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A quoi ressemblerait la France de François Fillon ?

Dans tous les domaines, François Fillon affiche une ligne clairement conservatrice. 

Article rédigé par Sophie Brunn
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6 min
François Fillon, à Paris le 13 mars 2017 (CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP)

Rarement un candidat aura à ce point annoncé la couleur. S'il est élu président de la République, François Fillon, qui a décidé de maintenir sa candidature malgré sa mise en examen le 14 mars, ne promet pas du rêve, mais plutôt des mesures rigoureuses dans plusieurs domaines. Objectif de son programme : "casser la baraque", dit le candidat. A quoi ressemblerait la France de François Fillon ? Franceinfo résume les principales propositions avancées par le candidat de la droite, présentées dès sa candidature à la primaire et qu'il a précisées lundi 13 mars. 

Sur l'économie, un pays plus libéral, limite "thatchérien"

Un programme 100% libéral sur le plan économique : voilà ce que propose François Fillon, qui dans la primaire est allé plus loin que tous ses adversaires sur ce sujet. L'ancien Premier ministre confie régulièrement son admiration pour Margaret Thatcher. Quoi de plus explicite que cet hommage à la "Dame de fer" pour faire comprendre les intentions de François Fillon ?

Dans le détail, le candidat de la droite défend la suppression de 500 000 postes de fonctionnaires, prône l'augmentation du temps de travail, et souhaite faire baisser la dépense publique de 100 milliards d'euros en cinq ans. Son objectif ? Atteindre l'équilibre budgétaire à la fin de son quinquennat.

Il entend également augmenter le taux principal de la TVA, qui passera alors de 20 à 22%. Les taux réduit et intermédiaire resteront inchangés. Ces recettes supplémentaires permettront de "financer une baisse des charges patronales sur l'ensemble des salaires", selon Les Echos. Car François Fillon compte alléger les charges des entreprises de 40 milliards d'euros, mais aussi celles des salariés en supprimant la cotisation salariale maladie. Il promet "un forfait" de 350 euros par salarié, soit 700 euros pour un couple.

Côté impôts, François Fillon propose de supprimer l'ISF "dès 2018", de réduire progressivement l'impôt sur les sociétés, d'augmenter l'avantage fiscal du quotient familial. Il entend également revenir sur le prélèvement à la source de l'impôt sur le revenu qui doit se mettre en place en 2018. 

Sur les questions sociales, un grand coup de balai

Finies les aides sociales que l'on peut cumuler, François Fillon promet de créer "une allocation sociale unique" qui remplacerait le RSA, les allocations logement, la prime d'activité... Son montant maximal "sera strictement plafonné afin que les revenus du travail soient toujours supérieurs à ceux de l’assistance", explique le candidat de la droite. Et son versement sera conditionné à la recherche active d'un emploi ou le suivi d'une formation, sous peine de voir l'allocation diminuée voire suspendue. 

Pour les chômeurs, les règles de l'assurance-chômage seraient modifiées, rendant les allocations dégressives et obligeant les demandeurs d'emploi à motiver leur choix quand ils refusent un poste. 

Concernant les retraites, le candidat de la droite entend aller plus loin que les réformes qu'il avait lui même conduites lorsqu'il était ministre des Affaires sociales puis Premier ministre. L'âge légal sera porté de 62 à 65 ans et les régimes spéciaux devront s'aligner sur le régime général. 

Sur les sujets de société, des positions  conservatrices

Le candidat de la Manif pour tous : c'est l'une des étiquettes revendiquées par François Fillon, qui a régulièrement, dans ses meetings, donné la parole à Madeleine de Jessey, la porte-parole de Sens commun, courant des Républicains issu du mouvement anti mariage pour tous. Concernant ce sujet, le député de Paris, catholique pratiquant, a reconnu qu'il ne l'abrogerait pas. Il a en revanche prévu de réécrire la loi Taubira en modifiant les règles de filiation pour fermer l'adoption plénière aux couples homosexuels. Opposé à l'extension de la procréation médicalement assistée pour les couples de femmes ou les femmes seules, le candidat veut aussi renforcer les sanctions pénales pour "le recours ou la promotion de la GPA" (gestation pour autrui). 

