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"Ça révèle quelque chose du caractère assez détestable de Benjamin Griveaux" : Ian Brossat ironise sur la candidature de Cédric Villani à Paris

Face à LREM et Benjamin Griveaux, "même pas capable de rassembler son propre camp", Ian Brossat estime que la majorité actuelle a "vocation à continuer à travailler ensemble" pour conserver la mairie de Paris.

Article rédigé par franceinfo
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Ian Brossat en juin 2019. (ALEXIS SCIARD / MAXPPP)

Ian Brossat est le chef de file de la campagne des communistes pour les municipales à Paris et l'actuel adjoint au logement à la ville. Invité de francinfo, dimanche 1er septembre, il revient sur la stratégie des alliances du PCF pour les élections, sans oublier de tacler Benjamin Griveaux et "son caractère assez détestable", "même pas capable de rassembler son propre camp" face à une candidature de Cédric Villani. Pour Ian Brossat, la victoire à la bataille pour la mairie de Paris passe justement par un rassemblement de toute la gauche. "Si ce n'est pas au premier, il faut que ce soit au second tour." Et s'il estime que les propos récents de Yannick Jadot étaient "arrogants", il n'imagine pas Les Verts en dehors de la majorité municipale. "Nous travaillons ensemble, nous avons vocation à continuer à travailler ensemble, mais on travaillera mieux si chacun reste un peu modeste", assure-t-il.

franceinfo : Après la désignation de Benjamin Griveaux pour la candidature à la mairie de Paris, Cédric Villani doit annoncer mercredi qu'il maintient la sienne. Est-ce que ces dissensions au sein de La République en marche peuvent faire vos affaires ?

Ian Brossat : Je suis attaché à ce que Paris reste une ville à gauche. C'est l'enjeu de ces élections municipales et il est bien évident que La République en marche part avec un handicap vu que Benjamin Griveaux n'arrive même pas à rassembler son propre camp. En l'occurrence, Cédric Villani est membre de La République en marche, député de La République en marche et il envisage de se présenter contre le candidat de La République en marche. Je crois que ça révèle quelque chose du caractère assez détestable de Benjamin Griveaux qui n'est même pas capable de rassembler son propre camp.

Vous espérez un éparpillement des voix entre ces deux candidats de La République en marche. Mais est-ce que vous ne craignez pas à l'inverse que Cédric Villani prenne des voix à gauche?

Je crois qu'il faut être clair. Cédric Villani a fait un choix en 2017, il a rejoint Emmanuel Macron et il est devenu député macroniste. Il a d'ailleurs voté la quasi-totalité des lois proposées par le gouvernement y compris la loi asile-immigration. Il est macroniste, sa candidature est un problème pour La République en marche et non pas pour la majorité de gauche actuelle.

Il n'y a donc aucune alliance à attendre du côté de Cédric Villani ?

Non, je ne vois pas bien comment une telle alliance serait possible. D'autant qu'il est critique vis-à-vis de ce que fait la majorité actuelle.

Vous n'êtes pas tendre non plus avec le chef de file des écologistes, Yannick Jadot. "Je me méfie des discours arrogants et grandiloquents", avez-vous dit. "Je suis rassuré que la saison du melon s'arrête bientôt". Pas d'alliance avec les Verts non plus ?

Yannick Jadot a tenu un certain nombre de propos ces dernières semaines qui effectivement étaient assez arrogants. Ce que je souhaite, c'est qu'on puisse continuer à travailler avec les écologistes. À Paris, nous avons une majorité de gauche à laquelle les communistes participent et on travaille de manière tout à fait correcte avec les écologistes. J'ai trouvé qu'il y a eu un certain nombre de propos de Yannick Jadot assez étranges dans lesquels il semblait dire que les écologistes n'étaient pas membres de notre majorité. Nous travaillons ensemble, nous avons vocation à continuer à travailler ensemble, mais on travaillera mieux si chacun reste un peu modeste.

Vous êtes prêt à discuter avec les écologistes, avec David Belliard, le chef de file d'Europe écologie-Les les Verts pour les municipales à Paris, mais pas avec Yannick Jadot ?

C'est David Belliard qui est candidat aux élections municipales à Paris. Il faut lui permettre de faire sa place et je suis persuadé qu'on se rassemblera au deuxième tour. On peut multiplier les discours, la réalité c'est que si on a envie que la gauche et les écologistes continuent à diriger des villes, à Paris comme ailleurs, il va bien falloir trouver le chemin du rassemblement. S'il ne fait pas au premier tour, il faudra qu'il se fasse au second.

Qu'allez-vous faire, Ian Brossat ? Les communistes vont-ils rallier les socialistes d'Anne Hidalgo dès le premier tour ?

Les communistes ont décidé de faire les choses dans l'ordre. Nous avons défini une équipe et j'ai le plaisir de la conduire. Nous allons présenter des propositions au mois de septembre et nous trancherons la question des alliances courant octobre, en fonction de l'écho que rencontreront les propositions que nous ferons. Nous aurons d'ailleurs un grand débat à la Fête de l'Humanité au cours duquel je débattrai avec Anne Hidalg. On verra bien comment les choses se passent. Ce que je souhaite, c'est qu'on mette toutes les forces dans la bataille pour que la gauche gagne. Le seul moyen de gagner c'est de se rassembler et donc une fois de plus, si ce n'est pas au premier, il faut que ce soit au second tour.

Vous allez débattre avec Anne Hidalgo mais vous êtes son allié.

Je suis son allié mais on a évidemment besoin de discuter des meilleurs moyens de gagner, de définir un programme pour la mandature qui vient, notamment sur les questions de logement, sur les questions d'urbanisme, sur les questions des transports. Je suis un allié mais je suis un allié autonome. Je suis membre du Parti communiste, ce qui n'est pas son cas, ce n'est pas un scoop. On a vocation à discuter et à le faire de manière publique.

Est-ce que vous avez tiré les leçons des européennes ? Vous n'aviez pas réussi à franchir la barre des 3%.

Toute la gauche doit en tirer les leçons. La principale, c'est que nous avons besoin de nous rassembler. Si la gauche continue à être éparpillée façon puzzle, elle n'arrivera pas à se redresser. Encore faut-il qu'on soit capable de s'écouter les uns les autres avec humilité, avec modestie. Si nous le faisons, nous pourrons retrouver le chemin du rassemblement. C'est la clé si on a envie que la gauche retrouve des couleurs dans notre pays, aux élections municipales comme aux élections nationales qui vont suivre en 2022.

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