Européennes, présidentielle… Pour son premier anniversaire, la Nupes se divise sur sa stratégie électorale
Des visages souriants, sous une bannière bariolée où figure la lettre grecque Nu. Il y a un an, les partis de gauche et écologistes lançaient en grande pompe leur coalition législative, la Nupes, pour Nouvelle Union populaire, écologique et sociale. Si la recette a permis de former un intergroupe de 150 députés, à l'issue des législatives de 2022, cette union achoppe désormais sur la stratégie à adopter pour les prochaines échéances, alors que s'ouvre "la phase 2" de la Nupes, selon les mots du leader de La France insoumise (LFI), Jean-Luc Mélenchon.
Des membres des formations composant la Nupes, réunis mardi soir, ont ainsi constaté leurs divergences sur la stratégie à adopter pour les élections européennes, dans un an. LFI plaide pour une liste commune, mais les membres d'Europe Ecologie-Les Verts s'y opposent totalement, comme l'a exprimé la secrétaire générale d'EELV, Marine Tondelier, dans le Journal du dimanche (JDD) (article pour les abonnés), le 30 avril.
"Pas honnête d'imaginer une liste commune"
Entre les fédéralistes et les tenants de la souveraineté nationale, entre ceux qui rejettent les traités européens et ceux qui les acceptent, les divisions ne manquent pas. "Faire liste commune, alors que nous avons de telles divergences sur les sujets européens, ce serait mentir aux Français", estime auprès de franceinfo l'eurodéputé écologiste David Cormand. "L'Europe, c'est sans doute le sujet sur lequel il y a le plus de divisions entre nous", reconnaît pour sa part le communiste Ian Brossat. "Au PCF, il ne nous parait pas honnête d'imaginer une liste commune pour ce scrutin", dit l'élu parisien, tout en renvoyant à la conférence nationale du parti, prévue à l'automne.
En outre, le mode de scrutin, proportionnel, avec un seuil de 5% par liste pour obtenir des sièges, change la donne, expliquent les écologistes et les communistes. Concrètement, l'union est moins indispensable qu'aux législatives pour espérer engranger des sièges au Parlement européen.
Côté LFI, ces arguments ont du mal à passer. La députée de Paris Danielle Obono a fustigé sur Twitter un choix "irresponsable" de la part d'EELV, qui fait "passer une stratégie boutiquière avant l'intérêt général". "La liste commune est à la fois possible et nécessaire", a répondu mardi l'eurodéputée Manon Aubry à Marine Tondelier, sur son blog. "Comment expliquer aux électeurs que nous serions incapables d'établir un programme d'actions commun en 2024, mais que nous le pourrions en 2027 [lors de l'élection présidentielle] ?", s'interroge-t-elle. Manon Aubry a accentué la pression mercredi en relayant sur Twitter un sondage Ifop pour le Journal du dimanche (article pour les abonnés) paru le jour même, selon lequel 76% des sympathisants de gauche souhaiteraient une liste unique.
Le casse-tête d'une primaire pour la présidentielle
Cependant, pour David Cormand, les "insoumis" "continuent à faire le forcing pour cette liste unique, en sachant qu'elle ne se fera pas, pour pouvoir dire ensuite que ce sont les autres qui divisent la Nupes". La direction du Parti socialiste s'est quant à elle dite prête à discuter d'une liste commune, mais le secrétaire général du PS, Pierre Jouvet, a semblé prendre acte des divisions mercredi. "Ne faisons pas croire que s'il n'y avait pas de liste commune aux européennes, ce serait la fin de la Nupes", a-t-il déclaré sur Radio J. En 2019, cinq listes s'étaient présentées dans le camp de la gauche et de l'écologie, trois d'entre elles récoltant un total 25 sièges sur les 74 attribués à la France.
Le prochain scrutin présidentiel offrira-t-il à la Nupes une occasion de se rassembler plus facilement ? A première vue, l'idée d'une candidature unique fait davantage consensus, principalement car chaque parti acte l'impossibilité d'atteindre le second tour en partant divisés. Seuls les communistes paraissent peu séduits par l'idée, à l'instar du député communiste André Chassaigne qui s'est dit "pas favorable, dans l'état actuel des rapports de force" à une candidature unique, lors d'une rencontre avec l'Association des journalistes parlementaires (AJP) mercredi.
Des fractures apparaissent en revanche sur la méthode. Marine Tondelier propose dans le Journal du dimanche de mettre en place dès les prochaines semaines une "coopérative des bonnes volontés qui jouerait le rôle d'un comité de campagne" et proposerait une méthode pour désigner un candidat unique. Avec une primaire ? C'est ce qu'a défendu, mardi sur Public Sénat, le député socialiste Jérôme Guedj, qui "ne voit pas d'autre solution".
"Les primaires n'ont donné que des catastrophes électorales", balaie l'écologiste David Cormand. Pour une fois, les "insoumis" semblent d'accord avec les Verts. "La primaire n'aura jamais mon assentiment", affirmait en mars Jean-Luc Mélenchon sur France 3. La question qui fâche est surtout l'éventualité d'une quatrième candidature du fondateur du mouvement. Un processus de sélection interne permettrait au moins d'encadrer les velléités du chef de file de LFI, que certains membres de la Nupes trouvent trop clivant.
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