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Valéry Giscard d'Estaing et les "diamants de Bokassa" : "Giscard n'a pas été le seul à recevoir des diamants", affirme l'ancien rédacteur en chef du Canard enchaîné

Le journal avait publié, en octobre 1979, une note révélant que le président de la République avait reçu en cadeau 30 carats de diamants de la part de son homologue centrafricain Jean-Bedel Bokassa.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Valery Giscarg d'Estaing et le président centrafricain Jean-Bedel Bokassa, le 5 mars 1975. (AFP)

Le mandat présidentiel de Valéry Giscard d'Estaing, décédé mercredi 2 décembre, ne fut pas seulement le théâtre de réformes novatrices. Il fut aussi celui d'une affaire politico-médiatique sans précédent en France : celle des "diamants de Bokassa".

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Le 10 octobre 1979, une note du président centrafricain Jean-Bedel Bokassa datée d'avril 1973 paraît dans l'hebdomadaire satirique français Le Canard enchaîné. Elle affirme que Valéry Giscard d'Estaing a reçu en cadeau une plaquette de diamants de 30 carats, estimée à un million de francs de l'époque, alors qu'il était ministre des Finances. Le journaliste qui signe l'article, Claude Angeli (avec Pierre Péan), était l'invité de franceinfo ce jeudi.

franceinfo : Qu'est-ce qui vous amène à sortir cette affaire en 1979 ?

Claude Angeli : C'est une affaire très importante dans la mesure où Valéry Giscard d'Estaing est un amoureux de l'Afrique. Il y va pratiquer la chasse au gros gibier, et ensuite, il a des relations un peu bizarres avec Bokassa. C'est quand même une affaire où vous avez trois personnages absolument extraordinaires : le président le plus jeune que la France ait connu, Bokassa qui est un ancien de la coloniale, qui est devenu général et qui ensuite est devenu maréchal et qui a organisé un sacre payé par la France, c'est-à-dire par le contribuable français, avec l'autorisation de Giscard. Et ensuite, la valeur mythique : le diamant. Ce n'est pas un cadeau ordinaire, ce n'est pas un beau masque africain que l'on offre à un président français.

Pourquoi Bokassa offre-t-il ces diamants à Giscard ?

Parce que Bokassa veut être ami de la France, Bokassa veut obtenir des crédits de coopération et il les obtiendra grâce à Giscard. N'oubliez pas que Giscard son premier voyage en tant que président de la République en Afrique, c'est à Bangui, en Centrafrique. N'oubliez pas que les deux cousins de Giscard ont obtenu de Bokassa des terrains de chasse en Centrafrique, et ils ont même obtenu la nationalité centrafricaine. Tout ça fait que ça nous intéresse, Pierre Péan et moi, et nous rencontrons Maurice Espinasse, qui est l'ancien directeur de cabinet de Bokassa qui est écœuré par tout ce qu'il a vu en Centrafrique. Il a d'abord peur, ne veut pas nous remettre le document, et puis ensuite il va le remettre parce que je lui montre des documents que des amis journalistes ont rapporté d'Afrique. Y compris une lettre absolument obséquieuse du ministre de la Défense français Yvon Bourges à Bokassa. Giscard n'a pas été le seul à recevoir des diamants. René Journiac, qui deviendra patron de la cellule africaine de Giscard, a aussi reçu des diamants, et une lettre paraîtra plus tard.

Est-ce que vous avez reçu un coup de fil du sommet de l'État à ce moment-là ?

Aucun. Ni aucune plainte.

Bokassa s'est confié à vous un peu plus tard ?

Bien après, il a téléphoné au Canard enchaîné et on l'a enregistré. Pour la première fois, on a fait publier une interview dans le Canard enchaîné, c'est dire !

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