Vidéo Dans le documentaire "Les Gens du Nord", retour sur la révolte des mineurs qui a permis la création du repos dominical
Le Nord-Pas-de-Calais... Un vaste territoire qui fut longtemps l'un des plus prospères et des plus peuplés de France et qui a fait les grandes heures de l'industrie sidérurgique et textile du pays jusqu'à son déclin au début des années 1980. Appelé les Hauts-de-France depuis sa fusion avec la Picardie en 2016, ce territoire également agricole et maritime possède une culture populaire puissante que revendiquent haut et fort ses habitants.
Le documentaire Les Gens du Nord, réalisé par Jean-François Delassus et Cécile Coolen et diffusé mercredi 2 octobre sur France 3, retrace le destin contrasté de cette région, du XIXe siècle jusqu'à aujourd'hui. Grâce aux témoignages d'ouvriers, de pêcheurs, de capitaines d'industrie, de commerçants, le film dessine une fresque qui va à l'encontre des idées reçues et met en lumière les acquis sociaux gagnés de hautes luttes grâce à sa classe ouvrière, comme le repos dominical.
Un drame qui met le feu aux poudres
En mars 1906, une explosion se produit dans des mines situées entre Courrières et Lens (Pas-de-Calais), alors que plus de 1 600 ouvriers travaillent à 330 mètres de profondeur. L'incendie parcourt 110 km de galerie et tue officiellement 1 099 mineurs. Les recherches pour retrouver des survivants durent trois jours, puis s'arrêtent afin d'éteindre le feu et de protéger le gisement. La population est choquée que la direction de la Compagnie minière de Courrières décide de stopper si rapidement les investigations afin de préserver ses infrastructures, au détriment de ses ouvriers peut-être encore vivants sous terre.
Quelques semaines plus tard, le retour miraculeux de treize rescapés met le feu aux poudres. La révolte s'étend parmi les corons et c'est tout le bassin minier du Nord qui se met en grève afin de protester contre les conditions de travail et le peu de considération portés aux mineurs. Des manifestations monstres défilent dans les rues de toutes les grandes villes nordistes. Georges Clémencau, alors ministre de l'Intérieur, mobilise les forces de l'ordre afin de calmer la fureur des travailleurs, mais rien n'y fait.
Des avancées sociales permises par les corons
Le Parlement se trouve obligé de s'emparer de la sécurité et du bien-être de ses travailleurs. Si un projet de loi avait déjà été déposé à l'Assemblée nationale en 1900 par des députés socialistes sur la nécessité d'un jour de pause pour les travailleurs, c'est grâce à cet accident tragique qu'une loi est promulguée le 13 juillet 1906. Un jour de repos de 24 heures après six jours de travail par semaine est décrété pour tous les salariés de l'industrie et du commerce. L'article 2 de ce décret stipule que ce jour de répit doit être donné le dimanche, un choix éloigné, à l'époque, de toute considération religieuse.
Le combat des ouvriers du Nord bénéficie à tous les Français. "Quand on parle du monde ouvrier, c'est quelque chose de grandiose", s'émeut Gilbert Gosse, ouvrier dans une usine de sidérurgie à Denain (Nord). "C'est grâce à leurs bagarres, à leurs grèves, qu'on est arrivé à des avancées sociales." Une classe ouvrière qui se veut soudée, solidaire et revendicatrice, comme le salue également la comédienne Corrinne Masiero, originaire de Douai, qui témoigne dans le documentaire. "Mais, ça ne s'est pas fait d'un coup. (...) Le Nord, c'est un terrain de révolutions au pluriel."
Le documentaire Les Gens du Nord, réalisé par Jean-François Delassus et Cécile Coolen, est diffusé mercredi 2 octobre sur France 3 et sur france.tv.
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