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Primaire à droite : les forces et faiblesses du candidat Fillon

Invité de "L'Emission politique" le 27 octobre, l’ancien Premier ministre reste le troisième, voire quatrième homme de la primaire de la droite et du centre. Malgré son expérience, la candidature de François Fillon peine à décoller. Retour sur les atouts et les points faibles de sa campagne.

Article rédigé par France 2 - Valentine Pasquesoone
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
François Fillon peut-il encore convaincre, entre Alain Juppé et Nicolas Sarkozy, favoris de la primaire à droite, et le “renouveau” promis par Bruno Le Maire ? (CITIZENSIDE/SERGE TENANI / CITIZENSIDE)

Il se veut l’homme de la situation. A 62 ans, François Fillon est l’un des sept candidats à la primaire de la droite et du centre organisée les 20 et 27 novembre prochain. “Je serai au second tour” de ce scrutin, promet le député de Paris. Pourtant, sa candidature continue de stagner dans les sondages. Depuis plus d’un an, l’ancien Premier ministre n’obtient qu’entre 8 et 12% des intentions de vote, loin derrière Alain Juppé et Nicolas Sarkozy. Peut-il encore convaincre, entre les deux favoris et le “renouveau” promis par Bruno Le Maire ? Tour d’horizon de ses points forts et de ses difficultés pour cette élection.

La carte de l’expérience

Il veut en faire un atout de poids dans sa campagne. François Fillon a déjà trente-cinq ans de vie politique derrière lui — une carrière à la fois locale et nationale. Elu député à l’âge de 27 ans — il était alors le benjamin de l’Assemblée nationale —, le candidat à la primaire de la droite a été réélu huit fois au Parlement. François Fillon a ensuite multiplié les mandats ministériels entre 1993 et 2007. Il a géré les portefeuilles de l’Enseignement supérieur, des Technologies de l’information et de La Poste, des Affaires sociales, du Travail et de l’Education nationale.

Cinq fois ministre, François Fillon est devenu Premier ministre en 2007. Il a occupé ce poste durant la totalité du quinquennat de Nicolas Sarkozy. Les deux hommes ont mené plusieurs réformes de fond, comme la loi sur l’autonomie des universités, la défiscalisation des heures supplémentaires, l’instauration du RSA ou encore la réforme des retraites de 2010.

Un programme sérieux, mais clivant

Avec cette expérience des responsabilités, François Fillon cultive ainsi l’image du candidat sérieux. Il entend montrer qu’il a le bilan et le programme pour prétendre aux plus hautes fonctions de l’Etat. “Il ne faut pas simplement une réforme, il faut un changement en profondeur de notre système avec plus de 600 mesures”, a-t-il récemment affirmé. Son projet de “redressement” de la France fait déjà l’objet d’un cadrage financier précis. S’il est élu, François Fillon annonce déjà 100 milliards d’euros d’économies dans les dépenses publiques, et 50 milliards d’euros de baisses de prélèvements — dont 40 milliards pour les entreprises.

L’ancien Premier ministre fait également du “choc” l’un des slogans de sa campagne. Plutôt que de parler de réforme, François Fillon promet un véritable “projet radical” s’il est élu. “Je ne suis pas le candidat du consensus, je viens sérieusement casser la baraque pour la reconstruire autrement”, déclarait-il en avril 2016. Refonte du Code du travail, suppression de la durée légale du temps de travail et des régimes spéciaux, réécriture de la loi Taubira… Pour mieux se démarquer, le député de Paris n’hésite pas à promettre “une thérapie de choc”. Il multiplie les annonces fortes, quitte à risquer de cliver davantage.

Comment incarner la rupture ?

Mais dans cette campagne pour la primaire de la droite, François Fillon peine encore à se défaire de son image “d’éternel second”. Second de Philippe Séguin, son mentor en politique, second de Nicolas Sarkozy… L’ancien Premier ministre peut-il encore se différencier en solo ? Dans la course à l’Elysée, son positionnement face à Nicolas Sarkozy est particulièrement complexe. Les deux candidats à la primaire portent malgré eux le bilan du même quinquennat. Ainsi, quand François Fillon prône une vraie “rupture” face à l’ancien chef de l’Etat, peut-il vraiment convaincre ?

Le député de Paris s’est montré particulièrement critique à l’égard de Nicolas Sarkozy lors de sa rentrée politique, le 28 août à Sablé-sur-Sarthe. “Ceux qui ne respectent pas les lois de la République ne devraient pas pouvoir se présenter. Qui imagine le général de Gaulle mis en examen ?” a-t-il déclaré, faisant référence aux affaires judiciaires concernant l’ancien chef de l’Etat. Attaquer Nicolas Sarkozy, une stratégie efficace ? Elle semble risquée, vu le bilan que François Fillon partage avec son rival.

2012 : le coup manqué ?

François Fillon aurait-il mal géré l’après-Sarkozy ? Peu après sa sortie de Matignon, l’ancien Premier ministre bénéficiait d’une relative cote de popularité auprès des Français. Selon une étude de Kantar TNS, 44% des Français interrogés souhaitaient, en octobre 2012, que François Fillon joue “un rôle important au cours des mois et années à venir”. Quatre ans plus tard, ils sont seulement 23% des Français à partager cet avis.

La bataille entre l’ancien Premier ministre et Jean-François Copé pour la présidence de l’UMP, fin 2012, n’y est peut-être pas pour rien. Le soir de l’élection, le 18 novembre 2012, les deux candidats à la présidence du parti revendiquent la victoire. S’engage alors une guerre ouverte entre les deux rivaux qui divisera profondément l’UMP. La crise durera un mois. 

Fin 2012, François Fillon et Jean-François Copé trouvent finalement un accord pour une nouvelle élection au sein de l’UMP. L’ancien Premier ministre voit sa cote de popularité chuter, et prévient qu’il ne se représentera “probablement pas”. En un mois, celui qui pensait prendre la tête du parti est tombé de haut. Quatre ans plus tard, l’épisode marque encore les esprits. François Fillon pourra-t-il rattraper ce coup manqué lors de la primaire ? Réponse dans un mois...

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