Ouvrant sa campagne à Annecy, Nicolas Sarkozy a ciblé son principal rival pour combler son retard
Le président-candidat, Nicolas Sarkozy, a tenu son premier meeting de campagne, jeudi 16 février, à Annecy. Une intervention où il s'est affiché en défenseur de la France et s'en est pris à son principal rival, le candidat du PS, François Hollande.
Annecy, envoyée spéciale - La préfecture de Haute-Savoie bénéficie d'un environnement exceptionnel. Est-ce pour cette raison que Nicolas Sarkozy a choisi d'y donner le coup d'envoi de sa campagne jeudi soir ? La ville lui avait réussi en 2007. Il y avait tenu son dernier meeting, juste avant d'être élu.
Mais au-delà du symbole, la capitale de Haute-Savoie penche à droite. Et pour sa première journée de campagne, le désormais président-candidat a sans doute préféré attaquer en douceur et en terrain connu cette nouvelle étape.
Le candidat du changement
C'est un challenger, doté d'un moral de grimpeur, qui a arpenté les rues de la ville, puis visité la fromagerie de Chabert. Les traits tirés mais souriant, M. Sarkozy a laissé tombé l'habit du président enchaînant les poignées de main et multipliant les échanges courtois.
Quelques heures plus tard, sur la scène de l'Atrium, M. Sarkozy est définitivement entré en campagne pour endosser la tunique du candidat. Après une rapide introspection, il a affirmé : "Tout est à réinventer".
Vaste programme. Mais M. Sarkozy a sa méthode. "Nous ne pourrons pas construire un nouveau monde, une nouvelle Europe, une nouvelle France, avec les idées d'hier, les idées du passé qui ont conduit le monde au désastre", a-t-il assuré.
En clair, le candidat du changement 2007 prône de nouveau le changement en 2012. Toujours et encore.
Le candidat défenseur de la France
Reprenant ses propos de la veille sur TF1 et devant une salle comble - 4 000 personnes acquise à sa cause -, M. Sarkozy a donné corps à son slogan de campagne : "La France forte".
"Seule une France forte peut protéger les Français. Il n'y a pas d'un côté le destin collectif et de l'autre le destin individuel, chaque destin individuel s'inscrit dans une destinée collective", a-t-il insisté.
"La France est notre rempart. Laisser croire que l'on peut affaiblir la France sans risques pour les Français, c'est mentir aux Français", a-t-il enchaîné, juste avant de sonner la charge contre son princial adversaire, sans jamais le nommer.
Le candidat offensif
Debout à la tribune, lisant ses notes, M. Sarkozy s'est ensuite livré à une longue énumération des erreurs de son rival et des risques de son programme.
"Quand on met en danger la politique familiale, on affaiblit la France. Quand on remet en cause la réforme des retraites, quand on choisit de payer les retraites à crédit on affaiblit la France", a lancé le président sortant.
"Quand on se met à la merci des marchés financiers en laissant filer les déficits, parce que l'on refuse de réduire les dépenses, on affaiblit la France", a-t-il ajouté.
Et de poursuivre sur le risque du vote communautaire, la mise en danger de la filière nucléaire, le non respect de la parole de la France vis-à-vis de ses alliées, etc.
Des attaques en creux mais qui ne laissent aucun doute sur le climat qui va dominer la suite de la campagne.
Le candidat du peuple
Sans grande surprise, M. Sarkozy a aussi décliné son image du candidat du peuple avant de revenir sur ses deux propositions autour du référendum.
"Ces femmes et ces hommes qui ont envie de dire non pour exprimer leur détresse et parfois leur colère, il faut les respecter, il faut les écouter, il faut s'efforcer de les comprendre et de répondre à leur aspiration profonde au changement", a fait valoir le candidat. "Je veux rendre la parole à cette France du 'non'", a-t-il poursuivi avant de cibler les corps intermédiaires.
"Les syndicats, les partis, les groupes de pression, les experts, tout le monde parle à la place du peuple sans jamais se soucier de ce qu'il veut", a-t-il martelé. "Comme si le peuple n'était pas assez intelligent, pas assez raisonnable. Cela ne peut pas durer".
Les deux sujets de référendum
Et de revenir sur les deux sujets qui pourraient êtres soumis à référendum. L'assistanat d'abord. "On ne peut pas continuer avec une indemnisation passive qui enfonce le chômeur dans l'assistanat. Alors oui, s'il y a un blocage, je me tournerai vers le peuple, et c'est le peuple qui tranchera", a-t-il lancé à son auditoire enthousiaste.
Puis l'immigration illégale "qui menace tout notre pacte social". "Lutter contre l'immigration illégale, maîtriser les flux d'entrée sur notre territoire n'est pas un choix idéologique, c'est un devoir moral", a-t-il affirmé.
Jeudi soir, avec ces ultimes précisions, le candidat Sarkozy aura ravi ses partisans. Pas sûr en revanche qu'il aura fait basculer les éventuels indécis d'Annecy.
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