INFO "ENVOYE SPECIAL". Les multiples sondages commandés par Matignon pour étudier l'image de Manuel Valls de 2014 à 2016
Selon les informations obtenues par les équipes du magazine "Envoyé spécial", les services de l'ancien Premier ministre ont dépensé plusieurs dizaines de milliers d'euros pour analyser le positionnement et l'image de Manuel Valls.
A son arrivĂ©e Ă l'ElysĂ©e, François Hollande avait promis de mettre un terme aux commandes de sondages par les services de la prĂ©sidence de la RĂ©publique. "Il n'y a pas le budget pour cela", avait-il justifiĂ©, critiquant en creux l'attitude de Nicolas Sarkozy, qui avait commandĂ© pour environ 7,5 millions d'euros de sondages durant son quinquennat. Des montants jugĂ©s "exorbitants" dĂšs 2009 par la Cour des comptes, et qui avaient suscitĂ© une plainte de l'association Anticor puis l'ouverture d'une enquĂȘte judiciaire, toujours en cours aujourd'hui.Â
Si l'ElysĂ©e a bel et bien arrĂȘtĂ© ces commandes de sondages trĂšs onĂ©reuses aprĂšs l'Ă©lection de François Hollande â comme le confirment tous les rapports de la Cour des comptes depuis 2013 â, ce n'est en revanche pas le cas du Service d'information du gouvernement (SIG). Ce service, rattachĂ© Ă Matignon, a trois missions principales : "l'information du Premier ministre sur lâĂ©volution de lâopinion publique et le traitement mĂ©diatique de lâaction du gouvernement", "la valorisation de lâaction du Premier ministre et du gouvernement", et "la coordination interministĂ©rielle de la communication du gouvernement".Â
Pour remplir son premier objectif, le SIG a, parmi ses diffĂ©rents moyens, la possibilitĂ© de commander des Ă©tudes et sondages. Or, entre 2014 et 2016, selon les informations du magazine "EnvoyĂ© spĂ©cial", diffusĂ© jeudi 13 avril sur France 2, le SIG n'a pas hĂ©sitĂ© Ă dĂ©penser plusieurs dizaines de milliers d'euros, non pas pour mesurer l'opinion des Français sur l'action du gouvernement, mais sur l'image du Premier ministre lui-mĂȘme. De quoi expliquer peut-ĂȘtre pourquoi, en 2015, un rapport parlementaire "s'interrogeait sur l'intĂ©rĂȘt de certains d'entre eux pour la conduite de l'action gouvernementale".
En juin 2014, un sondage Ă 53 520 euros
En 2016, prĂšs de la moitiĂ© des enquĂȘtes commandĂ©es par le SIG Ă des instituts de sondages Ă©taient ainsi consacrĂ©es Ă l'image et Ă la popularitĂ© de Manuel Valls plutĂŽt qu'Ă des sujets de fond, selon les informations recueillies par "EnvoyĂ© spĂ©cial".
Cette pratique a débuté dÚs sa nomination à Matignon. En juin 2014, le Service d'information du gouvernement commande ainsi à Ipsos un "bilan d'image du Premier ministre". L'institut de sondages réalise alors huit réunions de groupes, réunissant un panel de Français, auquel des photos et des vidéos de Manuel Valls sont soumises pour avis. A l'arrivée : un document de 111 pages, décortiquant sous toutes les coutures le caractÚre, la gestuelle et l'apparence du chef du gouvernement. Dans ce bilan qu'"Envoyé spécial" a pu obtenir, Ipsos souligne à l'époque "l'image d'énergie exceptionnelle" dont Manuel Valls jouit auprÚs des Français interrogés, mais aussi le risque sous-jacent d'une "énergie mal maßtrisée, incontrÎlée, agressive" voire "dangereuse" aux yeux de certains sondés.
Coût de cette étude réalisée du 28 avril au 12 mai 2014, et dont chacun est libre de juger l'utilité pour l'action du gouvernement ? 53 520 euros. Contacté par "Envoyé spécial", Manuel Valls n'a pas souhaité donner suite.
"Secrets de sondages", un reportage de Lionel Poussery et JérÎme Weisselberg à voir dans "Envoyé spécial", jeudi 13 avril.
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