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Une centaine de circonscriptions promises par Juppé à Bayrou ? L'étonnant calcul de Sarkozy

Selon l'ancien de l'Etat, l'hypothétique majorité présidentielle d'Alain Juppé risquerait d'être "prise en otage" par "100 à 150 députés" du MoDem.

Article rédigé par Louis Boy
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le candidat à l'élection présidentielle Alain Juppé et le leader du MoDem François Bayrou au Salon de l'Agriculture à Paris, le 3 mars 2016. (JOEL SAGET / AFP)

Favori des sondages avant le deuxième débat de la primaire à droite, jeudi 3 novembre, Alain Juppé a-t-il un point faible ? Pour son rival Nicolas Sarkozy, ça ne fait aucun doute, c'est sa proximité avec le centriste François Bayrou. Une alliance devenue le premier angle d'attaque de l'ancien président et de ses soutiens.

Invité de franceinfo, mercredi, Nicolas Sarkozy a mis en garde : en cas de victoire d'Alain Juppé, la majorité de la droite risquerait d'être "otage de monsieur Bayrou" et de ses "100 ou 150 députés". Le soir même, dans une tribune sur Facebook, il évoquait plutôt "une centaine de circonscriptions" qui seraient réservées au MoDem par Alain Juppé. Un chiffre jugé fantaisiste par les proches de Juppé et le parti centriste.

Côté Sarkozy, un calcul très pessimiste

"En fait, on lui a proposé les 577 circonscriptions, on veut une assemblée monocolore du MoDem", plaisante Benoist Apparu, porte-parole d'Alain Juppé, contacté par franceinfo. "Ça me fait sourire que Nicolas Sarkozy lui-même – pas ses soutiens – en soit à inventer des éléments de programme" d'Alain Juppé. "C'est de bonne guerre, mais pas très glorieux." "Plus c'est gros, plus ça passe", acquiesce le secrétaire général du MoDem, Marc Fesneau, interrogé par franceinfo.

Si on a 150 députés pour le MoDem, il en faut autant pour l'UDI. Ça ferait 300 centristes ?

Marc Fesneau

à franceinfo

En réalité, il est bien question d'une centaine de circonscriptions et non de députés, assure à franceinfo Sébastien Huyghe, soutien de Nicolas Sarkozy. Un chiffre qui serait le résultat d'un calcul : "La promesse est celle d'un groupe MoDem à l'Assemblée [soit au moins 15 députés]. Il faut forcément beaucoup plus de circonscriptions pour en gagner une partie." Marc Fesneau le reconnaît : "L'objectif minimum [du MoDem] est d'obtenir un groupe parlementaire, pour avoir une véritable expression au Parlement." 

Il y aura évidemment des circonscriptions réservées à nos partenaires de l’UDI et du MoDem.

Benoist Apparu

à franceinfo

Mais ces deux proches de Juppé et Bayrou l'assurent : le temps de la distribution des circonscriptions ne viendra qu'après la primaire, en cas de victoire. Si Sarkozy l'emportait, en revanche, un accord avec le MoDem paraît improbable. "Le problème, c'est plutôt Bayrou, qui passe d'un côté à l'autre en fonction de celui qu'il pense le plus fort", se défend Sébastien Huyghe.

Quant au risque de "prise d'otage" de la majorité par une minorité orange, il est balayé par les premiers concernés. "Laurent Wauquiez a-t-il eu à édulcorer ses positions en Auvergne-Rhône-Alpes [où il s'est allié avec le MoDem aux régionales] ?" fait mine de s'interroger Benoist Apparu. Quant à Marc Fesneau, c'est l'autre extrémité de la majorité qui l'inquiète. "A écouter certains soutiens de Nicolas Sarkozy, qui sont uniquement dans l'opposition à la politique de Juppé, j'ai peur que la prise d'otages vienne des plus radicaux à droite", estime-t-il. "Les frondeurs seront chez eux."

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