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La presse est critique sur le premier grand discours de campagne du candidat Nicolas Sarkozy

Lors de son premier grand meeting à Marseille, dimanche 19 février, Nicolas Sarkozy s'est en est pris durement à son rival socialiste et s'est présenté comme le candidat du peuple "contre les élites". Une posture que la presse a plutôt critiquée.
Article rédigé par Catherine Rougerie
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
La presse revient sur le discours de Nicolas Sarkozy, le 20 février 2012. (CR)

Lors de son premier grand meeting à Marseille, dimanche 19 février, Nicolas Sarkozy s'est en est pris durement à son rival socialiste et s'est présenté comme le candidat du peuple "contre les élites". Une posture que la presse a plutôt critiquée.

Dans la cité phocéenne, et pour son premier grand oral de campagne, le candidat, Nicolas Sarkozy, n'a pas ménagé ses critiques à l'égard de son adversaire socialiste, François Hollande.

Poursuivant son offensive contre les "corps intermédiaires" entamée lors du discours à Annecy, jeudi, le président sortant a beaucoup parlé de la France et tenté de se placer au-dessus des partis. Objectif : tenter de renouer le lien avec les Français dont une majorité s'est détournée de lui.

Mais globalement pour la presse, et à l'exception du Figaro, la ficelle est un peu grosse.

Faire oublier son propre quinquennat

"Ce sera le grand enjeu de la campagne de Nicolas Sarkozy : faire croire, en dépit du Fouquet's, du yacht, du bouclier fiscal, des amis milliardaires, de la baisse toute récente de l'impôt sur la fortune, qu'il est du 'peuple'", estime Nicolas Demorand dans Libération.

Pour lui, il s'agit de "faire oublier que la droite, depuis dix ans, a tous les pouvoirs pour régler les problèmes qu'elle feint de découvrir à deux mois de la présidentielle."

Dans L'Humanité, Jean-Paul Piérot est sur la même ligne : "Ce serait si simple pour un président candidat,(...) s'il avait face à lui un peuple sans mémoire. Des électeurs qui auraient oublié que le prétendu 'candidat du peuple' ne fut que le président du people, qu'il fut moins le président de l'action que le président des actionnaires".

Patrice Carmouze dans L'Eclair des Pyrénées pense aussi que tout l'effort de Sarkozy "consiste en gros, à faire oublier qu'il a présidé la France depuis cinq ans".

"Le costume électoral du chef de l'Etat sortant atteint le comble du paradoxal. Nicolas Sarkozy prétend sans vergogne effacer son propre quinquennat en accusant les élites de l'avoir empêché d'exercer pleinement ses prérogatives de Chef de l'Etat", s'amuse Dominique Garraud de La Charente Libre.

Durcissement et appauvrissement du discours

Tant pis pour ceux qui attendaient le programme regrette l'éditorialiste de Paris-Normandie Michel Lépinay. "On attendait un affrontement de programmes anti-crises, plus ou moins libéraux, ou plutôt sociaux-démocrates, et l'on nous projette la guerre entre la France et l'anti-France, les républicains et leurs ennemis!", regrette-t-il.

Pour Pascal Jalabert, du Progrès, "les "désamoureux" peuvent aussi interpréter cette position d'un Président en riposte comme une esquive du bilan et du programme."

Dans la Croix, François Ernenwein regrette la bipolarisation du débat et exhorte à la prudence "d'autant plus nécessaire que cette logique binaire porte une part de risques. Elle s'accompagne notamment d'un appauvrissement des discours."

Une situation exceptionnelle qui impose des révisions draconiennes

Pour Paul-Henri du Limbert du Figaro, "Nicolas Sarkozy n'est pas le général de Gaulle" écrit-il mais "à Marseille, le président de la République n'a pas mis un képi sur la tête ni n'a endossé un uniforme, il a simplement proposé une vision exigeante du pays et cité le général de Gaulle."

"Qu'a-t-il dit et que dira-t-il pendant cet campagne, poursuit-il. Que la situation exige des révisions draconiennes et qu'il faudra bien changer nombre de nos habitudes. Qu'il n'est pas interdit de penser que le peuple peut avoir raison et que les élites peuvent avoir tort", ajoute l'éditorialiste, apparemment convaincu par les multiples références gaulliennes du président sortant.

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