Concernant l'IVG, François Fillon a également tenu des propos qui font bondir les féministes : s'il a écrit dans son livre que l'avortement était "un droit fondamental", c'était "une erreur". Invité de "L'Emission politique" sur France 2 le 27 octobre, il a précisé être opposé "à titre personnel" à l'IVG, tout en ajoutant que personne, et certainement pas lui, ne reviendra sur ce droit. Dernièrement, il a promis "d'abroger" l'extension du délit d'entrave à l'IVG s'il accède à l'Élysée, estimant dans un entretien à Famille chrétienne que le texte, qui a reçu jeudi le feu vert du Conseil constitutionnel, ne lui "convient pas".

Sur les questions de justice, le candidat de la droite entend durcir la politique pénale, notamment avec l'abaissement de la majorité pénale à 16 ans et le rétablissement des peines planchers. Pour cela, il compte créer "16 000 places de prison en séparant les primo délinquants des autres détenus" et renforcer les moyens humains (300 postes) et budgétaires de la justice, en les augmentant de 1,5 milliard d'euros "d’ici la fin du quinquennat". 

Sur l'identité et l'immigration, une opposition au multiculturalisme et l'instauration de quotas

Sur les questions d'identité, François Fillon a adopté une position extrêmement ferme dans la campagne de la primaire, qu'il n'a pas quittée ensuite. Lors du dernier débat du 24 novembre, à la question de savoir si l'avenir de la France était d'être une société multiculturelle, François Fillon a clairement répondu par la négative : "C'est une revendication extrêmement forte, profonde au fond de l'âme française que de conserver nos repères, nos valeurs, une forme d'identité, naturellement qui a évolué, dans un monde qui est un monde ouvert, mais qui ne doit pas disparaître". 

Cette vision de la France se traduit aussi dans les propositions de François Fillon pour l'éducation. Objectif : enseigner le récit national à l'école : "Le récit national, c'est une histoire faite d'hommes et de femmes, de héros, de symboles, de lieux, de monuments, d'événements qui trouvent un sens et une signification dans l'édification progressive de notre nation", écrit François Fillon dans une tribune au Figaro le 31 août dernier. Une vision combattue par de nombreux historiens, comme Nicolas Offenstadt qui dénonce une "négation de l'Histoire comme discipline scolaire" opérée par "la droite décomplexée".

Concernant l'immigration, François Fillon a promis d'instaurer des quotas d'immigration et à "inscrire ce principe dans la Constitution". L'objectif serait de plafonner le nombre de titres de séjour délivrés chaque année, "en fonction des capacités d'accueil de la France et des capacités d'intégration des demandeurs". Mais ce n'est pas tout, le candidat de la droite entend durcir les exigences du regroupement familial, remplacer l'aide médicale d'Etat destinée aux étrangers sans papiers par une "dispense d'avance des frais de santé limitée à certains cas", et réserver les allocations famililales et les aides au logement aux étrangers "qui résident régulièrement en France depuis plus de 2 ans"

En politique étrangère, un pays plus proche de Vladimir Poutine

En matière de politique étrangère, François Fillon prône une ligne bien différente de celle suivie aujourd'hui par la diplomatie française. C'est le cas en particulier sur la Syrie : l'ancien Premier ministre souhaite une alliance avec Poutine, qu'il connaît bien et qu'il apprécie depuis son passage à Matignon, afin de combattre le groupe Etat islamique et le "totalitarisme islamique". Quitte à s'allier provisoirement avec Bachar Al-Assad, une option rejetée par presque tous les dirigeants politiques français, à l'exception de Marine Le Pen.

Sur les institutions, un "code de bonne conduite pour les ministres"

Doit-on y voir un lien avec les affaires qui empoisonnent sa campagne ? François Fillon a proposé, lors de la présentation officielle de son programme, d'instaurer un "code de bonne conduite" pour les membres de son gouvernement. Ce texte devrait garantir "la prévention des conflits d'intérêts et la bonne utilisation des moyens publics". 

Le candidat de la droite, mis en examen dans l'enquête sur les emplois présumés fictifs de son épouse et ses enfants comme collaborateurs parlementaires, propose également de rendre obligatoire la "publication des liens de parenté entre les parlementaires et les collaborateurs". Il entend aussi "inciter les assemblées à réformer et à améliorer les mécanismes de contrôle de déontologie mis en place dans chacune d’elles." 

Enfin, il entend conserver la loi sur le non-cumul des mandats et promet de proposer un référendum sur la réduction du nombre de parlementaires, "à environ 400 députés et 200 sénateurs".

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