage politique. C'est une forme d'impuissance. Des campagnes qui devraient être des campagnes populaires, larges, on ne les mène pas de façon déterminée et visible. Donc ce que l'on veut, c'est conduire véritablement des actions qui mobilisent le plus grand nombre, et qu'on ne soit pas tétanisé par les conséquences que notre campagne pourra avoir sur telle ou telle élection à venir. On veut montrer qu'on est encore un grand parti, il faut qu'on puisse retrouver une force que l'on a perdu.
A quoi doit ressembler le parti communiste du XXIe siècle?
Le parti communiste du XXIe siècle doit affirmer que le communisme c'est une perspective qui a de l'avenir. De plus en plus, on le voit partout sur la planète, on a besoin du communisme, dans le sens "faire du commun" et de transformer fondamentalement cette société qui est écrasée par l'argent. La deuxième chose, c'est de s'attaquer véritablement au cœur des problèmes. Dans le cadre de la campagne pour les élections européennes, il ne s'agira pas de dire seulement "on s'attaque à une oligarchie européenne", mais que c'est le système en tant que tel qu'il faut attaquer, avec la Banque centrale européenne, la domination de pouvoirs financiers, l'évasion fiscale, les paradis fiscaux.
C'est aussi l'ambition de la France insoumise, or pour l'instant vous vous présentez seuls pour cette élection européenne...
Je me refuse, à ce que l'on soit toujours les supplétifs d'autres, ça passe par du courage politique. Je souhaite que l'on puisse, avec Ian Brossat, conduire une liste aux élections européennes, qui ne soit pas limitée aux communistes. Je ne suis fermé à aucune possibilité d'alliance, mais l'essentiel, c'est que les rassemblements ne soient pas des rassemblements de têtes, d'appareils, que ça s'appuie sur des actions sur le terrain. Il faut faire appel à des syndicalistes, à des progressistes, à des responsables associatifs.
Voulez-vous prendre la place de Pierre Laurent?
On n'est pas dans une lutte des ego ou des chefs, au parti communiste français. C'est après que les têtes qui seront chargées de porter cette politique-là seront désignées, au moment du congrès [en novembre]. Il ne s'agit pas de couper des têtes, il s'agit de réfléchir. Ce n'est pas Pierre Laurent ou pas Pierre Laurent, on n'en est pas là.
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