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Les déclarations et les initiatives se multiplient à l'approche du remaniement annoncé depuis mars par Nicolas Sarkozy

Dernier rebondissement, l'intervention de François Fillon mercredi, qualifié d''élément de clarification" par le secrétaire général de l'Elysée. Est-ce la fin du suspense ? Le choix n'est "pas tranché" précise Claude Guéant, dans le Figaro de vendredi.Pendant ce temps, les députés s'impatientent. L'opposition dénonce et ironise.
Article rédigé par Catherine Rougerie
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 6 min
Le Premier ministre François Fillon sort de Matignon, le 01 octobre 2007. (AFP - Joel Saget)

Dernier rebondissement, l'intervention de François Fillon mercredi, qualifié d''élément de clarification" par le secrétaire général de l'Elysée. Est-ce la fin du suspense ? Le choix n'est "pas tranché" précise Claude Guéant, dans le Figaro de vendredi.

Pendant ce temps, les députés s'impatientent. L'opposition dénonce et ironise.

Des atouts de Fillon...

Principaux arguments qui plaident en faveur de l'actuel locataire de Matignon, il rassure l'électorat de droite et peut compter sur le soutien des parlementaires. Nicolas Sarkozy étant déterminé à continuer de réformer jusqu'à la fin de son mandat, autant dire que François Fillon ne manque pas d'attraits surtout si l'on y ajoute sa côte de popularité (voir dans les derniers sondages dans l'encadré).

Cela explique-il qu'à l'approche de l'échéance, ses partisans se fassent moins discrets ? Ou est-ce l'effet de son discours de mercredi en faveur d'une "politique de continuité" et affirmant son souhait de rester à Matignon ? Toujours est-il que plusieurs membres du gouvernement affichent leur préférence.

"En ce qui me concerne, je suis plutôt pour que Fillon reste à Matignon" déclare le secrétaire d'Etat aux transports, Dominique Bussereau. Idem pour Nadine Morano : "Fillon est un excellent premier ministre. Si j'ai besoin de lui parler, il me rappelle dans la journée ou l'heure qui suit. C'est quelqu'un d'accessible et de fiable" souligne la secrétaire d'Etat à la Famille.

Même le discret Luc Chatel ne fait pas plus mystère de son choix. "Quand le cap est bon et qu'il est tenu, il n'y a pas de besoin de tournant" a-t-il déclaré dimanche soir sur France 5.

... aux points forts de Borloo

L'actuel ministre de l'environnement a lui aussi des arguments à faire valoir. A commencer par sa "fibre sociale" qu'il ne manque pas de rappeler à chacune de ses interventions. Un "orfèvre en matière sociale" a souligné Claude Guéant, l'un des plus proches conseillers du chef de l'Etat.

Outre cet appui de poids, M. Borloo peut compter sur le soutien de la famille centriste, élus comme membres du gouvernement.

"Moi, je tiens (M. Borloo) pour quelqu'un de travailleur, un vrai réformateur", quelqu'un de "très novateur" et "je considère qu'il a lui aussi cette aptitude à exercer cette mission importante", a jugé le secrétaire d'Etat à la Justice et président de la Gauche moderne, Jean-Marie Bockel, jeudi sur Canal Plus.

"C'est quelqu'un d'extrêmement structuré qui a une expérience, une expertise sur toutes les questions qui sont au coeur des préoccupations de notre pays aujourd'hui", a souligné de son côté la secrétaire d'Etat Valérie Létard (Nouveau centre). "Que François Fillon soit candidat à sa succession, c'est tout à fait légitime. Maintenant, je pense que Jean-Louis Borloo a d'autres qualités qui correspondent à d'autres inflexions. Après, c'est au président de la République de trancher", a-t-elle conclu.

...en passant par les qualités des outsiders

Le duel ne se résume pas aux deux hommes. A la fin de l'été, Michèle Alliot-Marie et Brice Hortefeux étaient régulièrement cités. C'est moins vrai aujourd'hui.

En revanche, Luc Chatel, Bruno Le Maire, et surtout François Baroin sont toujours évoqués pour Matignon... mais moins fréquemment que les deux favoris.

