Reportage Election européennes : pour des électeurs de LFI, la stratégie du parti sur la Palestine "n'est pas forcément un très bon calcul"

Jean-Luc Mélenchon et la juriste Rima Hassan participaient mercredi à un meeting dans le Nord. Le conflit au Proche-Orient a dominé la soirée, une stratégie qui divise l'électorat à gauche.
Article rédigé par Elie Abergel
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Jean-Luc Mélenchon, le 14 décembre 2023. (DAVID BRUNET / MAXPPP)

La France insoumise (LFI) était en meeting mercredi 17 avril à Roubaix (Nord), avec Jean-Luc Mélenchon et la juriste d'origine palestinienne Rima Hassan, quelques heures après l'annulation par l'Université de Lille de la conférence de LFI sur Gaza prévue dans ses murs jeudi. La conférence se tient finalement ailleurs à Lille jeudi soir. Le conflit au Proche-Orient a été longuement abordé au meeting. Les insoumis font de la Palestine la clef de voûte de leur stratégie électorale.

Quelques mots de Jean-Luc Mélenchon, et la salle se lève comme un seul homme. "Cessez-le-feu ! Arrêtez, cessez, ça suffit, les gens ont assez souffert !", lance l'ancien candidat à la présidentielle. Des drapeaux palestiniens sont brandis dans les premiers rangs. Mustapha Lougrada fait partie de ceux qui appellent au cessez-le-feu. "Il y a des enfants qui meurent tous les jours, et je pense que c'est aussi le rôle d'un mouvement comme La France insoumise de dénoncer et d'alerter l'opinion publique sur ce qui se passe à Gaza." 

"Moi je n’ai pas peur de le dire, c'est un génocide."

Mustapha Lougrada, sympathisant de LFI

à franceinfo

Des accusations de génocide partagées par Riad, 17 ans, avec son pin's aux couleurs de la Palestine au revers de sa veste. "On a l'impression dans le monde médiatique qu'il y a un deux poids, deux mesures, lâche-t-il. Avec l'Ukraine, oui on est tous là, mais pour Gaza, ce n'est pas grave." Le jeune homme soutient la stratégie des insoumis de faire de Gaza un thème de campagne pour ces élections. "Quand la majorité des pays européens ne reconnaissent pas la Palestine comme un État, oui c'est un problème."

Des anciens sympathisants refroidis

Comme Riad, les militants et sympathisants présents au meeting de Roubaix sont tous convaincus que Gaza est un problème européen. Mais ce positionnement des insoumis sur la Palestine rebute certains électeurs de Jean-Luc Mélenchon en 2022. "Qu'est-ce que ça leur coûtait de dire : 'Oui, le Hamas, ce sont des intégristes et des terroristes' ? C'est clair, net et précis", estime Serge, qui n'a pas digéré la réaction de LFI après l'attaque du Hamas contre Israël. Serge va voter communiste aux européennes.

"Là, on est complètement en dehors du jeu. C'est un choix qu'ils ont fait, ce n'est pas juste une sortie de route."

Serge, ancien électeur de Jean-Luc Mélenchon

à franceinfo

Valentin ne votera pas LFI non plus le 9 juin, malgré son bulletin Jean Luc Mélenchon à la dernière présidentielle. Il se dit dérouté par la stratégie pro-palestinienne des insoumis. "Le point de vue est clivant, juge-t-il. Je pense que ce n'est pas forcément un très bon calcul. Je ne peux pas m'empêcher de me dire que c'est dans une logique électorale : chercher des voix dans les minorités qui sont le plus susceptibles d'être pro-palestiniennes."

L'état-major insoumis assume d'ailleurs chercher un sursaut de participation dans les quartiers populaires en portant la question palestinienne. Un récent sondage Radio France donne la tête de liste Manon Aubry à 7%. Et selon une étude de la Fondation Jean-Jaurès, seulement un tiers des électeurs de Jean-Luc Mélenchon en 2022 envisage de voter pour LFI aux européennes.

La position pro-palestinienne de LFI fait débat : reportage d'Elie Abergel

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