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"L'ambiance est devenue de plus en plus grave" : comment l'attaque sur les Champs-Elysées a bousculé le dernier round télévisé de la présidentielle

Les 11 candidats participaient à l'émission "15 minutes pour convaincre" quand ils ont appris l'attaque sur les Champs-Elysées qui a coûté la vie à un policier.

Article rédigé par Camille Adaoust
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Les 11 candidats à l'élection présidentielle participent à l'émission "15 minutes pour convaincre", sur France 2 le 20 avril 2017. (MARTIN BUREAU / POOL)

"Dès qu'on a pu confirmer l'information, Jean-Luc Mélenchon a complètement changé son discours pour la conclusion." Pour le candidat de la France insoumise, comme pour ses concurrents, le dernier round télévisé de la présidentielle sur France 2 a été bousculé par l'annonce d'une attaque sur les Champs-Elysées, le 20 avril au soir. Peu après 21 heures, les premières rumeurs sont partagées sur les réseaux sociaux à la suite de coups de feu entendus sur la plus célèbre avenue de Paris.

"La situation était assez confuse, on essayait de comprendre ce qu'il se passait à partir de différentes sources, explique à franceinfo un membre de l'entourage de François Fillon, présent dans les loges pendant l'émission. Au départ, on n'avait pas la certitude qu'il s'agissait d'une attaque terroriste. Il fallait attendre une confirmation pour en parler."

Fillon décide d'en faire "le thème principal de son intervention"

Une journaliste présente en coulisse explique avoir pris connaissance de l'information très tôt. "Il y avait beaucoup de policiers dans les couloirs qui ont vite été au courant. Les services de sécurité des candidats ont ensuite eu confirmation", raconte-t-elle à franceinfo. "On l'a appris sur Twitter", indique pour sa part l'entourage de Jean-Luc Mélenchon. "On a reçu les dépêches", ajoute celui de François Fillon.

L'actualité alors bouleverse le cours de l'émission. "La production est passée voir tous les candidats pour savoir s'ils souhaitaient maintenir la conclusion", décrit l'entourage de François Fillon. Si tous terminent finalement l'émission comme prévu, les prétendants à l'Elysée changent complètement de discours. "François Fillon, qui n'était pas encore passé pour la séquence des quinze minutes quand il a appris les faits, a rapidement décidé que ce serait le thème principal de son intervention. Dans la loge, il se préparait calmement", retracent ses proches.

Jean-Luc Mélenchon avait la tête froide, il réfléchissait à ses mots. Bien sûr, cet événement majeur a été intégré aux conclusions.

Entourage de Jean-Luc Mélenchon

à franceinfo

Pendant ce temps, à l'antenne, David Pujadas et Léa Salamé continuent d'interroger les candidats, tenant les téléspectateurs informés en direct des circonstances encore floues de l'attaque. C'est finalement Emmanuel Macron qui a le premier mentionné le sujet. "Le photographe d’Emmanuel Macron a entendu l’information sur le talkie-walkie d’un policier, il a ensuite demandé confirmation", explique la journaliste sur place. Le candidat d'En marche ! a ainsi déclaré : "Cette menace, cet impondérable, fait partie du quotidien des prochaines années. Je veux témoigner toute ma solidarité à l'égard de nos forces de police et plus largement nos forces de l'ordre. Et je veux avoir une pensée pour la famille de la victime."

Malgré cette première prise de position, la confusion domine, comme lorsque le candidat Jean Lassalle évoque vers 23 heures la mort du deuxième policier blessé, démentie par le ministère de l'Intérieur, ou quand François Fillon parle "d'autres violences en cours", elles aussi démenties par les autorités. "On a eu des informations sur un incident qui impliquait un militaire de l'opération Sentinelle. Tout arrivait très progressivement", détaille son entourage.

Condamnation unanime lors des conclusions

Si toutes les équipes interrogées assurent avoir gérer la situation "avec calme", les visages semblaient toutefois tendus. "Après son intervention et avant l'annonce de l'attaque, Marine Le Pen a quitté le plateau plutôt sereine. Quand elle revenue pour la séquence des conclusions, elle avait la mine grave", décrit une journaliste sur place. "L'ambiance est devenue de plus en plus grave, de plus en plus lourde, dépeint Léa Salamé, dont les propos sont rapportés par Pure Médias. Il y avait un silence incroyable, personne ne souriait. Tout le monde s'écoutait. C'était à la fois angoissant et sobre." Sur Twitter, un journaliste de France 2 a également remarqué l'ambiance "particulière" sur le plateau.

Lors de la séquence finale, tous les candidats condamnent l'attentat. Jean-Luc Mélenchon partage une "pensée émue" pour la famille du policier tué et appelle à "ne pas céder à la panique". François Fillon estime, lui, qu'il "n'y avait pas lieu" de poursuivre la campagne. Saluant les forces de l'ordre "qui risquent chaque jour leur vie pour notre liberté", Nicolas Dupont-Aignan déclare que "le meilleur hommage", c'est "que l'on puisse agir contre les barbares qui menacent notre survie".

La candidate de Lutte ouvrière, Nathalie Arthaud, qualifie quant à elle "d'acte abject" cet attentat et exprime sa "solidarité" avec les victimes tout en rejetant la responsabilité sur le gouvernement qu'elle accuse "d'alimenter le terrorisme". Evoquant un "cauchemar", Marine Le Pen rend hommage aux forces de l'ordre qui "paient un lourd tribut à la lutte contre le fondamentalisme islamiste". Benoît Hamon appelle, lui, à se montrer "implacable face à ces forces-là".

Le candidat du NPA préfère défendre le désarmement des policiers. "À quoi ça sert qu'ils aient des armes ? Ça ne protège pas, ça tue, ça blesse", déclare-t-il à l'écran. Une déclaration qui a suscité des tensions. A la sortie, Philippe Poutou est pris à partie. "On a besoin de nos armes, ordure", aurait lancé des policiers, comme le rapporte un proche du candidat sur Twitter. Une scène également relatée par un journaliste de RFI.

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