Bref le suspense perdure d'autant que Nicolas Sarkozy a relancé les spéculations en rendant hommage jeudi à Jean-Louis Borloo et à son ministre du Budget François Baroin lors d'un déplacement dans l'Aube : " Mes remerciements pour la qualité de son travail au budget où il bénéficie de ma totale confiance" a déclaré Nicolas Sarkozy."Il sait combien je compte sur lui.".

Autant d'éloges qui commencent à lasser une partie des ténors de la majorité.

Les députés s'agacent

"Qu'on en sorte!", s'est écrié Lionnel Luca (UMP) dans les couloirs de l'Assemblée, estimant que "les députés sont fatigués d'attendre". "Qu'on ait un Premier ministre, le même ou un autre, peu importe", ajoute-t-il, interrogé sur ses préférences. "De toute façon, ce sera un effet d'image qui va durer 48 heures et après tout le monde s'en fichera éperdument", dit-il.

Le sénateur Alain Gournac (UMP) ne cache pas non plus on irritation. "Ce remaniement a été annoncé trop tôt et maintenant on dit 'c'est Pierre, c'est Paul'. Le président dit ça, alors ça signifie 'plutôt untel ou untel'", regrette-t-il. Pour lui, ces spéculations journalières polluent l'action. "Vous avez contact avec un ministre, vous vous dites 'est-ce que ce que je fais est valable, est-ce qu'il va être là demain'. Après, il faut recommencer les démarches et ainsi de suite", estime-t-il encore.

Et l'opposition ironise

Invité vendredi sur LCI, le secrétaire national du PCF Pierre Laurent a estimé qu'il n'y avait "rien à attendre du remaniement", la question étant juste de savoir "dans quel ordre les gens vont être installés sur la photo derrière François Fillon, Borloo, Baroin". "Tout le monde le sait déjà, on va repartir quasiment avec les mêmes", a insisté le numéro un communiste.

Plus sévère, Cécile Duflot, secrétaire nationale des Verts, a comparé jeudi le remaniement gouvernemental à "Santa Barbara", la série télévisée fleuve américaine des années 1980.

Quant au PS, l'offensive a été lancée par Laurent Fabius fin octobre. Jean-Louis Borloo, "il a fait quoi? Il s'est occupé de l'emploi, de la ville, je crois, au moment des émeutes de 2005, c'est ça ? Il a été trois semaines ministre de l'Economie et des Finances, le temps pour lui de dire qu'il était pour la TVA sociale... Et depuis deux ans, trois ans, il s'occupe des transports, de l'essence et de l'écologie, au point que M. le Président de la République vient de dire: l'écologie ça suffit", a raillé l'ancien Premier ministre sur France Inter.

La Première secrétaire du parti socialiste a résumé la situation : "On connaît déjà le Premier ministre, ce sera Nicolas Sarkozy".

Tout ça pour ça...

François Fillon a toujours la cote

Deux sondages confirment la popularité du Premier ministre.

L'un, réalisé par TNS-Sofres, annonce une hausse de quatre points de sa cote de confiance à 38%, tandis que celle du président Nicolas Sarkozy stagne à 26%. Dans ce même sondage, Jean-Louis Borloo arrive en 5e position au nombre des personnalités que les sondés souhaitent voir jouer un rôle important dans les mois et les années à venir.

* Sondage effectué du 29 octobre au 2 novembre auprès de 1.000 personnes âgées de 18 ans et plus, pour le Figaro magazine

Un second effectué par Harris Interactive confirme le souhait des Français de le voir rester à Matignon : 47% des Français privilégient son maintien (65% chez les sympathisants de droite).

Les sondés dans leur ensemble sont 22% à plébisciter Jean-Louis Borloo, 18% la ministre de la Justice Alliot-Marie, 6% le ministre du Budget François Baroin, 5% le président du groupe UMP à l'Assemblée nationale Jean-François Copé et 2% le ministre de l'Agriculture Bruno Le Maire.

Chez les sympathisants de droite, 16% optent pour Michèle Alliot-Marie et 9% seulement privilégient Jean-Louis Borloo.

* Sondage effectué en ligne le 4 novembre, auprès de 725 personnes âgées de 15 ans et plus, pour la chaîne parlementaire-Assemblée nationale

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