Cet article date de plus d'un an.

Réforme des retraites : pourquoi le gouvernement a très peu de chances d'être renversé par une motion de censure

Article rédigé par Clément Parrot
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Le président du parti Les Républicains, Eric Ciotti, au milieu des députés de son groupe, le 14 mars 2023, à l'Assemblée nationale. (XOSE BOUZAS / HANS LUCAS / AFP)
Il faudrait qu'une trentaine de députés des Républicains se décident à voter en faveur d'une motion de censure. Pour l'instant, il serait moins d'une dizaine à l'envisager. Selon le comptage de franceinfo, il manque donc au moins vingt voix pour faire tomber Elisabeth Borne.

Les députés vont recommencer à faire les comptes. Le groupe indépendant Liot (Libertés, indépendants, outre-mer et territoires) a annoncé, vendredi 17 mars, le dépôt à l'Assemblée nationale d'une motion "transpartisane" de censure du gouvernement, cosignée avec des élus de la Nupes, en riposte au déclenchement du 49.3 pour faire adopter sans vote la réforme des retraites. Le vote de cette motion doit avoir lieu lundi 20 mars dans l'après-midi.

>> Suivez les dernières informations sur la réforme des retraites

"Le vote de cette motion permettra de sortir par le haut d'une crise politique profonde", estime Bertrand Pancher, le chef de file du groupe Liot. Mais cette motion a-t-elle vraiment des chances d'aboutir ? Selon le dernier comptage de franceinfo, il manquerait entre 20 et 30 voix pour atteindre la majorité des 287 voix (sur 573 députés puisqu'il y a actuellement quatre sièges vacants) nécessaires pour renverser le gouvernement.

Les 149 députés de la Nupes devraient, sauf surprise, voter à l'unanimité la censure du gouvernement. Tout comme les 88 députés du Rassemblement national. Le groupe RN a déposé sa propre motion, mais celle-ci risque d'avoir moins de succès. Le parti de Jordan Bardella a donc annoncé qu'il voterait les motions des autres groupes.

"Je ne m'interdis rien"

Dans les autres groupes, justement, il risque de manquer des voix, notamment dans le groupe des Républicains, qui compte 61 députés. "Nous ne voterons aucune motion de censure. Nous ne voulons pas rajouter du chaos au chaos", a assuré le président du parti, Eric Ciotti, à l'issue de la réunion du groupe LR. Lors de cet échange, ils sont malgré tout douze députés à s'être exprimés en faveur d'une motion de censure et 31 contre. Certains, comme Maxime Minot, Pierre Cordier, Fabien di Filippo ou Maxime Minot, sont donc toujours prêts à voter la censure.

"La Première ministre a été très maladroite de dire que la motion de censure, 'ce sera le vote de ceux pour ou contre la réforme'. Quelle erreur encore !" estime Pierre Cordier. "Je ne m'interdis rien, je suis prêt à la voter", affirme également Maxime Minot. "Je voterai les motions de censure qui nous seront soumises dans les 48 heures, d'où qu'elles viennent", annonce aussi Fabien di Filippo sur Facebook.

"C'est le seul outil à notre disposition pour sanctionner ce que j'estime être une faute de l'exécutif qui fragilise notre pays et le travail de redressement que nous devrions mener."

Fabien di Filippo, député LR

sur Facebook

Mais le nombre de "frondeurs" au sein des Républicains serait assez faible à l'heure actuelle. Alors qu'il faudrait une trentaine de députés de droite pour renverser le gouvernement d'Elisabeth Borne, ils seraient beaucoup moins à être prêts à franchir le Rubicon. Certaines sources évoquent une dizaine d'élus, d'autres encore moins. "Je dirais entre 5 et 7", estime une source interne au groupe. "Huit environ, à peu près", pronostique le député Julien Dive, proche d'Aurélien Pradié. "Nous avons voté en réunion de groupe et le contre était largement majoritaire. Il faut donc savoir se plier au choix du groupe ou alors en tirer ses propres conséquences personnelles."

"Et puis, dans la Ve République, une motion veut dire projet d'alternance. Quel est ce projet avec un 'gloubiboulga' ou un 'fourzitou' ?"

Julien Dive, député LR

à franceinfo

Certains assurent que les choses peuvent encore bouger dans le week-end. D'autant que quelques parlementaires hésitent encore, à l'image du député Hubert Brigand, qui a voté blanc lors de la réunion de groupe : "Je cogite encore, il faut attendre d'y voir plus clair."

"Certains hésitent encore"

Au sein du groupe Liot, il pourrait également manquer quelques voix. Sur les 20 députés de ce rassemblement hétéroclite, qui va du centre-droit au centre-gauche, seulement quinze ont signé la motion de censure transpartisane déposée par le groupe. "Mais ça peut encore évoluer, certains hésitent encore et ont demandé à réfléchir", explique Charles de Courson, qui a coordonné les efforts pour le dépôt de cette motion.

Concernant les cinq députés non-inscrits, il va également manquer des voix. Nicolas Dupont-Aignan assure à franceinfo qu'il votera bien les motions de censure. Il ne devrait pas y avoir non plus de surprise du côté d'Adrien Quatennens, toujours exclu temporairement du groupe de La France insoumise. La députée de Vendée Véronique Besse, ex-encartée du Mouvement pour la France de Philippe de Villiers, affirme n'avoir "pas encore décidé".

"Mais beaucoup de gens m'incitent en circonscription à la voter."

Véronique Besse, députée non-inscrite

à franceinfo

En revanche, Emmanuelle Ménard, anciennement proche du RN, explique à franceinfo qu'elle ne votera pas la motion de Liot, en raison notamment de l'attitude du groupe LFI à l'Assemblée : "Cela ne ferait qu'ajouter du chaos à ce désordre. En revanche, j'invite Emmanuel Macron à procéder rapidement à un remaniement." L'ancien socialiste David Habib ne souhaite pas non plus voter le texte : "J'ai toujours dit que je ne voterai pas la motion. Si vous censurez ce gouvernement, vous provoquez des législatives et vous vous retrouvez avec Marine Le Pen au pouvoir."

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.